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Satan à St Mary le bow

Satan à St Mary le bow

Titel: Satan à St Mary le bow
Autoren: Paul C. Doherty
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devant la tente même du roi, engagé dans une lutte acharnée avec un groupe de Gallois, dont les corps enduits de graisse se pressaient contre la ligne des gardes assemblés en hâte pour arrêter leur avance. Il avait tenu bon, il avait résisté dans la boue, frappant d’estoc et de taille et criant des insultes jusqu’à s’enrouer. Ce n’est que lorsque les Gallois furent finalement repoussés qu’il s’aperçut que son bras gauche n’était qu’une plaie béante. Bien sûr, le roi avait su montrer sa reconnaissance. Édouard n’oubliait jamais un bienfait ni un tort. Les blessures de Hugh furent pansées par un médecin du roi et, de retour à Londres, il ne fut guère surpris de découvrir qu’on l’avait promu clerc à la Cour royale de justice. C’est là que, depuis, il travaillait à rédiger des contrats et à noter les conclusions de la cour, presque indifférent à la misère humaine révélée par ces procès-verbaux. Mais pas aujourd’hui. Aujourd’hui serait différent. À cette pensée, il se vêtit rapidement tout en regardant dehors par une fente du vantail pour deviner l’heure qu’il pouvait être. Les cloches d’une église voisine appelant à la messe l’avaient réveillé. Son rendez-vous était fixé à midi et il pensait avoir deux heures devant lui pour s’y rendre bien que le trajet fût certainement rendu plus malaisé par l’épais brouillard. Il acheva de s’habiller et attacha sa ceinture d’où pendaient une petite bourse et le long fourreau de son poignard ; ayant pris une chaude cape en laine dans l’unique coffre de la pièce, il sortit de la chambre et s’engagea dans le long et tortueux escalier en bois. A mi-chemin, il se rappela qu’il n’avait pas fermé la porte à clef ; il faillit retourner sur ses pas, mais haussa les épaules. Un malheureux grenier jonché de paille, un simple lit et un coffre en bois presque vide, voilà qui ne tenterait guère un voleur, fût-il aux abois ! Il descendit et, une fois arrivé en bas, il sortit dans la rue.
    La brume s’élevait encore en nappes épaisses au-dessus des charrettes bringuebalantes. Hugh remonta Thames Street en ayant soin de marcher au milieu de la rue, loin des fenêtres des maisons à encorbellements d’où les servantes jetaient ordures et saletés de la nuit pour que les fassent disparaître boueurs et animaux errants. Les édiles de la cité avaient condamné de telles pratiques et même appointé des surveillants pour punir d’une amende les coupables et tuer tout animal fouillant les détritus. S’enveloppant plus étroitement dans sa cape, Hugh prit conscience que ces édits avaient été ignorés durant la récente révolte. L’époque était dangereuse, même en plein jour, et, sous la cape, la main de Hugh reposait sur le long poignard gallois pendu à sa ceinture. Le désordre régnait, des coupe-jarrets, des bandes de malandrins infestaient les rues, et plus d’une fois on sonnait l’alarme ou on criait haro sur un larron dans le vain espoir de l’appréhender. Certains endroits, tels que l’enceinte et le cimetière de St Paul, échappant virtuellement à la loi, étaient devenus le sanctuaire de tout ce que la capitale comptait de truands, de criminels et de voleurs. Au moment où Hugh sortait de Queenshithe, la cité s’éveillait. On voyait apparaître pour mener leur commerce florissant, marchands d’anguilles, charbonniers, porteurs d’eau et nombreux mendiants au regard fouineur. Les étals des échoppes étaient rabattus, négociants et boutiquiers, bien emmitouflés, commençaient à héler les chalands. Les ignorant, Corbett se fraya un chemin jusqu’à la berge balayée par le vent glacial. Au point d’amarrage le plus proche, il loua les services d’un passeur pour affronter jusqu’au palais de Westminster les eaux agitées de la Tamise envahie par la brume. Le parcours fut des plus pénibles. Le temps d’arriver à destination, il regrettait presque de ne pas avoir fait le trajet à pied. Il gravit les marches du quai, traversa un chemin défoncé pour atteindre l’allée principale menant au palais de Westminster aux pignons imposants et à l’abbaye {11} aux murs, bâtiments et jardins majestueux. Cela faisait des années qu’il parcourait ce trajet, mais chaque fois il avait le souffle coupé par la beauté audacieuse des piliers, des arcs et des tours de l’église abbatiale, masse de pierre merveilleusement taillée qui semblait, comme par
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