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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand
Autoren: Valerio Manfredi
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de
marguerites et de renoncules, et ils écoutaient le vent qui agitait les
feuilles des chênes. Ils semblaient en extase.
    L’un d’eux finit par déclarer :
« Il signifie que l’enfant que tu engendreras appartiendra à la lignée de
Zeus et à celle d’un homme mortel. Il signifie que le sang d’un dieu s’est mêlé
au sang d’un homme en ton sein.
    « Le fils auquel tu donneras le
jour resplendira d’une énergie extraordinaire. Mais à l’instar des flammes les
plus vives qui lèchent les parois de la lanterne et brûlent plus rapidement
l’huile qui les alimente, son âme pourrait consumer la poitrine qui la
renferme.
    « Rappelle-toi, reine,
l’histoire d’Achille, ancêtre de ta glorieuse famille : il eut le droit de
choisir entre une vie brève mais glorieuse, et une vie longue mais obscure. Il
opta pour la première, sacrifiant sa vie pour un instant de lumière aveuglante.
    — Est-ce un destin
établi ? interrogea Olympias en tremblant.
    — C’est un destin possible,
répondit un autre prêtre. Nombreuses sont les routes qui s’offrent à l’homme,
mais certains individus sont dotés, dès la naissance, d’une force différente,
qui leur vient des dieux et qui essaie de revenir aux dieux. Garde ce secret
dans ton cœur tant que la nature de ton enfant ne se sera pas pleinement
manifestée. Ensuite, sois prête à tout, même à le perdre, parce que quoi que tu
fasses, tu ne parviendras pas à empêcher son destin de s’accomplir et sa
renommée de s’étendre jusqu’aux confins du monde. »
    Il était encore en train de parler
quand la brise qui soufflait dans le feuillage des chênes se transforma soudain
en un vent du sud, violent et chaud, dont la force augmenta rapidement, au
point de fléchir la chevelure des arbres et d’obliger les prêtres à couvrir
leur tête de leur manteau.
    Le vent entraîna dans son sillage
une brume dense et rougeâtre qui assombrit bientôt toute la vallée. Olympias
s’enveloppa entièrement dans son manteau, elle aussi, et demeura immobile dans
la tourmente, comme la statue d’une déesse sans visage.
    Le tourbillon disparut comme il
était venu. Les statues, les stèles et les autels qui ornaient le lieu sacré
émergèrent de la brume, sous une fine couche de poussière rouge.
    Le prêtre qui avait parlé le dernier
y posa le bout de ses doigts, qu’il porta à ses lèvres. « Le souffle du
vent libyen, l’haleine de Zeus Ammon, dont l’oracle est situé parmi les
palmiers de Siwah, nous a envoyé cette poussière. C’est un prodige merveilleux,
un signe extraordinaire, car malgré l’immense distance qui les sépare, les deux
plus anciens oracles de la terre ont fait résonner leur voix au même moment.
Ton fils a entendu des appels lointains, et il en a peut-être compris le
message. Un jour, il les entendra à nouveau dans un grand sanctuaire, parmi les
sables du désert. »
    Après avoir écouté ces paroles, la
reine rentra à Pella, la capitale dont les rues étaient poussiéreuses en été et
boueuses en hiver, attendant avec crainte et angoisse le jour où son fils
naîtrait.
    Les douleurs de l’accouchement
s’annoncèrent un soir de printemps, après le coucher du soleil. Ses servantes
allumèrent des lampes à huile, et Artémisia, sa nourrice, fit appeler la
sage-femme et le médecin Nicomaque, qui avait jadis soigné le vieux roi Amyntas
et présidé à la naissance de nombreux rejetons royaux, aussi bien légitimes que
naturels.
    Nicomaque se tenait prêt, dans
l’attente de ce moment. Il passa un tablier, ordonna aux domestiques de
chauffer de l’eau et de lui apporter d’autres chandeliers pour qu’il ne risque
pas de manquer de lumière.
    Il laissa toutefois l’accoucheuse
s’approcher la première de la reine, parce qu’une femme préfère être touchée
par une de ses semblables au moment de donner le jour à son enfant : seule
une femme peut mesurer la douleur et la solitude dans lesquelles on engendre
une nouvelle vie.
    À cet instant précis, le roi
Philippe prenait d’assaut la ville de Potidée, et il n’aurait pour rien au
monde abandonné le champ de bataille.
    Ce fut un accouchement difficile et
long, parce que Olympias avait les hanches étroites et qu’elle était de santé
délicate.
    La nourrice lui essuyait le front,
luisant de sueur, en répétant : « Courage, mon enfant, pousse !
La vue de ton fils te consolera de tout le mal qu’il te faut supporter. »
    Elle lui mouillait
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