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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand
Autoren: Valerio Manfredi
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tandis
qu’elle reposait auprès de son époux, Philippe, roi des Macédoniens, qui s’était
repu de mets et de vin.
    Elle avait rêvé qu’un serpent
rampait lentement le long du couloir et entrait sans bruit dans la chambre.
Elle le voyait, mais ne pouvait bouger ; elle ne pouvait ni crier ni fuir.
Les anneaux du grand reptile glissaient sur le dallage de pierre, ses écailles
étincelaient de reflets de cuivre et de bronze sous les rayons de la lune qui
pénétraient par la fenêtre.
    Un instant, elle avait souhaité que
Philippe se réveille et l’étreigne, la réchauffe contre sa poitrine forte et musclée,
la caresse de ses grandes mains de guerrier, mais ses yeux s’étaient de nouveau
posés sur ce drakon, sur cet animal prodigieux qui se déplaçait comme un
fantôme, comme une créature magique, une de ces créatures que les dieux font
jaillir, selon leur bon plaisir, des viscères de la terre.
    Curieusement, elle n’avait plus peur
maintenant, elle n’éprouvait aucun dégoût ; au contraire, elle se sentait
de plus en plus attirée, et presque fascinée par ces mouvements sinueux, par
cette puissance gracieuse et silencieuse.
    Le serpent s’introduisit sous les
couvertures, s’insinua entre ses jambes, entre ses seins, et elle devina qu’il
l’avait prise – légèrement, froidement, sans la blesser ni la violenter.
    Elle rêva que sa semence s’était
mêlée à celle que son époux avait déjà fait jaillir en elle avec la force d’un
taureau et la fougue d’un verrat avant de s’effondrer, vaincu par le sommeil et
le vin.
    Le lendemain, le roi avait revêtu
son armure, mangé de la viande de sanglier et du fromage de brebis en compagnie
de ses généraux, puis il était parti pour la guerre. Une guerre contre un
peuple plus barbare que ses Macédoniens : les Triballes, qui s’habillaient
de peaux d’ours, portaient des bonnets de renard et vivaient le long des rives
de l’Istros, le plus grand fleuve d’Europe.
    Il s’était contenté de lui
dire : « N’oublie pas d’offrir des sacrifices aux dieux pendant tout
le temps que durera mon absence et couve-moi un garçon, un héritier qui me
ressemble. »
    Puis il était monté sur son cheval
bai et s’était élancé au galop avec ses généraux, faisant résonner la cour sous
les sabots des destriers et le fracas des armes.
    Après son départ, Olympias se
plongea dans un bain chaud. Tandis que ses servantes la massaient au moyen
d’éponges trempées dans des essences de jasmin et de roses de Piérie, elle
envoya chercher Artémisia, sa nourrice, une vieille femme de bonne famille aux
seins énormes et aux hanches étroites qu’elle avait amenée d’Épire lorsqu’elle
était venue en Macédoine pour épouser Philippe.
    Elle lui raconta son rêve et lui
demanda : « Quel en est le sens, ma bonne Artémisia ? »
    La nourrice l’aida à sortir du bain
chaud et commença de l’essuyer dans des toiles de lin égyptien.
    « Mon enfant, les rêves sont
toujours des messages des dieux, mais rares sont ceux qui savent les
déchiffrer. Je pense que tu devrais gagner le plus ancien de nos sanctuaires et
consulter l’oracle de Dodone, dans notre patrie, l’Épire. Là, les prêtres se
transmettent depuis des temps immémoriaux le savoir qui consiste à interpréter
la voix du grand Zeus, le père des dieux et des hommes. Celle-ci se manifeste
lorsque le vent se glisse à travers les branches des chênes millénaires du
sanctuaire, lorsqu’il fait susurrer leurs feuilles au printemps ou en été,
lorsqu’il les agite, une fois mortes, autour des souches, à l’automne et en
hiver. »
    Ainsi, quelques jours plus tard,
Olympias se mit en route vers le sanctuaire. Il se dressait dans un lieu
grandiose et majestueux, dans une vallée verdoyante qu’enserraient des collines
boisées.
    On disait de ce temple que c’était
l’un des plus vieux du monde. Deux colombes, posées sur la main de Zeus,
s’étaient envolées après qu’il avait pris le pouvoir en chassant son père,
Cronos ; l’une d’elles s’était posée sur un chêne de Dodone, et l’autre
sur un palmier de l’oasis de Siwah, dans les sables brûlants de la Libye.
Depuis lors, la voix du père des dieux résonnait dans ces deux endroits.
    « Que signifie mon
rêve ? », demanda Olympias aux prêtres du sanctuaire.
    Ils étaient assis en cercle sur des
sièges de pierre, au milieu d’un pré dont l’herbe, très verte, était semée
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