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C'était le XXe siècle T.1

C'était le XXe siècle T.1

Titel: C'était le XXe siècle T.1
Autoren: Alain Decaux
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police, mais Lindbergh n’a lu la lettre qu’une fois la police chez lui. Véhément, il supplie les policiers de ne rien révéler à quiconque. Comment eux-mêmes obtiendraient-ils le silence ? Nous sommes en Amérique.
    Le lendemain matin, le rapt du petit Lindbergh est à la une des plus grands journaux des États-Unis.
     
    L’enquête ?
    D’abord, on a étudié la lettre. Outre de nombreuses fautes d’orthographe, on y remarque au moins un germanisme : le mot « bien » est écrit « gut » et non pas « good ». De plus, la construction des phrases relève plus de l’allemand que de l’anglais.
    C’est tout ce que, pour le moment, on peut déduire quant au scripteur de la lettre. Rien de plus, hélas !
    Les soupçons de la police vont d’abord se porter sur la nurse, Betty Gow. N’était-elle pas seule à savoir que Anne Lindbergh et le bébé resteraient ce soir-là à Hopewell ? Ne pouvait-elle pas, mieux que personne, désigner à des ravisseurs l’emplacement de la nursery et l’heure la plus propice à un rapt ? De plus, elle avait reçu un coup de téléphone dans la soirée.
    Très vite, la police va apprendre qu’un ancien chauffeur de Lindbergh, Henry Johnson, surnommé le Rouge à cause de sa chevelure écarlate, semble s’intéresser de très près à la jolie Betty. La nurse confirme que c’est lui qui a appelé dans la soirée : parce qu’ils avaient rendez-vous, jure-t-elle, et que John voulait se décommander. Dans la voiture de Johnson, la police va trouver une carafe de lait. Une piste ? Mais le Rouge va prouver qu’il boit très souvent du lait. D’ailleurs, les Lindbergh sont formels : ils répondent de leur personnel.
    Il n’y a donc plus qu’à attendre que le ravisseur se manifeste de nouveau. Attendre.
    Dans la matinée du 3 mars, les journaux insèrent un appel de Mrs. Anne Morrow Lindbergh précisant quel est le régime de son fils. Le même jour, Charles et Anne publient un second appel : « Nous demandons aux ravisseurs de choisir un délégué dans notre entourage. Celui-ci les rencontrera à l’heure et à l’endroit qui leur conviendront. Si cette proposition est acceptée, nous promettons de ne rien divulguer des accords qui pourraient être conclus entre leur délégué et le nôtre et nous engageons, par la suite, à ne rien entreprendre contre les personnes qui nous restitueront l’enfant. »
    Le lendemain, une lettre parvient aux parents. Elle porte la même signature ésotérique que la première. Elle a été postée à Brooklyn, le 2, à 21 heures. Et voici ce que peuvent lire Charles et Anne Lindbergh :
     
    Cher Monsieur,
    Nous vous avions demandé de ne pas prévenir la police. Vous devez maintenant supporter les conséquences. Nous sommes obligés de garder l’enfant jusqu’à ce que tout soit calme. Nous ne pouvons pour le moment vous fixer aucun rendez-vous. Ce serait courir un trop grand risque. Ne vous inquiétez pas pour le bébé. Il est en bonnes mains. Il suivra le régime prescrit.
    Nous voulons vous le rendre en bonne santé. La rançon était de 50 000 dollars, mais comme il nous faudra prendre quelqu’un pour s’occuper de lui et le garder plus longtemps que prévu, elle sera de 70 000 dollars : 20 000 en billets de 50 dollars, 25 000 en billets de 20 dollars, 15 000 en billets de 10 dollars ; et 10 000 en billets de 5 dollars. N’y mettez aucune marque et ne les prenez pas de la même série. Nous vous indiquerons plus tard où déposer l’argent. Mais nous n’indiquerons rien tant que la police et les journaux s ’ occuperont de l’affaire. Nous préparons cet enlèvement depuis longtemps. Nous sommes donc prêts à tout.
     
    Encore des fautes d’orthographe. Encore des germanismes. Est-on plus avancé ? Assurément non. Le nous employé par le ravisseur semble indiquer, pense la police, que l’on est en présence d’un gang. Ce qui justifie une tentative de contact avec le milieu, pour laquelle seront trop facilement acceptées les offres de trois gangsters en renom.
     
    Ici va intervenir un drôle de bonhomme, généreux et brouillon, professeur à la retraite, le docteur John Francis Condon. Il habite le Bronx avec sa femme. Il a soixante-douze ans. Le rapt du bébé Lindbergh l’a bouleversé au même titre que des millions d’autres Américains. Il n’est pas riche, le docteur Condon. Geste parfaitement déraisonnable mais totalement sympathique, il fait insérer dans le Bronx Home
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