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C'était le XXe siècle T.1

C'était le XXe siècle T.1

Titel: C'était le XXe siècle T.1
Autoren: Alain Decaux
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par consentir. Il prend l’argent, dans la belle boîte qu’a fait confectionner Condon. En échange, l’homme remet au docteur une enveloppe dont il affirme qu’elle contient les indications qui permettront de retrouver l’enfant. Seulement, il ne faudra pas l’ouvrir avant 6 heures du matin. L’homme prend congé. Il serre la main de Condon :
    — Vous avez agi à la perfection.
    Naturellement, Lindbergh ouvre la lettre séance tenante. Il y trouve la note que voici :
    « L’enfant est sur le bateau Nelly , un petit bateau de vingt-huit pieds, avec deux personnes qui sont innocentes. Vous le trouverez entre Horseneck Beach et Gay Head, près d’Elizabeth Island. »
    Enfin !
    Lindbergh court à l’endroit indiqué. Pas le moindre bateau qui porte le nom de Nelly . Le colonel survolera pendant de longs jours la mer en avion. Il explorera tous les parages à bord de garde-côtes. Toujours pas de bateau Nelly . Pas de Charles Jr.
    Entre-temps, John Curtis, l’armateur, l’ami du révérend, est intervenu, plus sûr de lui que jamais. Il a révélé être en contact avec un Scandinave, surnommé Dynamite. C’est à bord de la goélette de celui-ci que se trouve l’enfant. Il en a la preuve irréfutable. Curtis affirme être également en rapport avec l’homme rencontré par Condon. Un certain John. Dynamite et John réclament un supplément de rançon.
    Lindbergh, convaincu, va en compagnie de Curtis affréter un bateau, le Cachalot , pour rencontrer les ravisseurs au cap May. Sûrement, cette fois on touche au but.
    C’est sur le pont du Cachalot que l’on va apporter un message à Lindbergh : on vient de retrouver son petit garçon. Mort.
     
    Au matin du 12 mai 1932, un chauffeur de camion a aperçu dans un petit bois, à un kilomètre et demi de la maison des Lindbergh, enfoui sous un tas de terre et de feuilles mortes, quelque chose, dira-t-il, qui ressemblait à un « squelette d’animal ». Il s’est baissé et s’est aperçu qu’un petit pied sortait du tas. Le pied d’un enfant.
    Le cadavre, transporté à la morgue, est à n’en pas douter celui de Charles Jr. Les vêtements qui l’entourent – chemise de flanelle, chemise de laine – ne laissent malheureusement aucun doute sur son identité. Betty Gow va le reconnaître sans hésiter. L’autopsie prouvera que « l’enfant est mort à la suite d’une fracture du crâne due probablement à des coups volontairement portés ». Le décès remonte à plus de deux mois.
     
    À la morgue, Charles Lindbergh, muré dans son chagrin, se penche sur le petit cadavre, il compte les dents, il cherche – et trouve – deux orteils qui se chevauchent, légère anomalie de naissance.
    Le procureur Marshall l’interroge :
    — Colonel Lindbergh, êtes-vous convaincu que ce corps est celui de votre enfant ?
    — J’en suis convaincu.
    Deux hypothèses : ou bien le ravisseur a frappé violemment le crâne de l’enfant dans son berceau, ceci pour éviter des cris ou des pleurs – c’est l’éventualité la plus probable et elle correspond aux constatations d’autopsie – ou bien, descendant l’échelle, quand le barreau s’est brisé, il a perdu l’équilibre et a lâché le léger fardeau qui, en tombant, s’est brisé le crâne.
    Ainsi, le John du docteur Condon – qui est à coup sûr le ravisseur, ou l’un des ravisseurs – n’a fait qu’ajouter à son crime la plus odieuse des comédies. Laquelle a réussi, puisqu’il a fini par empocher 50 000 dollars.
    Curtis ? Le révérend Peacock ? Une brève enquête prouvera que jamais ils n’ont été en rapport avec les ravisseurs. Qu’ils ont tout inventé. Pourquoi ? Pour se rendre intéressants !
     
    Dix-huit mois passent. Aucune trace du ou des criminels. L’enquête s’est un instant portée sur le personnel de Mrs. Dwight Morrow. On a longuement interrogé Violett Sharp, l’une des femmes de chambre de celle-ci. Sans raison grave, semble-t-il. Simplement parce qu’elle n’a pas justifié d’un emploi du temps précis. Elle n’a pu dire avec qui elle était sortie la nuit du rapt. Au moment où la police va acquérir la preuve qu’elle n’est pour rien dans l’affaire, la jeune fille court dans sa chambre et s’empoisonne au cyanure. Quand on la rejoint, elle est morte.
    Aucune logique dans cet acte. On ne peut rien reprocher à Violett Sharp. Elle a eu peur de la police. Rien de plus. Mais elle est morte.
     
    En juin 1933, Lindbergh
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