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Satan à St Mary le bow

Satan à St Mary le bow

Titel: Satan à St Mary le bow
Autoren: Paul C. Doherty
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l’heure, qui se consumait dans son tenon en fer sur l’un des bancs de la cour lui indiqua qu’il était trois heures de l’après-midi. Les plaideurs avec leurs piles de documents, les hommes de loi satisfaits ou mécontents, les gardes aux uniformes bariolés, les files de prisonniers enchaînés les uns aux autres que l’on allait emmener sous bonne escorte vers les prisons de la Tun, de Marshalsea ou de Newgate, toute cette foule commençait à se disperser.
    Se frayant un chemin, Corbett quitta le palais et arriva à la Tamise. Il se résolut à braver les intempéries et loua une barque dirigée par le passeur le plus laid qu’il eût jamais vu. Ce dernier tint absolument à le régaler du récit de ses exploits dans les bordels de la ville la nuit précédente. Finalement, transi de froid et trempé, la tête farcie de descriptions évocatrices concernant la vie amoureuse du batelier, Hugh atteignit le quai Queenshithe et se dirigea vers St Paul. La nuit tombait déjà. Pressés par le temps, les derniers vendeurs, marchands d’anguilles ou porteurs d’eau, essayaient de faire le plus d’affaires possible dans ce qu’il restait de journée. Les rues se vidaient. Les enfants étaient vigoureusement ramenés chez eux, les apprentis relevaient les étals et accrochaient les lanternes en corne, comme l’avaient ordonné les édits de Londres, afin que les rues fussent un peu éclairées la nuit. Corbett fut sensible à l’atmosphère pesante qui planait sur la ville et il se rappela ce qu’avait dit Burnell au sujet des vieilles querelles s’envenimant comme des plaies purulentes dans les sentes et venelles de la cité. Il acheta pour un penny une miche de pain dans la dernière fournée d’un boulanger et en avala des morceaux en remontant Fish Street, s’efforçant de contourner flaques et détritus et de ne pas respirer la puanteur des étals de poissons. Une charrette vide de charbonnier passa avec fracas, son conducteur aussi noir que le diable, apparemment satisfait de sa journée fructueuse. Se rencognant sous un porche pour le laisser passer, Corbett remarqua de l’autre côté de la rue une silhouette solitaire, les mains attachées au pilori, un poisson pourri se balançant à son cou. Un poissonnier un peu trop malin, pensa Corbett, que sa guilde ou les autorités municipales toujours sur le qui-vive avaient surpris en train de vendre des produits avariés et avaient ainsi livré à la vindicte publique et au ridicule.
    Corbett continua son chemin et tourna dans Cheapside, la grande voie qui traversait la cité d’est en ouest et qui était le coeur du commerce londonien. Les maisons, plus hautes et plus vastes, avaient deux ou trois étages. Les fenêtres s’ornaient de corne translucide, les murs en torchis étaient bien propres et les poutres et pignons aux couleurs vives arboraient, pour la plupart, les armoiries de la Guilde des orfèvres. Corbett s’arrêta à l’une de ces demeures et frappa à la lourde porte en bois. Il y eut un bruit de chaînes et de serrures et la porte s’entrebâilla sur ses solides gonds de cuir massifs. Un portier trapu, brandissant une torche grésillante de poix, lui demanda brutalement ce qu’il voulait. Le clerc se contint devant la grossièreté de l’homme, et dit qu’il désirait parler au marchand John de Guisars. Le portier s’apprêtait à lui claquer la porte au nez lorsqu’apparut un petit personnage corpulent, qui se haussa sur la pointe des pieds pour voir le visiteur.
    — Ça alors ! s’exclama-t-il en bousculant presque son serviteur. C’est Hugh Corbett. Venez-vous déposer de l’argent, Messire ?
    Hugh sourit au visage replet et grassouillet. Il aimait bien Guisars qui ne cherchait jamais à dissimuler sa cupidité.
    — Non, Messire orfèvre, répondit-il. Je suis venu vérifier votre gestion et retirer de l’argent.
    La déception de l’orfèvre fut presque comique. Il considérait Corbett comme un bon client qui déposait toujours de l’argent et en retirait rarement. Un homme mystérieux, en fait, pensa l’orfèvre en regardant les paupières tombantes, les traits sombres et émaciés. Le clerc avait de la fortune, mais vivait chichement dans une soupente de Thames Street. Le perspicace orfèvre décela bien un mystère chez son interlocuteur, mais il était trop poli pour questionner plus avant. Avec un soupir, il fit signe au clerc de le suivre dans l’obscurité de sa boutique et ordonna au cerbère à
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