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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand
Autoren: Valerio Manfredi
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prescrivait un régime.
    « Dans trois jours, si tout va
mieux, tu pourras avaler un peu de bouillon de poule. »
    Trois jours plus tard, en effet,
Héphestion allait mieux : sa fièvre avait baissé, même si elle était
encore forte, et son abdomen avait un peu désenflé. Ce jour-là, une course de
quadriges était inscrite au programme des réjouissances. Glaucos, qui aimait
beaucoup les chevaux, rendit visite à son patient. Le trouvant mieux, il lui
demanda l’autorisation de s’absenter quelques heures. « Général, il y a
aujourd’hui une course à laquelle je serais heureux d’assister. Si cela ne te
dérange pas, je m’y rendrais volontiers.
    — Tu peux y aller, répondit
Héphestion. Et amuse-toi bien.
    — Puis-je avoir l’esprit en
paix ? Te ménageras-tu ?
    — Sois tranquille, iatré. Après
ce que j’ai traversé en dix années de campagne, ce n’est pas une petite fièvre
de rien du tout qui va m’effrayer !
    — Quoi qu’il en soit, je serai
de retour en fin d’après-midi. »
    Après le départ de Glaucos,
Héphestion, qui ne supportait plus le jeûne et les purges, appela un
domestique. Il lui ordonna de lui préparer sur-le-champ deux poulets rôtis et
de les lui servir accompagnés de vin glacé.
    « Mais, maître…, tenta
d’objecter l’homme.
    — Vas-tu obéir, ou préfères-tu
que je te fasse fouetter ? », le tança Héphestion.
    N’ayant pas le choix, le domestique
s’exécuta : il fit cuire deux poulets et alla chercher du vin, conservé
dans de la neige pressée à la cave. Héphestion dévora les poulets en un clin
d’œil et avala une demi-amphore de vin glacé.
    Glaucos revint à la tombée du soir
et pénétra d’un air joyeux dans la chambre de son patient. « Comment se
porte notre valeureux guerrier ? », demanda-t-il. Son regard tomba
alors sur les os décharnés des poulets et sur l’amphore vide, qui avait roulé
dans un coin de la pièce. Il blêmit. Il se tourna lentement vers le lit.
Héphestion n’était pas parvenu à l’atteindre. Il gisait sur le sol. Mort.

64
    La nouvelle fut rapportée à Alexandre, qui se précipita aussitôt chez
son ami, en espérant qu’il s’agissait d’un malentendu. Eumène, Ptolémée,
Séleucos et Perdiccas étaient déjà sur place. Il comprit, à leurs visages et
leurs regards, qu’il n’y avait aucun espoir.
    On avait préparé le corps d’Héphestion,
on l’avait coiffé, rasé et revêtu d’un habit propre. Alexandre se jeta sur lui
en criant et en pleurant désespérément. Puis, après avoir épanché le plus gros
de sa douleur, il s’assit dans un coin, la tête entre les mains, et versa des
larmes en silence. Il demeura là toute la nuit et le lendemain. Ses amis, qui
veillaient de l’autre côté de la porte, l’entendaient gémir, émettre une
plainte sourde, et éclater parfois en sanglots inconsolables.
    Le lendemain, alors que le soleil se
couchait, ils décidèrent d’entrer.
    « Viens, dit Ptolémée. Viens,
allez. Nous ne pouvons plus rien faire pour lui, sinon préparer ses obsèques.
    — Non, laissez-moi, je ne peux
pas l’abandonner. Mon pauvre ami ! », hurlait le roi en proie au
désespoir.
    Mais ses compagnons l’obligèrent à
se lever et à quitter la pièce pour permettre aux fossoyeurs égyptiens,
promptement accourus, de préparer le corps.
    « C’est ma faute, c’est ma
faute, gémissait Alexandre. Si je n’avais pas laissé Philippe à Suse, il
l’aurait sauvé, et à l’heure qu’il est il serait vivant.
    — Hélas ! il y a eu une
négligence, c’est tout, dit Séleucos. Le médecin a quitté son chevet pour aller
aux courses et…
    — Qu’est-ce que tu as
dit ? demanda Alexandre d’un air bouleversé.
    — Hélas, il en est ainsi. Il
pensait peut-être qu’Héphestion ne courait aucun danger… Mais une fois seul,
celui-ci a mangé et bu d’une façon démesurée : trop de viande, du vin
glacé et…
    — Trouvez-le ! s’écria
Alexandre. Trouvez cette ordure, amenez-le ici immédiatement ! »
    Les gardes débusquèrent le pauvre
médecin dans la cave, où il s’était caché, et le traînèrent devant le roi. Pâle
comme un linge et secoué de tremblements nerveux, il tenta de marmonner
quelques excuses, mais Alexandre s’écria : « Tais-toi, maudit
médecin ! » Il lui assena un coup de poing si violent que le pauvre
homme s’écroula sur le sol, la lèvre fendue.
    « Passez-le par les armes
sur-le-champ ! »,
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