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l'incendie de Rome

l'incendie de Rome

Titel: l'incendie de Rome
Autoren: Jean-François Nahmias
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connaissez ?
    — Très bien…
    Les soldats s’emparèrent brutalement des prisonniers pour les répartir en trois groupes. Lucius et Délia, qui ne s’étaient pas lâchés, se retrouvèrent dans le dernier, celui des torches vivantes. L’officier n’étant pas loin, Lucius resta contre sa compagne. Il lui murmura à l’oreille.
    — Nous n’aurons échangé qu’un seul baiser, le jour de ton baptême.
    — C’est plus beau ainsi, tu ne trouves pas ?
    — Je ne sais pas… Je ne regrette rien.
    L’officier s’éloigna. À présent, des esclaves apportaient les instruments et les ornements de leur supplice. Les condamnés aux bêtes furent enveloppés des pieds à la tête dans des dépouilles d’animaux, qui leur faisaient une sorte de manteau. Après quoi, on leur attacha les mains derrière le dos.
    Les condamnés à la croix furent déshabillés et revêtus seulement d’un pagne, de sorte que les femmes conservèrent les seins nus. L’organisateur des supplices, peut-être l’empereur en personne, avait dû faire ce choix pour plaire au peuple. Si les suppliciés avaient été tout nus, il aurait pu trouver cette vision obscène, tandis qu’ainsi, le spectacle gardait sa dignité, tout en ayant quelque chose d’affriolant.
    Ceux du groupe de Lucius et Délia, enfin, furent revêtus de la  tunica molesta , la « fâcheuse », la « méchante tunique », une robe de tissu grossier recouvert de résine et de poix, sur laquelle étaient collées diverses matières inflammables : de l’étoupe, du liège. L’un des soldats chargés de les habiller partit d’un grand rire.
    — Vous avez de la chance : ce soir, vous serez transformés en cendre. Tandis que ceux-là…
    Il montra le groupe des condamnés aux bêtes.
    — Ce sera en crottes de chien !
    Ses collègues s’esclaffèrent bruyamment. Celui qui liait les mains de Lucius dans le dos, après lui avoir mis sa tunique, riait tellement qu’il avait du mal à faire son nœud.
    Peu après, les uns et les autres sortirent du sous-sol et se retrouvèrent à l’air libre. Le supplice des chrétiens, comme tous ceux du même genre, commençait par le défilé des condamnés attachés les uns derrière les autres et exhibés au public. Normalement, ils portaient autour du cou une pancarte, sur laquelle était affiché le crime de chacun. Cette fois, ce n’était pas nécessaire : ils étaient tous accusés du même, avoir incendié Rome. Lucius allait devant Délia. Il le regrettait, il aurait aimé la voir, cela l’aurait réconforté. Il se consolait en se disant que c’était lui qui offrait ce réconfort à la jeune femme.
    Le cortège prit la direction du théâtre où allaient avoir lieu les premiers supplices. Ils étaient environ trois cents, répartis en groupes à peu près égaux, allant à la file. Les premiers étaient les plus extraordinaires. Les condamnés aux bêtes avaient l’air de sortir de quelque ménagerie. Les hommes portaient des dépouilles d’ours, de lion ou de tigre, les femmes, des peaux de panthère ou de lionne. Chacun avait sur la tête la gueule de l’animal et le tableau qu’ils formaient était saisissant. Allaient ensuite les futurs crucifiés, dont la partie féminine était censée exciter la populace. Fermant la marche, la masse noire des torches vivantes clôturait le défilé par une note sinistre. Ces silhouettes sombres ressemblaient à des spectres ; elles étaient l’image de la mort qui allait s’abattre tant de fois au cours de la journée.
    Mais, si les trois groupes étaient différents d’aspect, les condamnés étaient identiques par leur comportement. Ils marchaient d’un pas ferme, la tête haute. Ainsi que Paul le leur avait demandé, ils allaient témoigner de leur foi aux yeux de tous. Outre les soldats, ils étaient escortés de valets armés d’un fouet et ceux-ci les regardaient, stupéfaits. Ils n’avaient pas à intervenir : c’était la première fois !
    La tête du défilé arriva dans le théâtre, où le public l’attendait. Un filet avait été dressé autour de la scène pour protéger des bêtes sans gêner la vision. Les gradins étaient combles… Le spectacle des hommes et des femmes vêtus de peaux de bêtes déchaîna les bravos, celui des condamnées demi-nues déclencha, comme prévu, des rires égrillards, et puis, peu à peu, rires et
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