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l'incendie de Rome

l'incendie de Rome

Titel: l'incendie de Rome
Autoren: Jean-François Nahmias
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n’arriverait à rien. Il devait en être des chars comme du chant : il était moyennement doué et ses concurrents complaisants auraient beau ralentir pour le laisser gagner, le résultat serait médiocre.
    Pauvre Néron ! À l’instant ultime de sa vie, Lucius plaignait sincèrement celui qui avait vu le jour en même temps que lui. Lui aussi était une victime. Une mère monstrueuse l’avait mis là où il ne voulait pas être et ses efforts ressemblaient à ceux d’un insecte enfermé dans une pièce, qui se heurte aux murs jusqu’à épuisement. Le mécanisme qui allait le détruire était déjà en place, il s’appelait Caius Pison, et si celui-là ne fonctionnait pas, un autre finirait par avoir raison de lui.
    À présent, le public prenait ouvertement fait et cause pour les condamnés. Le même mot revenait, scandé par des milliers de poitrines :
    — Innocents ! Innocents !…
    L’empereur leva impatiemment la main. C’était le signal. Les porteurs de torches qui éclairaient les attelages les quittèrent. Lucius comprit qu’ils étaient aussi les bourreaux. Celui qui se dirigeait vers lui allait plus vite que les autres, il comprit aussi que c’était donc à lui qu’on allait mettre le feu en premier. Il était sur la ligne de départ, ce serait le signal de la course.
    Il tourna son regard vers Délia : elle était toujours en prières, la tête baissée. L’homme était tout contre lui, avec sa torche. Il l’approcha et la tunique s’embrasa. Il entendit alors un grand cri :
    — Lucius !
    Délia avait arrêté ses prières pour lui ! Délia l’aimait plus que son Dieu ! Il cria à son tour le nom de la jeune femme. Les flammes montèrent encore. Il était environné d’amour.

Épilogue
    Quelques jours plus tard, le dernier prisonnier chrétien, Pierre, fut exécuté à son tour. Lui aussi fut amené dans les jardins du Vatican, tout près du cirque tragique. Il avait été condamné à la croix, mais il demanda à être crucifié la tête en bas, par humilité envers Jésus. Cette requête lui fut accordée.
    Après sa mort, de courageux chrétiens – car tous n’avaient pas péri – allèrent chercher son corps pour l’enterrer sur le lieu de son supplice. L’emplacement de son tombeau est resté dans la mémoire de génération en génération et c’est là qu’on a élevé plus tard la basilique qui porte son nom. Quant au cirque où ont eu lieu les exécutions, il correspond à l’actuelle place Saint-Pierre et l’obélisque qui s’élève en son centre occupe l’emplacement d’une des bornes du terre-plein…
    Même si c’est de manière injuste, l’incendie de Rome a marqué la fin de la popularité de Néron et annoncé sa chute. L’année suivante, la conjuration de Caius Pison a réuni les personnes les plus proches de son entourage, dont Sénèque, qui reçut l’ordre de se suicider et, par la suite, les complots ne cessèrent plus. Pétrone, compromis dans l’un d’eux, dut lui aussi se suicider.
    Découragé, Néron partit pour la Grèce, afin de se livrer aux seules activités qui lui aient jamais plu : chanter et conduire les chars. Pendant dix-huit mois, il parcourut le pays, se produisant sur toutes les scènes, courant sur tous les hippodromes et laissant un affranchi gouverner à sa place. Perdu dans son rêve, il se désintéressa complètement des affaires publiques et resta sans réaction devant des événements aussi graves que la révolte de la Judée.
    Lorsqu’il se décida enfin à rentrer à Rome, il était trop tard. Début 68, le général Vindex souleva la Gaule contre lui. Face à cette terrible menace, Néron réagit à sa manière. Il imagina de donner un tour de chant dans toute la Gaule, persuadé de retourner par ce moyen les insurgés en sa faveur.
    Dès lors, son unique activité fut de faire confectionner les décors qui serviraient à son spectacle… Les événements s’accélérèrent. Galba souleva à son tour l’Espagne et Othon, le Portugal. Le 8 juin 68, Galba fut proclamé empereur et le lendemain, à l’âge de trente ans, celui qui n’avait jamais voulu être empereur se suicida en prononçant les mots restés célèbres : « Quel artiste meurt avec moi ! »
    Mais les revers de Néron ne s’arrêtèrent pas avec sa mort. Pour avoir méprisé le sénat et pour avoir été responsable de la première persécution
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