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C'était le XXe siècle T.1

C'était le XXe siècle T.1

Titel: C'était le XXe siècle T.1
Autoren: Alain Decaux
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de son garage, deux clous exactement semblables à l’un de ceux qui avaient servi à confectionner l’échelle. Un détail supplémentaire : après le rapt, un ciseau avait été trouvé dans le jardin des Lindbergh. Dans la boîte à outils d’Hauptmann, il ne manque qu’un outil. Un ciseau.
    Ce n’est pas tout. Dans un placard à vêtements de la chambre du petit Wolfram, le bébé Hauptmann, on met la main sur une planche amovible. Sur la face interne de cette planche, on trouve, noté au crayon, le numéro de téléphone du docteur Condon.
     
    Le procès s’ouvrit sous la neige le 2 janvier 1935, à Flemington dans le New Jersey. On s’était battu pour entrer dans la salle d’audience. Tous les journaux des États-Unis – et pas seulement ceux des États-Unis – avaient dépêché leurs meilleurs rédacteurs. Il y avait quatre ans moins deux mois que Charles Jr. avait été enlevé – et assassiné.
    Les temps forts du procès : l’entrée de Richard Hauptmann, athlétique, le visage dur, ses cheveux châtains gominés à la mode, vêtu sobrement d’un complet gris de bonne coupe, chemise et cravate bleues. Le regard qu’il porte sur le père du bébé assassiné – et qu’il détourne aussitôt. La volonté évidente de Charles Lindbergh de ne pas regarder celui qu’il tient pour le meurtrier de son fils.
    L’effort que l’on demande à Anne Lindbergh, si jeune dans son tailleur de soie noire, le visage si pâle sous le béret sombre, quand on lui présente les vêtements de l’enfant découvert par le camionneur – la chemise de flanelle, la chemise de laine, le doigtier, ainsi que le pyjama envoyé par le ravisseur.
    — Oui, ce sont bien ses vêtements.
    Le procureur . – Les cheveux de votre enfant étaient-ils bouclés ?
    Le silence de la salle, Anne qui ferme les yeux, qui crispe les mains sur le bois du fauteuil. Son murmure pour répondre :
    — Oui, ils étaient bouclés.
    Le témoignage du docteur Condon, racontant ses entrevues avec « John » et s’écriant tout à coup, le regard vrillé sur l’accusé :
    — John est Bru-no Ri-chard Haupt-mann !
    L’exhibition par l’accusation d’un carnet rouge appartenant à Hauptmann où certains mots étaient orthographiés très exactement comme ceux des lettres écrites par le ravisseur : boat , par exemple, écrit boad . Le mot singnature à la place de signature . Dans la première lettre, le ravisseur avait écrit :
    Indication for all letters are SINGNATURE and three holes   (50) .
    La même orthographe se retrouvait dans le carnet rouge.
    Autre temps fort : l’audition d’un expert financier produisant le résultat de ses analyses quant aux biens possédés par Hauptmann et prouvant d’abord que les spéculations boursières de l’accusé avaient abouti à une perte totale de 9 132,29 dollars. Prouvant ensuite que, le 2 avril 1932, les Hauptmann possédaient 4 941,40 dollars. Or, après le 2 avril 1932, ils ont dépensé 15 530,63 dollars. Si l’on déduit ces sorties d’argent de la somme possédée par Hauptmann lors de son arrestation – 14 600 dollars en pièces d’or, 16 942,75 dollars à son compte boursier, 9 073,25 dollars à son compte en banque, 3 750 dollars en obligations – on obtient 49 950,44 dollars. La rançon versée par Lindbergh n’était-elle pas de 50 000 dollars ?
    Un autre expert, graphologue celui-là : l’écriture des lettres à Lindbergh est, sans que nul puisse en douter, de la main d’Hauptmann. D’ailleurs, point n’est besoin d’être expert. Les agrandissements présentés au jury parlent d’eux-mêmes.
    La défense – le célèbre avocat Edward Reilly la conduit – va tenter de prouver que les coupables doivent être recherchés dans l’entourage des Lindbergh. Violett Sharp aurait pu être l’indicatrice du coup – pourquoi s’est-elle empoisonnée si vite ? À moins qu’on ne l’ait empoisonnée ? L’avocat rappelle que, peu de temps après le rapt, Oliver Whatley a été transporté à l’hôpital où il est mort. N’est-elle pas bien rapide, cette mort ? Et Betty Gow qu’aimait tant le fox-terrier des Lindbergh : n’est-il pas étonnant que l’animal n’ait pas aboyé ? Ne serait-ce pas parce que l’enfant a été emporté non par l’échelle, mais par l’escalier ? Par une personne que Charles Jr. connaissait particulièrement ?
    Là, Lindbergh bondit :
    — Je ne peux pas ne pas dire au tribunal que j’ai
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