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Satan à St Mary le bow

Satan à St Mary le bow

Titel: Satan à St Mary le bow
Autoren: Paul C. Doherty
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magie, être suspendue dans la brume. Ce matin-là, pourtant, il ne s’arrêta pas, mais se faufila parmi l’assistance de plus en plus nombreuse et pénétra sous les voûtes du grand hall du palais. Dans différents recoins et niches se tenaient les tribunaux royaux, chacun bien délimité par un cordon de gardes, les juges en toge rouge, les clercs sobrement vêtus et les avocats à robe noire rendant jugements et justice. C’était là et dans les salles et bâtiments attenants que résidait l’administration royale ; c’était là que travaillait d’ordinaire Corbett, mais, ce jour-là, il en irait tout autrement. Il attira l’attention d’un des clercs du chancelier et lui montra son ordre écrit ; on le conduisit alors dans une petite pièce où il mit immédiatement genou en terre en reconnaissant le chancelier, Robert Burnell, évêque de Bath et de Wells. Courtaud, emmitouflé dans une robe bordée d’hermine, Burnell rappelait à Hugh un angelot qu’il avait vu dans un tableau appartenant à un riche négociant de la cité. Pourtant il n’y avait rien d’angélique dans le crâne chauve et massif ou le nez crochu au-dessus des lèvres fines et du menton volontaire ; quant aux petits yeux durs comme des agates, ils ressemblaient à ceux d’un chien de chasse. Ces yeux prirent leur temps pour étudier Hugh avant qu’une voix grave, étonnamment douce, le priât de se relever et de s’asseoir sur un siège qu’un clerc, constamment houspillé, avait apporté avant d’être cavalièrement congédié. Après le départ du clerc qui referma la porte derrière lui, Burnell se leva et fouilla dans les documents éparpillés sur la table. Finalement, avec un petit grognement de satisfaction, il en extirpa un de la pile, l’enroula et le lança à Hugh.
    — Lisez-le, ordonna-t-il. Lisez-le maintenant ! Hugh hocha la tête et déroula le parchemin dont il remarqua tout de suite la mauvaise qualité et les mots gribouillés d’une écriture maladroite qui n’était certainement pas celle d’un clerc formé à la Chancellerie royale. On y avait rapporté la conclusion d’une enquête de coroner faite à Cheapside à l’église St Mary-le-Bow :
    Verdict de Roger Padgett, coroner, appelé à l’église St Mary-le-Bow le 14 janvier 1284 au matin pour examiner, en la présence de témoins de la paroisse, le corps de Lawrence Duket, orfèvre. Il a été établi que ledit Lawrence Duket, ayant assassiné Ralph Crepyn à Cheapside, avait cherché asile à l’église, auprès de la Sainte Cathèdre. Il a été également établi que ledit Lawrence Duket, par peur de ce qu’il avait fait, avait mis fin à ses jours en se pendant à une barre près de la fenêtre du choeur dans ladite église. Le coroner a conclu que ledit Lawrence Duket s’était suicidé et devait donc être traité en conséquence. Laissant tomber le parchemin sur ses genoux, Corbett regarda le chancelier du roi.
    — Ainsi, un homme s’est suicidé, Monseigneur ! Quel rapport cela a-t-il avec moi ?
    Le chancelier grommela et déplaça sa masse imposante comme si les coussins rembourrés sur lesquels il était assis ne protégeaient pas assez son auguste et douillet postérieur.
    — Un suicide ? demanda-t-il. Ou un assassinat ? Duket, continua-t-il sans attendre la réponse, était orfèvre et négociant en vins. Il appartenait à une bonne famille et avait des amis influents. C’était aussi un loyal sujet du roi : il avait pris parti pour lui lors des récents troubles.
    S’interrompant, il fixa Corbett qui savait fort bien ce qu’il entendait par « récents troubles ».
    En 1258, près de trente ans auparavant, avait éclaté la guerre civile entre Simon de Montfort, comte de Leicester, et Henri III, le père du roi actuel. À vrai dire, le prince Édouard s’était d’abord ligué avec les rebelles contre son père avant de s’interroger sur la logique qu’il y avait à défendre une cause qui menaçait son propre avenir, à savoir son accession au trône d’Angleterre. Édouard s’était donc rallié à son père, et, après un conflit long et sanglant, les rebelles avaient été écrasés à la bataille d’Evesham en août 1265, le corps de Montfort mis en pièces comme s’il avait été un chien enragé.
    La colère d’Édouard s’était alors déchaînée sur Londres qui avait pris le parti de Montfort et s’était déclarée commune libre et république indépendante de la Couronne. Les
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