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Satan à St Mary le bow

Satan à St Mary le bow

Titel: Satan à St Mary le bow
Autoren: Paul C. Doherty
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radicaux ou « Populares » s’étaient emparés de la cité, déployant la bannière noire de l’anarchie. Ils avaient traqué et abattu ceux qui étaient restés fidèles à la Couronne. Même la mère d’Édouard, la reine Aliénor {12} , avait été attaquée alors qu’elle essayait de quitter la ville pour Windsor. Les « Populares » s’étaient embusqués au pont de Londres et avaient fait pleuvoir sur le cortège une pluie de pierres, de branches et de charognes décomposées, forçant la reine à trouver refuge dans la cathédrale St Paul. Édouard n’avait jamais pardonné à la cité cet affront envers sa « sainte » mère, et, de retour dans la capitale après la victoire d’Evesham, il avait instauré un règne de terreur avec son défilé habituel de mouchards, de tortures, de procès, de jugements sommaires et d’exécutions encore plus arbitraires. La cité avait dû renoncer à nombre de privilèges, chartes et concessions que lui avait accordés la Couronne au cours des siècles précédents. Édouard avait poursuivi sa vengeance de manière inébranlable et commençait seulement, presque vingt ans après Evesham, à desserrer son étreinte.
    Le chancelier avait observé Corbett qui réfléchissait à ses paroles. Burnell se félicita intérieurement et eut un petit sourire de satisfaction : il avait choisi l’individu qu’il fallait, un chien de chasse fait homme qui débusquerait la vérité, quelle qu’elle soit, et briserait ainsi l’esprit de révolte de la capitale. Le chancelier détestait le désordre et l’anarchie, et Londres était tout cela, et bien plus encore : un foyer bouillonnant et brûlant de ressentiment envers la politique et la justice royales, un terrain favorable aux mauvaises herbes de la rébellion qui y croissaient et se multipliaient. Il fallait les déraciner et Corbett l’y aiderait.
    — Eh bien ?
    Burnell eut un sourire aussi affable que possible, ses grosses lèvres découvrant une rangée de chicots pourris.
    — Eh bien, Messire Corbett, vous vous demandez sans doute quel est le rapport entre ce suicide et les obstacles rencontrés par le roi dans la gestion de cette cité ?
    Il attendit de croiser le regard profond et pensif du clerc pour poursuivre :
    — Vous savez que le roi a l’intention d’anéantir une fois pour toutes les éléments rebelles qui fermentent encore dans la cité. Le maire, Henry Le Waleys, a émis une série de décrets visant à mettre la capitale au pas. Le chancelier se mit à énumérer les dernières mesures en date : obligation pour les hostelleries de tenir des registres ; obligation pour les guildes et les commerces de fournir la liste de tous leurs membres âgés de plus de douze ans ; mise en place d’un nouveau système de garde dans chaque paroisse ; couvre-feu à la tombée de la nuit et, pour ceux qui l’enfreindraient, un séjour à la Tun, la nouvelle prison de Cornhill. Le chancelier s’interrompit et fixa Corbett. Le clerc gardait une attitude respectueuse, mais l’éclat de ses yeux sombres montrait bien qu’il n’était pas intimidé. Un doute traversa l’esprit de Burnell. Corbett était-il trop dur, trop entier ? Corbett, lui, ne se posait pas de questions. Il attendait que le chancelier veuille bien en venir au vif du sujet, sachant, en bon clerc, qu’à ce moment-là il aurait besoin de toutes ses facultés d’attention. Avec un petit grognement, le chancelier prit un gobelet de vin malté qu’il vida avant de se renfoncer sur son siège, plus à l’aise à présent que la boisson réchauffait ses entrailles et détendait son corps âgé raidi par le froid. Tenant le gobelet encore tiède entre ses mains, il se pencha par-dessus la table :
    — Je vous connais, Messire Corbett, avec votre air docile et votre regard attentif. Vous vous demandez quel rapport il y a entre un suicide et le roi, et, en règle générale, avec la politique embrouillée de cette cité. Et, continua-t-il, vous êtes trop poli pour demander quel rapport il y a avec vous, clerc à la Cour royale de justice.
    Il posa doucement le gobelet et poursuivit :
    — Vous n’êtes pas sans savoir que Montfort, pourtant mort depuis près de vingt ans, compte encore des partisans à Londres. Eh bien, Ralph Crepyn, l’homme tué par Duket, en était un. C’était un roturier. Le chancelier s’interrompit avec un sourire.
    — Sans offense aucune, Messire Corbett, mais Crepyn était né dans la rue, un
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