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l'incendie de Rome

l'incendie de Rome

Titel: l'incendie de Rome
Autoren: Jean-François Nahmias
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l’occupait tout entier : Délia.

13
Les premiers témoins
    L’aube du deuxième jour d’août, le mois consacré à Auguste, venait tout juste de poindre, lorsque les soldats firent irruption dans la cellule qu’occupaient Paul et la douzaine de citoyens romains. Non seulement ils n’avaient pas été torturés, mais ils avaient été à peine interrogés. On leur avait juste demandé leur identité et s’ils reconnaissaient être chrétiens, ce qu’ils n’avaient pas cherché à nier, après quoi on les avait laissés tranquilles. Maintenant, le moment suprême était arrivé.
    Le même officier qui avait fait irruption lorsqu’ils étaient tous ensemble dans la cellule voûtée commandait le détachement. Il leur dit simplement :
    — Suivez-moi.
    Il s’était exprimé sans brutalité, presque avec respect. Même condamné à mort et sur le point d’être exécuté, un Romain restait un Romain… La petite troupe n’alla pas loin. Une fois passées les portes de la prison Mamertine, elle descendit la rue qui gravissait le Capitole et s’arrêta au début de la montée, juste devant le Forum.
    C’était là que le bourreau les attendait, une épée à la main. Paul et ses compagnons allaient être décapités, le mode d’exécution le plus digne, après le suicide sur ordre ; les autres supplices, comme les bêtes ou la croix, étaient considérés comme infamants et ne pouvaient en aucun cas être appliqués à un citoyen.
    Paul demanda à passer le premier. Il se tourna vers le soleil levant, s’agenouilla, tendit le cou et prononça :
    — Père, je remets mon esprit entre Tes mains.
    Sa tête roula d’un seul coup sur le sol. À sa suite, tous les autres moururent avec le même calme et le même courage. Ils étaient les premiers martyrs, pour reprendre ce mot grec qu’avait employé Paul et qui signifiait « témoin ». Ils étaient les premiers témoins de leur foi, pour leurs contemporains et les générations futures.
     
    Lucius se félicitait que les chrétiens aient été transférés dans le sous-sol de la villa vaticane. S’ils étaient restés à la prison Mamertine, il n’aurait rien pu entreprendre, tandis qu’au Vatican il connaissait parfaitement les lieux et il pouvait s’y déplacer sans attirer l’attention. Il avait mis son plan au point. Il s’agissait de desceller l’un des soupiraux et de s’introduire dans le sous-sol. Après quoi, il irait trouver Délia et tenterait de la convaincre de s’enfuir avec lui. Avec la confusion qui régnait lors de ces journées agitées, ils parviendraient à quitter Rome sans se faire remarquer. Où iraient-ils après ? Il serait toujours temps d’aviser.
    Dans les jardins du Vatican, les chantiers ne manquaient pas, notamment en raison des transformations qu’on venait de faire à la hâte pour les supplices : il n’eut aucun mal à s’emparer d’un marteau et d’un ciseau à froid. Il attendit la nuit pour se mettre au travail et, se dissimulant de son mieux, entreprit d’attaquer la maçonnerie. Il pensait arriver assez rapidement à ses fins, mais il dut déchanter. Il était obligé de s’arrêter fréquemment en raison des nombreuses rondes. De plus, pour ne pas donner l’éveil, il s’abstenait de frapper trop fort, ce qui retardait son travail. Les heures se succédèrent ainsi et il commença à voir avec terreur le ciel blanchir. Il décida alors de prendre tous les risques, quitte à se faire découvrir. Il donna des coups vigoureux de son marteau et, cette fois, les barreaux se mirent à chanceler. Il les agrippa à pleines mains et les secoua de toutes ses forces. Il se retint de pousser un cri de victoire : ils venaient de céder d’un coup.
    Tout à son effort, il avait négligé de s’intéresser à ce qui se passait derrière lui, notamment à son marteau qu’il avait posé sur le sol. Il entendit un sifflement dans son dos. Instinctivement, il baissa la tête, ce qui ne l’empêcha pas de ressentir une violente douleur à la nuque et de sombrer dans un brouillard noir.
    Il reprit conscience presque aussitôt. Le fait de se pencher en avant et d’accompagner le coup lui avait évité d’être assommé. Il ouvrit les yeux : un homme était agenouillé près de lui. Ce n’était pas un soldat, comme on aurait pu le croire, mais un civil ; il était en train de l’examiner, se demandant s’il était
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