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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand
Autoren: Valerio Manfredi
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que vous êtes des
ingrats, parce que vous refusez de me comprendre, parce que… », commença à
crier Alexandre.
    Un vétéran à la barbe grise et aux
longs cheveux ébouriffés, qui était manchot, s’avança et le regarda droit dans
les yeux. « Parce que nous t’aimons, mon garçon », dit-il.
    Alexandre se mordit la lèvre,
comprenant qu’il n’allait pas tarder à pleurer comme un enfant, lui, le roi de
Macédoine, le Roi des Rois, le pharaon d’Égypte, le souverain de Babylone, à
pleurer comme un stupide gamin devant sa maudite soldatesque. Et il pleura. À
chaudes larmes, sans pudeur, sans même se couvrir le visage. Et quand il fut
enfin calmé, il répondit : « Moi aussi, je vous aime, bande de
salopards ! »
     

63
    Assis sur son trône rehaussé par une estrade, Alexandre regarda ses
soldats, qu’une sonnerie de trompette avait rassemblés. Il fit un signe à
Eumène, qui commença à lire :
    Alexandre, roi des Macédoniens et
chef panhellénique, décrète que :
    Les vétérans qui, au terme de la
visite médicale, seront déclarés inaptes au combat, retourneront chez eux avec
le général Cratère.
    Ils recevront un présent personnel
du roi afin qu’ils se souviennent de lui tout le temps que les dieux leur
permettront de vivre. Ils recevront également une couronne d’or qu’ils pourront
porter de droit à toutes les manifestations publiques, quand ils assisteront
aux concours athlétiques et aux représentations théâtrales. En de telles
occasions, ils devront s’asseoir aux premières places réservées et dans les
tribunes d’honneur.
    Il décrète, en outre, qu’un salaire
leur sera versé jusqu’à leur mort, et que les orphelins se verront octroyer
jusqu’à leur vingtième année la solde de leurs pères, tombés glorieusement sur
le champ de bataille.
    La garde macédonienne du roi est
rétablie dans ses fonctions. Les blessés légers ou les malades seront soignés
et réintégreront leurs rangs. Le roi leur laissera son médecin personnel,
Philippe, afin qu’il s’occupe d’eux. Il témoigne à tout le monde son affection
la plus profonde et sa reconnaissance. À jamais !
    On entendit alors un grondement, un
vacarme d’épées martelant les boucliers, des exclamations, des chants et des
cris d’exultation.
    Quatre jours plus tard, la colonne
menée par Cratère s’ébranla en direction de l’Euphrate et de la mer. Alexandre
garda les yeux fixés sur ses hommes jusqu’à ce que le dernier d’entre eux eût
disparu à l’horizon. « C’est un peu de moi-même qui part avec eux, dit-il.
    — Tu as raison, répliqua
Eumène, mais tu as promulgué un excellent décret. Tu peux être certain qu’ils
iront tous au théâtre, même ceux qui n’y ont jamais mis les pieds, pour ne pas
perdre l’occasion de s’asseoir aux places réservées de la première rangée, et
d’arborer en public la couronne d’or que tu leur as offerte.
    — Comment crois-tu que réagira
Antipatros ?
    — À l’annonce de son
remplacement par Cratère ? Je l’ignore. Il a toujours été loyal, il t’a
toujours fidèlement servi. Il éprouvera de l’amertume, c’est certain, mais rien
de plus. D’autre part, c’est le dernier rescapé de la vieille garde de ton
père. Et maintenant, que comptes-tu faire ?
    — Tu te souviens des
Uxiens ?
    — Comment pourrais-je oublier
ces sauvages !
    — Il existe, au nord du pays,
une tribu encore plus primitive, qui a appuyé toutes les tentatives de
restauration : les Cosséens. Je dois régler ce problème avant de retourner
à Ectabane, la dernière capitale, pour réaffirmer notre autorité, contrôler le
trésor royal, juger les gouverneurs et les satrapes corrompus. Nous marcherons
ensuite sur Babylone, la future capitale de l’empire.
    — Combien de temps cela nous
prendra-t-il, à ton avis ?
    — Deux, peut-être trois
mois. »
    Alexandre se trompait : tout le
printemps lui fut nécessaire pour soumettre les Cosséens, et il passa une
grande partie de l’été à Ectabane. Trois officiers supérieurs de l’armée
macédonienne, Héraclès, Méléagre et Aristonicos, furent condamnés pour
corruption, vol et sacrilège contre les sanctuaires perses, et aussitôt passés
par les armes. Le roi entendait démontrer ainsi qu’il traitait de la même façon
les Macédoniens et les Perses. D’ailleurs, les Perses qui avaient agi en
administrateurs corrompus – et ils étaient nombreux – furent
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