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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand
Autoren: Valerio Manfredi
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Maintenant, je sais que je guérirai.
    — Bien sûr que tu guériras,
répondit Philippe. Te rappelles-tu le jour où tu as failli succomber après un
bain dans l’eau glacée ?
    — Comme si c’était hier.
    — Et le mot que t’avait envoyé
le pauvre Parménion ?
    — Oui. Il disait que tu étais
en train de m’empoisonner.
    — C’était la vérité, dit
Philippe en riant. Je t’administrais un poison qui aurait tué un éléphant, et
il n’avait aucun effet sur toi ! Tu te portais mieux qu’avant. Que veux-tu
donc que te fasse un peu de fièvre ? »
    Alexandre sourit. « Je ne te crois
pas, mais je suis heureux de te l’entendre dire. »
    Le lendemain, ses conditions
s’aggravèrent brusquement.
    « Sauve-le, iatré, suppliait
Roxane. Sauve-le, je t’en conjure. » Mais Philippe secouait la tête avec
impuissance tandis que Leptine, en larmes, mouillait le front du roi pour le
rafraîchir un peu.
    Le jour suivant, Alexandre ne
parvint pas à se lever, et sa fièvre monta démesurément. On le transporta sur
une civière au palais d’été, où il y avait un peu de fraîcheur dans la soirée.
Philippe le trempait dans de l’eau froide pour faire baisser sa température,
mais désormais, tous les soins se révélaient inutiles. Désespérée, Roxane ne
quittait pas son époux un instant : elle le couvrait de baisers et de
caresses. Ses compagnons le veillaient nuit et jour sans jamais prendre de
repos, sans même s’alimenter.
    Séleucos courut au sanctuaire du
dieu Marduk, le protecteur de la ville, le dieu guérisseur et demanda
l’autorisation aux prêtres de conduire Alexandre dans le temple, afin que le
dieu le guérisse. Mais les prêtres répondirent : « Le dieu ne veut
pas l’accueillir dans sa maison. »
    Inconsolable, il regagna le palais
royal et rapporta à ses compagnons et à Philippe l’issue de sa mission.
    « Tu aurais dû tuer ces
prêtres : s’ils ne savent pas guérir le roi, à quoi donc
servent-ils ? s’exclama Lysimaque.
    — Je suis persuadé qu’il s’en
tirera cette fois encore, dit Perdiccas. Ne vous inquiétez pas, il a surmonté
des épreuves bien plus graves. »
    Philippe lui lança un regard
mélancolique avant de pénétrer dans la chambre du roi. Alexandre demandait de
l’eau d’une voix à peine perceptible désormais.
    Le lendemain, il n’arrivait plus à
parler.
    La nouvelle de son état s’était
répandue parmi les soldats. Certains affirmaient même qu’il était déjà mort.
Ses hommes se présentèrent donc à l’entrée du palais et menacèrent la garde
d’enfoncer les portes si on leur en interdisait l’accès.
    « Je vais voir ce qui se
passe », dit Ptolémée, qui descendit au corps de garde.
    « Nous voulons savoir comment
se porte le roi ! », s’écria un vétéran.
    Ptolémée baissa la tête. « Le
roi se meurt, répondit-il. Si vous voulez le voir, montez l’un après l’autre,
mais en silence. Ne troublez pas son agonie. »
    Et les soldats montèrent l’un après
l’autre, gravissant l’escalier et parcourant les couloirs en silence, jusqu’à
la chambre du roi. Ils défilèrent devant son lit en pleurant et en le saluant
d’un geste de la main. Pour chacun d’eux, Alexandre eut un regard, un signe de
la tête ou un mouvement imperceptible des lèvres.
    Il vit ses soldats, les compagnons
de mille aventures, les hommes de fer qui avaient dompté le Nil, le Tigre,
l’Euphrate et l’Indus, il vit leurs visages creusés par le froid et brûlés par
la chaleur, il vit leurs joues velues trempées de larmes, puis, soudain, il ne
vit plus rien. Il entendit les pleurs désespérés de Roxane et les sanglots de
Leptine, ainsi que la voix de Ptolémée, qui disait : « C’est fini…
Alexandre est mort. »
    Il songea à sa mère, il songea à son
attente vaine et amère. Il eut l’impression de la voir, sur une tour du palais,
tandis qu’elle criait, pleurait, l’appelait désespérément :
« Alexandre, ne t’en va pas, reviens-moi, je t’en prie ! » Et
ces cris semblèrent le ramener un instant à la vie. Mais ces mots, ces cris et
ce visage s’évanouissaient maintenant, se perdaient dans le vent… Une plaine
immense, une prairie fleurie s’étendait devant lui, et il entendait un chien
aboyer. Ce n’était pourtant pas l’aboiement sombre de Cerbère ! C’était
Péritas ! Il courait vers lui, ivre de joie, comme le jour où son maître
était rentré d’exil. Et voilà
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