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C'était le XXe siècle T.1

C'était le XXe siècle T.1

Titel: C'était le XXe siècle T.1
Autoren: Alain Decaux
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Condon,
    Nous avons confiance en vous, mais nous ne viendrons pas chez vous. C’est trop dangereux. Peut-être êtes-vous surveillé par la police.
    Suivez nos instructions. Rendez-vous en voiture à la dernière station de métro de Jerome Avenue. À une trentaine de mètres, sur votre gauche, vous verrez sous une grande voûte une vieille baraque abandonnée. Au milieu de la voûte, sous une pierre, vous trouverez un message. Ce message vous dira où nous trouver. Soyez à l’endroit indiqué trois quarts d’heure plus tard. Apportez l’argent.
     
    Condon n’a pas l’argent. Mais il n’hésite pas : il ira au rendez-vous. Son vieil ami, Al Reich, qui se trouve là, lui offre de l’accompagner en voiture. Il accepte. Au lieu dit, il trouve le message qui l’invite à se rendre près de la porte du cimetière voisin.
    Catégorique, Condon refuse que l’ami Al Reich l’accompagne plus loin. Le voilà seul près du portail du cimetière. Il est 21 h 30. Et soudain, dans la nuit froide, le docteur aperçoit un bras qui, à l’intérieur des grilles, agite un mouchoir. Condon s’approche, pénètre dans l’enceinte du parc mortuaire. L’homme est là, le visage dissimulé par un linge blanc. Sous le chapeau de feutre au bord rabattu, c’est à peine si le docteur distingue les yeux. L’homme parle. La même voix, le même accent.
    — Vous avez l’argent ?
    — Non. Il me faut voir le colis d’abord.
    Un bruit de pas, venant de l’intérieur du cimetière. L’homme sursaute. Il s’élance vers le portail, saute de l’autre côté, crie :
    — Vous aviez prévenu les flics !
    Condon crie que c’est faux, qu’il a tenu parole. Pour toute réponse, l’autre s’enfuit !
    Condon court derrière lui. Il s’époumone :
    — Revenez ! Revenez ! N’ayez pas peur !
    Il est solide, le vieux docteur. Il court sur les talons de l’autre qu’il finit par rejoindre dans un bosquet. Il lui agrippe le poignet :
    — Pourquoi vous enfuir ainsi !
    Silence de l’autre. Silence contraint, mécontent. Quand Condon l’invite à s’asseoir sur un banc, il y consent, mais de mauvais gré. Il parle de nouveau. Comme s’il s’adressait à lui-même :
    — Dangereux… Ça peut me coûter vingt ans…
    Un silence. Puis :
    — Ça peut me coûter la chaise électrique. Est-ce que j’y passerais si l’enfant était mort ?
    Condon sursaute, plante son regard dans celui de l’homme. Veut-il dire que l’enfant est mort ?
    — Mais non. Il est vivant. Et en parfaite santé en plus. Les parents n’ont pas besoin de se faire du souci.
    Un silence.
    — Et vous non plus.
    Condon se rassure. Il sort de sa poche les épingles de sûreté. Il lui demande s’il les a vues quelque part.
    — Oui, dans le berceau du bébé. Elles attachaient les couvertures au matelas.
    Quel aveu ! Pressé de questions, l’homme – qui dit se prénommer John – confiera être Scandinave et n’être que le porte-parole d’un homme très important « qui avait autrefois travaillé pour le gouvernement ». Condon demande s’il peut le rencontrer. Réponse :
    — C’est impossible.
    Condon le supplie d’abandonner l’affaire. L’autre lui répond qu’il n’y faut pas penser, qu’ils préparent le coup depuis un an. Condon lui demande où est l’enfant :
    — Sur un bateau. Deux femmes s’occupent de lui.
    Mais comment pourra-t-il, lui, Condon, reconnaître le bateau ?
    — À ses voiles blanches.
    « John » confie qu’ils sont six, que le chef touchera 20 000 dollars, et les cinq autres 10 000 chacun.
    Il ajoute qu’il enverra bientôt le pyjama du bébé, preuve qu’il représente bien les ravisseurs. Sur une question précise du docteur, il répond vivement que Betty Gow et son ami n’ont « rien à voir avec l’enlèvement ».
    Ils se séparent après s’être serré la main. Il est 22 h 45.
     
    Le 16 mars, le facteur dépose chez le docteur Condon un petit colis qu’il ouvre aussitôt. C’est le pyjama de Charles Jr. Les parents le reconnaîtront sans hésiter. Une nouvelle lettre, épinglée au pyjama, réclame les 70 000 dollars. Quand Condon les aura reçus de Lindbergh, qu’il le fasse savoir par une nouvelle annonce du New York American  : « J’accepte. Argent est prêt. »
    La lettre s’achève ainsi : « Voici notre programme : huit heures après que nous aurons touché l’argent, nous vous ferons savoir où trouver le bébé. En cas de guet-apens,
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