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C'était le XXe siècle T.1

C'était le XXe siècle T.1

Titel: C'était le XXe siècle T.1
Autoren: Alain Decaux
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en la recrachant aussitôt sur son pyjama. Il fallut le changer. Betty en profita pour proposer à Anne de lui confectionner une petite chemise de flanelle qui le tiendrait au chaud, ce qui serait excellent pour son rhume. Encore une panacée de l’époque, la flanelle. Betty déclara qu’elle n’en avait que pour quelques minutes.
    Anne joua avec l’enfant cependant que, prestement, Betty découpait la forme de la chemise dans un jupon de flanelle qu’avait porté Charles Jr. quand il était bébé. Betty frotta la poitrine de l’enfant avec de la pommade Vicks. Anne l’aida à le rhabiller. Par-dessus la chemise de flanelle, Charles Jr. portait une chemise de laine sans manche, des couches sous une culotte de caoutchouc. Et, au-dessus, un pyjama de laine propre. Charles Jr. avait tendance à sucer son pouce. Betty lui avait préparé un doigtier pour chaque main, qu’elle lui ajusta avec soin. De quoi laisser rêveuses les mères d’aujourd’hui qui entendent leur pédiatre affirmer qu’il est indispensable que leur bébé suce son pouce.
    Betty coucha Charles Jr. dans son berceau, fixa par deux épingles de sûreté les couvertures et les draps au matelas. Avec Anne, elle ferma les deux fenêtres après avoir verrouillé tous les volets, sauf ceux de la fenêtre sud-est qui fermaient mal. Pour donner de l’air, les deux femmes laissèrent la porte-fenêtre entrouverte. À 19 h 30 Anne quitta la chambre. Betty ne le fit qu’après que le bébé se fut endormi. Elle regarda l’heure. Il était 20 heures très précises.
     
    Une demi-heure plus tard, Lindbergh, au volant de sa Franklin beige, arriva de New York. Olivier Whatley servit le repas du soir. Charles et Anne passèrent au salon. Ils bavardaient, assis devant la cheminée où brûlait un feu vigoureux quand, un peu après 21 heures, Lindbergh tressaillit :
    — Qu’est-ce que c’est ? demanda-t-il brusquement.
    Devant l’étonnement d’Anne, il répondit qu’il avait entendu un bruit de bois brisé. Une branche cassée ? Non, pas une branche.
    Dehors, le vent soufflait en tempête. On entendait bien d’autres craquements, crissements, sifflements. Anne dit que, pour sa part, elle n’avait pas remarqué ce bruit de bois brisé. Ils recommencèrent à parler. Dans son panier, le fox-terrier dormait à crocs fermés. Il n’avait pas réagi. Un peu plus tard, ils gagnèrent leur chambre à coucher, située au premier étage au-dessus du salon. Par la salle de bains on pouvait accéder à la chambre de Charles Jr. Les Lindbergh déclarèrent plus tard qu’ils avaient parlé pendant vingt minutes. Après cet entretien, Lindbergh éprouva le besoin de prendre un bain. Puis il se rhabilla pour redescendre travailler dans la bibliothèque. Anne s’apprêta pour la nuit.
    Les Whatley et Betty s’attardaient dans le salon des domestiques. Quelqu’un demanda la nurse au téléphone. Puis Betty proposa à Elsie Whatley de lui montrer une robe neuve qu’elle venait d’acheter. Les deux femmes montèrent dans la chambre de la nurse. À 22 heures, Betty, regardant sa montre, constata qu’il était l’heure d’aller rendre visite au bébé. Chaque soir, à cette heure-là, elle changeait l’enfant une dernière fois. Elle quitta Elsie pour se diriger vers la chambre de Charles.
    Un coup de sonnette avertit Elsie que Mrs. Lindbergh la réclamait. Anne ne se sentait pas bien. Elle avait contracté le rhume de son petit garçon. Quand Elsie parut, Mrs. Lindbergh la pria de lui apporter une citronnade chaude. S’éloignant pour la préparer, Elsie rencontra Betty dans le couloir qui l’interrogea : Mrs. Lindbergh était-elle dans sa chambre ? Peut-être voudrait-elle voir le bébé ?
    Cependant qu’Elsie descendait à la cuisine, Betty entrait dans la chambre du petit Charles. Sans allumer – la lumière du couloir suffisait – elle alla d’abord fermer la porte-fenêtre. La pièce était froide, elle alluma un radiateur électrique et s’approcha du berceau. Il lui sembla d’abord dans la pénombre que le bébé était là. Ce qui la frappa presque aussitôt après, ce fut le silence. Aucun bruit de souffle ni de respiration. Elle se pencha, tâta le lit. Le bébé n’y était pas.
    Elle se dit que sans doute Anne l’avait pris. Elle alla frapper à la porte de la chambre des Lindbergh. Sortant de la salle de bains, Anne parut. Betty lui demanda :
    — Mrs. Lindbergh, avez-vous le bébé ?
    — Non, pourquoi ? Je ne
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