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C'était le XXe siècle T.1

C'était le XXe siècle T.1

Titel: C'était le XXe siècle T.1
Autoren: Alain Decaux
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pour miss Betty Gow une telle estime, et ma femme aussi, que si elle le désire, nous la reprendrons dès aujourd’hui pour élever notre second fils.
    Alors Reilly tente de jeter la suspicion sur le docteur Condon mais Lindbergh a écrit au vieux professeur une lettre rendue publique le remerciant en termes chaleureux des efforts qu’il avait accomplis avec tant de générosité et de courage.
    La défense a-t-elle jeté un doute parmi les jurés et dans l’opinion ? Pas le moindre. Tout accable Hauptmann. Tout.
    La seule question qui demeurera troublante sera celle-ci : comment Hauptmann a-t-il su que le bébé serait ce soir-là à Hopewell ? Comment a-t-il eu si bien connaissance des lieux et des horaires de la maison ? N’aurait-il pas malgré tout disposé d’un informateur – ou d’une informatrice – chez les Lindbergh ?
    À moins qu’il ne se soit tout simplement renseigné dans la région. Les gens ne se cachaient pas d’être fiers de la présence de cette « vedette » sans égale qui s’appelait Lindbergh. Dans les bars du village, on parlait beaucoup de lui – et des siens. Des témoins ont affirmé avoir vu Hauptmann dans la région longtemps avant le rapt.
    Le 13 février, les jurés se retirent pour délibérer. Il leur faudra onze heures pour parvenir à une décision. Verdict affirmatif sur tous les points.
    Selon la terrifiante procédure américaine – née de la volonté de garantir à l’accusé tous les recours possibles, mais qui aboutit en fait à jouer avec sa vie – la défense déposera six pourvois successifs. Qui seront tous rejetés. La Cour des Pardons refuse de commuer la peine. Le gouverneur de l’État, sous la pression de la communauté germanique – il est lui-même d’origine allemande – va, la veille de l’exécution, fixée au 16 janvier 1936, accorder un sursis de trente jours. Quand il expire, le gouverneur accorde un nouveau sursis ! On annonce l’exécution pour le 30 mars. Ce jour-là, à quarante minutes de l’électrocution, encore un délai de grâce !
    Ce sera le dernier. Le 3 avril 1936, Hauptmann s’assied sur la chaise électrique. Quelques instants plus tôt, il avait juré à son avocat qu’il était innocent.
     
    Les années ont passé. Les Lindbergh ont eu d’autres enfants : cinq. Tous beaux, intelligents, fuyant cette banalité que haïssaient Charles et Anne, leurs parents.
    Après le procès Hauptmann, la vie en Amérique leur est devenue insupportable. Harcelés par les journalistes et les importuns, recevant des lettres de menace, les Lindbergh, craignant pour leurs autres enfants, se sont expatriés. Ils ont vécu en Angleterre, puis dans une petite île française, au large des côtes de Bretagne. Là, Lindbergh s’est associé avec l’illustre Alexis Carrel – souvenez-vous : l’Homme cet inconnu  – pour se livrer à des expériences de biologie, notamment sur la culture des organes. De nouveau, on parlait de Lindbergh : ce cœur qu’il faisait vivre, alors que le corps qui l’avait porté était en terre depuis longtemps, passionna l’opinion.
    Un peu plus tard, Lindbergh devait encore se manifester. À plusieurs reprises, il s’était rendu en Allemagne. Celle de Hitler. Il avait été reçu avec une telle chaleur, un enthousiasme qui paraissait si vrai qu’il en avait été touché – profondément.
    Dans son journal, il notait, à la date du 16 mars 1936 : « Je ne peux m’empêcher d’aimer les Allemands. Ils ressemblent à ceux de chez nous. Nous devrions collaborer avec eux et non croiser l’épée. Si nous nous battons, nos pays n’arriveront qu’à perdre leurs meilleurs hommes. Nous n’y gagnerons rien. Nous savons trop nous battre les uns les autres, bien que, pour le moment ils soient mieux équipés que nous. Cela ne doit pas arriver  (51) . »
    Quand, orgueilleusement, les Allemands lui montrent les derniers prototypes de leur aviation rénovée, il s’émerveille. Il y avait toujours eu beaucoup de naïveté chez Lindbergh. On le choya. Il visita les usines Heinkel, Junkers, Messerschmitt, Dornier, Zeppelin, vola sur des appareils mis à sa disposition, constata qu’ils étaient les meilleurs du monde – ce qui était vrai – et que des milliers d’exemplaires sortaient des chaînes. À la même époque, la France ne produisait que quarante-cinq appareils par mois, déjà surclassés par les modèles allemands : « encore plus bas, écrit Lindbergh, que je ne
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