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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand
Autoren: Valerio Manfredi
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qu’un martèlement de sabots secouait la prairie,
voilà qu’un hennissement y résonnait. Oui, Bucéphale galopait vers lui, la
crinière au vent, il l’accueillait sur son dos, comme jadis à Miéza quand ils
s’étaient vus pour la première fois. Alexandre criait : « Vas-y,
Bucéphale ! » Et l’étalon s’élançait comme un Pégase ardent, en une
course effrénée vers l’horizon, vers la lumière infinie.
     

Epilogue
    « Ton corps était encore chaud quand nous commençâmes à nous
disputer ton héritage. Nous continuâmes à nous quereller pendant des années. Tu
n’étais plus là, et le rêve qui nous avait unis avait disparu avec toi. Leptine
voulut te suivre, et nous la trouvâmes agonisante au pied de ton lit, les
veines ouvertes. La reine mère Sisygambis se couvrit le visage d’un voile noir
et se laissa mourir d’inanition. Roxane décida de vivre afin que ton fils
puisse vivre aussi.
    « Perdiccas réalisa son rêve en
épousant Cléopâtre, mais il fut le premier à tomber dans la tentative de sauver
ton empire. Il mourut sur le champ de bataille contre mes armées. Pauvre
Perdiccas !
    « C’était étrange : nous
avions beau nous combattre durement en nouant et en dénouant nos alliances,
nous n’arrivions pas à nous haïr, nous restâmes même de bons amis pendant un
certain temps. Quelques années après ta mort, nous nous réunîmes tous à
Babylone pour signer un accord. Mais notre réunion dégénéra bientôt en rixe.
Soudain, Eumène surgit de derrière une porte et jeta sur ton trône vide ton
manteau et ton sceptre. Alors, comme par enchantement, notre querelle cessa,
nos voix s’apaisèrent, nos regards et nos visages devinrent pensifs. Tu étais
revenu un instant parmi nous, tu semblais nous être apparu par miracle.
    « Nous n’étions pas dignes de
toi, et pourtant nous essayions de t’imiter en tout : nous nous faisions
représenter dans la même pose que toi, la tête légèrement inclinée sur l’épaule
droite, les cheveux rabattus en arrière, même si les nôtres s’étaient raréfiés
avec le temps. Mais nous voulions seulement exploiter ton image. Nous n’avons
même pas eu le courage de sauver ta famille, détruite, anéantie sans pitié par
un alinéa au bas d’un traité de partition :
    « S’il devait arriver quelque
chose à l’enfant, la Macédoine reviendrait à… » Comme si nous le condamnions
à mort. Quelle horreur : ta femme, ta mère, ton fils, tous morts… La soif
de pouvoir nous avait desséché l’âme, elle nous avait transformés en monstres.
    « Bien vite, nous répudiâmes
tous les épouses perses que tu nous avais données, à l’exception de Séleucos,
qui aimait son Apama, et qui lui dédia de magnifiques cités.
    « Séleucos… Pendant quelque
temps, il fut le nouvel Alexandre, et il parvint presque à ressusciter ton
empire. À présent, il est vieux et malade. Nous avons combattu l’un contre
l’autre plusieurs fois ou, mieux, nos armées se sont affrontées à la frontière
de la Cœlé-Syrie, qu’un autre traité, un des nombreux traités, avait mal
définie, mais nous avons conservé de bons rapports, comme de vieux amis.
    « J’ignore comment il se porte
à présent, mais il doit, lui aussi, être proche de la fin. Quant à moi, j’ai
abandonné depuis plus de deux ans le sceptre et le royaume à mon fils, Ptolémée
II, pour écrire cette histoire. Mon seul mérite, mis à part le fait d’avoir su
renoncer spontanément au pouvoir avant que la mort ne m’y oblige, a été de te
ramener ici, dans ton Alexandrie, le seul lieu digne de toi. Oh, comme
j’aimerais que tu la voies ! Elle est belle, tu sais. C’est une ville
merveilleuse, une ville florissante, exactement comme tu en avais rêvé, t’en
souviens-tu ?
    « Nous étions alors des
enfants, et nos esprits brûlaient des rêves que tu incarnais devant nous. Nous
étions pareils à des dieux lorsque nous galopions à tes côtés, dans nos armures
étincelantes.
    « Je viens de terminer cette
histoire, qui sonne étrangement, comparée aux souvenirs que je conserve de ces
années. Pendant que j’écrivais, j’ai eu la curieuse impression que tout pouvait
revivre. J’entendais nos discours, nos conversations, les répliques vulgaires
de Léonnatos, te rappelles-tu ? Bien sûr, mon récit sera transcrit comme
il se doit, ce sera un bon texte, rédigé selon les règles que nos maîtres nous
enseignèrent à Pella et à Miéza.
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