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Satan à St Mary le bow

Satan à St Mary le bow

Titel: Satan à St Mary le bow
Autoren: Paul C. Doherty
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au moins, il serait en sécurité, mais les assassins avaient frappé. Un ermite chrétien avait demandé audience ; l’esprit ailleurs, Édouard avait fait signe qu’il la lui accordait. Couvert de vermine, le dos cassé, comme beaucoup de ses semblables, l’homme était entré sous la tente et s’était glissé dans un recoin sombre — Édouard se souvenait : il l’avait vu sortir quelque chose de sa manche et n’avait réagi que lorsque le poignard acéré s’était approché de son coeur. Édouard avait fait un bond de côté en criant : « Trahison ! » Ses gardes s’étaient rués à l’intérieur et avaient abattu l’homme, mais le poignard empoisonné était resté fiché dans son bras. Sans Aliénor qui avait fait saigner la blessure et sucé elle-même le poison, ce dernier aurait atteint le coeur.
    Édouard se leva et se versa un gobelet de vin. Aliénor ! Il aurait dû être à ses côtés à présent, trouvant plaisir et chaleur auprès de sa peau veloutée et mate, au lieu de méditer sur le passé dans cette pièce vide. Il but lentement son vin. Si seulement le passé pouvait mourir et le laisser en paix ! Il avait tant à faire, mais Montfort et ses sociétés secrètes ne cessaient de s’acharner sur lui.
    — Retourne dans ta tombe, Simon ! siffla-t-il férocement, mais seules lui répondirent l’obscurité et la plainte incessante du vent.
    Édouard se leva et regarda à travers les vantaux. Sous les nappes de brume qui montaient du fleuve, sa capitale semblait paisible, mais Édouard n’était pas dupe. Les émules de Simon avec leurs sabbats, leurs constantes conspirations et leurs projets clandestins s’y rassemblaient pour comploter meurtre, trahison et rébellion. Des rats, qui s’affairaient dans les trous et les caniveaux de la cité, pensa Édouard, et ce qu’ils complotaient mûrissait comme un furoncle plein de pus. Ses espions le lui avaient confirmé. Tout semblait indiquer l’imminence d’une crise inévitable. Ils avaient déjà commencé à agir ; il y avait un lien, raisonna le roi, entre le suicide à St Mary-le-Bow et ces rebelles, et il était grand temps que Burnell, son vieux et sagace chancelier, débusquât ces traîtres et les anéantît. On frappa à la porte ; elle s’ouvrit et l’homme auquel pensait justement Édouard s’avança lourdement dans la pièce. Robert Burnell, évêque de Bath et de Wells, chancelier d’Angleterre, esquissa un salut des plus brefs et se hissa sur le seul siège de la pièce en essuyantson large visage rubicond avec la manche volumineuse de sa robe bordée de fourrure.
    — Que Dieu vous bénisse, Sire, dit-il d’une voix essoufflée. Je ne comprends pas pourquoi vous tenez tant à vous installer dans la plus haute pièce du palais, du château ou du manoir où vous demeurez.
    Édouard sourit affectueusement. Il y avait peu de place pour le protocole et les ronds de jambe entre son chancelier et lui. C’était de vieux amis unis contre de vieux ennemis. Il avait autant confiance en Burnell qu’en son bras droit. Malgré sa corpulence et son aspect suffisant, le chancelier faisait preuve d’une intelligence brillante, aiguë et subtile, que ce fût pour rédiger un document juridique ou pour traquer les ennemis du roi en Angleterre et à l’étranger.
    — Vous savez bien, Monseigneur, rétorqua le roi sur un ton sarcastique, pourquoi je choisis toujours la plus haute pièce. Il faudrait un assassin bien malin pour escalader ces murs ou pour passer près des gardes de l’étroit escalier. Vous avez appris quelque chose de votre espion ?
    Burnell fit signe que non.
    — Rien, répondit-il lentement. Et je pense que je n’en apprendrai jamais rien. Son corps a été repêché dans la Tamise ce matin. La gorge tranchée ! Édouard poussa un grognement d’exaspération.
    — Donc les conspirations continuent !
    — Oui, dit Burnell. Pourtant nous avons réussi à apprendre que se trament ici, dans la cité, des complots de trahison et de rébellion.
    — Et l’incident de St Mary-le-Bow en ferait partie ? demanda le roi.
    — Oui, murmura le Chancelier.
    — Comment votre agent a-t-il été découvert ? s’enquit Édouard.
    Burnell haussa les épaules.
    — Simple hypothèse de ma part, répondit-il lentement, mais je pense qu’ils ont un espion au coeur même de la Chancellerie !
    — Vous voulez dire ici ? s’exclama Édouard. Un clerc royal qui comploterait contre son roi avec les
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