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l'incendie de Rome

l'incendie de Rome

Titel: l'incendie de Rome
Autoren: Jean-François Nahmias
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bravos cessèrent pour faire place à des exclamations de surprise.
    Qu’est-ce que cela voulait dire ? On avait l’habitude de voir de pauvres bougres, qu’ils soient assassins, voleurs ou esclaves en fuite, crier leur terreur et leur désespoir devant le sort qui les attendait. Ces chrétiens, au contraire, marchaient normalement, sans faiblesse, mais sans affectation non plus, comme s’ils se trouvaient dans n’importe quelle circonstance de la vie quotidienne. Ils leur souriaient et ils s’adressaient à eux ; ils leur parlaient de bonne nouvelle, de résurrection, de vie éternelle. Du coup, on en oublia les peaux de bêtes et les seins nus. Qui étaient ces gens ? Ce cortège, qui aurait dû être lamentable, devenait un défilé de héros. D’où venait la force qui habitait ces hommes et ces femmes de tous âges ? Étaient-ce vraiment eux, les odieux incendiaires responsables de leur malheur ?
    Lucius pénétra à son tour dans le théâtre. Il eut, un instant, le souvenir de la première fois où il était venu dans ces lieux : Tigellin, sur scène, dirigeait alors la claque installée sur les gradins. C’était si proche et si loin en même temps ! Il revint à la réalité pour faire une stupéfiante constatation : le public était muet ou presque. Malgré les circonstances, malgré la mort qui l’attendait, ses réflexes professionnels reprirent le dessus. Ce silence était plus éloquent que tous les discours. Le peuple ne croyait pas à la culpabilité de ceux qu’on lui désignait comme responsables ; pour lui, le seul auteur de l’incendie restait Néron.
    Néron !… Lucius se rendit compte qu’il arrivait devant la tribune impériale. Il détourna prestement la tête pour qu’on ne puisse pas l’apercevoir et continua à défiler de cette manière. Ainsi, il ne voyait plus le public, mais il l’entendait toujours. À présent, des cris éclataient un peu partout sur les gradins :
    — Ce ne sont pas eux !… Ils sont innocents !
    Le peuple n’en disait pas plus, à cause de la présence des nombreux soldats, mais il n’y avait aucun doute sur celui que visaient ses accusations… Comme pour faire diversion, peut-être sur un signe de l’empereur lui-même, les trompettes sonnèrent, annonçant le début des supplices. Les condamnés portant les peaux de bêtes furent conduits sur la scène, on referma les filets derrière eux et on lâcha les bêtes.
    Les autres condamnés assistaient eux aussi au spectacle ; voir la souffrance et la mort de leurs compagnons était une épreuve supplémentaire qui leur était infligée. Tous poussèrent un cri d’horreur : ce n’étaient pas des lions ou des tigres qui débouchaient des cages aménagées dans les coulisses, mais d’énormes molosses. Lucius comprit alors pourquoi le soldat, tout à l’heure, avait parlé de chiens. L’empereur avait fait preuve envers les malheureux d’une cruauté sans précédent. Alors que les fauves procurent une mort sanglante, mais rapide, ils allaient être déchirés peu à peu par les morsures et connaître une interminable agonie.
    Malgré cela, les chrétiens s’agenouillèrent et commencèrent à subir sans faiblir leur martyre… Lucius détourna les yeux, pour les reporter sur le public. Il continuait à ne pas se comporter comme prévu. Au lieu d’applaudir et d’exprimer une joie féroce, il manifestait à la fois sa sympathie envers les condamnés et sa réprobation envers leurs bourreaux. Lucius put voir distinctement Néron, dans la tribune d’honneur, se retourner pour observer avec inquiétude ses réactions. Il devait, dès à présent, avoir perdu toute illusion : son stratagème avait échoué…
    Quand le dernier chrétien déguisé en bête fauve eut enfin expiré, ce qui prit une bonne partie de la journée, les corps furent enlevés et des croix dressées sur la scène. Le deuxième lot de condamnés fit son apparition, manifestant la même fermeté, le même mépris de la mort. Tous, au contraire, étaient visiblement fiers de périr comme le Seigneur. Mais il ne leur fut pas réservé de mourir de la même manière que lui. Les croix étaient plantées de manière anormalement basse et, peu après qu’ils eurent été cloués à leurs montants, de véritables fauves, cette fois, furent lâchés. Ils se jetèrent sur les suppliciés et les dévorèrent.
    Le tout
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