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l'incendie de Rome

l'incendie de Rome

Titel: l'incendie de Rome
Autoren: Jean-François Nahmias
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sérénité… Merci d’être venu me dire tout cela, Lucius. J’étais si malheureuse ! Je vais pouvoir mourir en paix.
    — Mais je ne suis pas venu pour te parler. Je suis venu pour te faire évader.
    — Comment ?
    — Je connais le moyen de sortir d’ici. Nous allons fuir loin de Rome et nous vivrons heureux.
    La jeune femme secoua négativement la tête. Elle esquissa en même temps un sourire.
    — Moi aussi, j’aurais passé avec joie ma vie avec toi, mais Dieu en a décidé autrement. Il faut lui obéir.
    — C’est nous qui décidons, nous seuls !
    — Non…
    Elle lui désigna les prisonniers tout autour, qui étaient en train de se réveiller et de se lever. Ils allaient s’embrasser les uns les autres, s’exhortant mutuellement au courage.
    — Et eux, peux-tu les faire évader ?
    — Non, bien sûr. Tous, ce n’est pas possible, ils seraient repris.
    — Alors, crois-tu que je peux les abandonner ? Je suis chrétienne, Lucius…
    Il y eut, de nouveau, un silence. Sans se l’avouer, Lucius s’était attendu à cette réaction de Délia et il avait pensé à ce qu’il ferait dans ce cas. Le moment était donc venu. Il savait qu’il ne faiblirait pas.
    — Alors, je reste.
    — Tu es fou ?
    — Je reste avec vous. Je veux partager votre sort.
    — Mais nous allons mourir !
    — C’est ce que je veux. Je ne peux pas accepter la vie sans toi. Si tu meurs, je meurs aussi.
    — Cela n’a pas de sens ! Tu n’es pas baptisé. Tu n’as aucune raison de subir le martyre.
    — Alors, baptise-moi !
    — Qu’est-ce que tu dis ?
    — N’importe quel chrétien peut donner le baptême à un autre chrétien. Je le sais, c’est Paul qui me l’a dit.
    Lucius fit quelques pas et ramassa une écuelle, au fond de laquelle restait un peu d’eau qu’on avait distribuée parcimonieusement aux prisonniers. Il la lui tendit.
    — Baptise-moi !
    — Mais je ne peux pas…
    — Tu le peux. Baptise-moi !
    Les autres prisonniers avaient fini par entendre leur dialogue et, tout autour d’eux, on commençait à s’attrouper. Ceux qui faisaient partie de l’entourage de Paul et de Pierre avaient reconnu Lucius. Ils voyaient celui qui les avait trahis venir parmi eux pour demander le baptême. Ils ne comprenaient pas, mais il n’y avait rien à comprendre. C’était un miracle, la manifestation de la toute-puissance de Dieu, au moment où ils allaient paraître devant lui.
    Délia s’approcha de Lucius. Elle tremblait. À présent, tous les chrétiens étaient groupés autour d’eux. Elle prononça d’une voix hésitante :
    — Lucius, crois-tu que le Christ est le Seigneur ?
    — Je le crois.
    — Crois-tu qu’il ait ressuscité d’entre les morts ?
    — Je le crois.
    Il baissa la tête. Délia éleva l’écuelle et l’inclina trois fois au-dessus de son front.
    — Je te baptise, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
    La cérémonie était terminée. Comme lors du baptême de Délia, les autres chrétiens s’apprêtaient à aller embrasser Lucius pour l’accueillir parmi eux, mais ils n’en eurent pas le temps. À ce moment précis, les portes s’ouvrirent avec fracas, livrant le passage à une nuée de soldats. C’était l’heure !
    Lucius se passa la main sur la nuque. Il espérait qu’un peu de sang coulerait encore. Il s’en barbouillerait le visage, ce qui lui permettrait de dissimuler ses traits. Beaucoup le connaissaient ici. S’ils le voyaient, ils iraient rapporter la chose à Tigellin et à Néron, qui ordonnerait vraisemblablement qu’on le libère. Bien sûr, il refuserait, mais tout cela créerait des complications inutiles… Malheureusement, la plaie avait séché. Lucius se demanda ce qu’il devait faire, peut-être s’enduire de poussière, voire se blesser avec quelque chose. Mais il n’eut pas le temps de s’interroger davantage. L’officier qui commandait les opérations hurla ses ordres :
    — Séparez-les en trois : les bêtes à droite, les crucifiés au milieu, les torches à gauche.
    Tout en disant cela, l’homme s’approcha de lui. C’était un officier supérieur, un des proches de Tigellin. Lucius se jeta dans les bras de Délia et plaqua son visage contre le sien. Elle se méprit :
    — Lucius, je t’en prie, sois courageux…
    — Ce n’est pas cela. Il ne faut pas qu’il me voie.
    — Vous vous
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