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Satan à St Mary le bow

Satan à St Mary le bow

Titel: Satan à St Mary le bow
Autoren: Paul C. Doherty
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soigneusement la tache de sang qui s’était formée, tout en grommelant et en marmonnant. Elle se tourna vers La Cagoule.
    — L’homme que le roi a choisi, coassa-t-elle, est très dangereux. Si vous ne l’arrêtez pas, vous ne pourrez pas vous venger de la Maison des Plantagenêts. Le jour de la délivrance, si bien préparé, n’adviendra pas. Ce clerc doit mourir !
    Le chef écouta comme s’il pensait à autre chose, puis se pencha vers l’orateur à sa droite. Ce dernier, alors, s’adressa à l’assemblée :
    — Laissons ce clerc, quel qu’il soit, s’agiter dans son coin ! Ce n’est qu’un homme seul. Il y a beaucoup de pièges. Soyez tranquilles. Nous l’arrêterons.
    Sa voix se fit plus arrogante.
    — Le jour de la délivrance viendra. Nous débarrasserons le pays de tous ceux, rois, évêques, prêtres et autres, qui nous dictent leur loi. Soyez-en sûrs !
    Comprenant que la réunion était achevée, l’assemblée commença à se disperser, chacun saluant le chef masqué avant de quitter la pièce. Quand tous furent sortis, l’orateur se tourna vers La Cagoule et désigna la vieille sorcière qui était encore assise, comme en transe, sur le sol de terre battue.
    — Elle attend sa récompense, dit-il. Que faut-il lui donner ?
    — Elle a bien rempli son rôle ! lui murmura-t-on en réponse. Tranche-lui la gorge !

CHAPITRE II
    Assis au bord de sa paillasse, Hugh Corbett, clerc à la Cour royale de justice, était recroquevillé sous ses couvertures, son fin visage pâle, encadré d’une masse de cheveux noirs et raides, pincé et creusé sous l’action du froid. Ramenant les couvertures sur lui, il tendit ses doigts gourds vers un petit brasero dont les charbons rougeoyaient enfin, dissipant son haleine dans l’air glacial. Il était transi et répugnait à se laver avec l’eau tiède qu’un serviteur venait d’apporter dans une cuvette. Ses collègues le taquinaient souvent sur son obstination à se laver entièrement une fois par jour. Il haussa les épaules à cette pensée, rejeta les couvertures et, sans plus se soucier du froid, commença à se frotter avec un linge humide. Un médecin arabe, à qui il avait rendu service, lui avait dit un jour que c’était là un bon moyen de limiter les infections. Il s’arrêta de frotter et regarda le linge d’un air morne. Les infections ! Il se demanda ce qui aurait pu empêcher la peste de lui ravir son épouse et son enfant. Née d’une souffrance enfouie depuis longtemps, une douleur sourde le fit frissonner de tout son être, et il commença à se sécher vigoureusement. Son épouse et son enfant, aux visages rieurs, à la peau sans tache, resplendissants de force et de santé, transformés en un rien de temps en ombres puantes et vomissantes au corps entier couvert de bubons et de plaies purulentes... Ils étaient morts avant qu’il ne réalisât ce qui arrivait et ils gisaient à présent dans le paisible cimetière d’Alfriston, au Sussex. Cela faisait dix ans, bientôt dix ans, pensa-t-il, et la souffrance était toujours là. Il regarda son corps mince et musclé, couturé de cicatrices, souvenirs des guerres au service du roi Édouard au pays de Galles. Il s’étira et se tordit le bras pour examiner la longue balafre pourpre qui courait de l’épaule au poignet. Il l’avait reçue sept ans — ou peut-être huit ans ? — auparavant, il ne se souvenait plus exactement. Ce qu’il se rappelait, c’est que sa famille était morte et enterrée depuis bien longtemps. Il s’était porté volontaire pour servir dans la Maison du roi lors de l’expédition galloise, avec peut-être l’espoir que la mort qui l’avait manqué au temps de la peste finirait par le rejoindre là-bas. Il avait été mêlé au plus fort des combats lorsque, poursuivant les troupes de Llewelyn {10} , les armées d’Édouard remontaient à grand-peine les vallées perdues dans le brouillard et semées d’embûches du sud du pays de Galles, redoutant ces Gallois qui tiraient parti de sinistres fondrières et marécages pour décocher des flèches meurtrières et tendre des embuscades et qui, sauvages guerriers nus, surgissaient soudain, armés de longs couteaux de chasse redoutables, prêts à tuer traînards ou imprudents.
    Une nuit, ils avaient lancé une attaque-surprise sur le principal camp anglais, cherchant à atteindre le pavillon royal. Il avait fait partie de ceux qui les avaient arrêtés, se battant désespérément
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