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Satan à St Mary le bow

Satan à St Mary le bow

Titel: Satan à St Mary le bow
Autoren: Paul C. Doherty
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    INTRODUCTION
    Un vent coupant et impitoyable s’était levé juste après la tombée de la nuit. Faisant frémir et se rider les eaux noires de la Tamise, il s’abattait sur les embarcations à quai qui se balançaient et tiraient sur leurs amarres. Les corps à moitié pourris de trois écumeurs du fleuve se tordaient et tournaient au vent tandis que grinçait le gibet. Musique macabre pour danseurs funèbres. Le vent s’engouffrait dans les ruelles et les venelles défoncées de la cité, gelant boue et ordures et repoussant dans l’obscurité les prédateurs humains à l’affût du passant assez malchanceux pour être encore dehors par cette sinistre nuit noire. Sombre et solitaire, l’église St Mary-le-Bow {6} livrait au vent sa brique travaillée et son bois sculpté. Le cimetière autour n’était que chuchotements et bruissements de feuilles et de branches, négligemment dispersées par le vent qui secouait et ployait les pauvres croix de bois. À l’intérieur de l’église, il faisait froid et sombre. Le vent rabattit un vantail mal fermé, puis continua à jouer son étrange mélopée lointaine dans les fentes et les fissures de la maçonnerie qui s’effritait. L’endroit était désert et silencieux si l’on exceptait le trottinement pressé d’un rat et le lent goutte-à-goutte de la pluie se faufilant par le toit et s’écoulant le long du mur couvert de moisissure jusqu’à sa base souillée par une tache verdâtre. Dans le choeur, devant le maître-autel, un homme se tenait assis bien droit sur la Sainte Cathèdre. De ses mains douces et potelées, il agrippait le bois sculpté comme pour se convaincre qu’aussi longtemps qu’il resterait là, il bénéficierait du droit d’asile et serait protégé par toute la puissance, temporelle et spirituelle, de l’Église. De ses gros yeux protubérants, il fouillait les ténèbres à « leur » recherche en se demandant s’« ils » viendraient. Il avait gravement péché en étant l’un d’«eux », il avait gravement péché en tuant l’un d’« eux » et « ils » ne lui pardonneraient pas. Dieu non plus. Les doigts de l’homme frôlèrent les lettres sculptées sur les bras de la cathèdre : Hic est terribilis locus  : voici le Lieu de Terreur, la Maison de Dieu où les Anges sont venus et ont adoré le Corps Immaculé du Christ. Pourtant, là aussi, il avait commis un péché des plus horribles, commis un acte abominable dans l’espoir d’atténuer sa terreur et son désespoir. Il repensa au poignard, ce poignard qui avait transpercé si facilement la gorge tendre de l’homme. Comme en rêve, il le revit s’enfoncer sans effort ni heurts, comme un couteau dans du beurre. Ce n’était pas ce qu’il avait voulu, mais c’était fait ; il était devenu un criminel fuyant la justice du roi et quelque chose d’autrement plus terrifiant. Il sursauta lorsque, au-dessus de lui, une chauve-souris ou un oiseau, bousculé par le vent, se cogna à l’une des grandes baies à vantaux. Levant les yeux, il scruta l’obscurité, mais en entendant un léger bruit au fond de l’église, il se retourna lentement, sentant les cheveux sur sa nuque se hérisser à la pensée horrible de ce que cela pouvait signifier. « Ils » étaient là, à la lueur tremblotante d’une torche. On les aurait dits surgis des ténèbres, avec capes et cagoules. « Ils » étaient là, groupe de noirs corbeaux maléfiques dans le cercle de lumière des torches, et ils commencèrent à avancer silencieusement vers lui. L’homme poussa un gémissement de terreur et se renfonça dans la cathèdre, indifférent au liquide tiède qui mouillait ses cuisses grassouillettes. Les mains agrippées au bois, la tête collée au dossier, il jetait des regards affolés autour de lui. Il y avait sûrement, pensa-t-il, un moyen d’échapper à l’enfer qui s’approchait. Il voulait s’enfuir, mais était incapable de bouger — le vin, peut-être ! Si seulement il n’avait pas les jambes ni les bras aussi lourds, il pourrait encore se soustraire à la terreur qui venait vers lui.

CHAPITRE PREMIER
    Édouard {7} , roi d’Angleterre et duc d’Aquitaine, était assis dans une petite pièce sobrement meublée de son palais de Westminster. Peu de gens le savaient de retour dans la capitale, car il venait juste d’arriver, répondant à l’appel pressant de son chancelier, Robert Burnell, évêque de Bath et de Wells. Épuisé par son voyage,
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