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À La Grâce De Marseille

À La Grâce De Marseille

Titel: À La Grâce De Marseille
Autoren: James Welch
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des lunes où ils s’étaient produits dans la grande arène de Paris et qui, soudain, l’avait chargé. Sa corne avait touché le cheval à l’épaule gauche, lequel avait poussé un hennissement et avait failli culbuter, cependant que Charging Elk passait par-dessus son encolure. Plus tard, il s’était réveillé dans la maison des soins.
    Il était déjà malade avant. Le froid des nuits de décembre lui avait transpercé les os, et son dos était plus raide qu’un mât de tipi. Il avait néanmoins participé à plusieurs numéros avant les bisons : incendier la cabane en rondins du pionnier, attaquer la diligence de Deadwood, combattre les soldats au cours du grand spectacle de la « Dernière Bataille de Custer ». Et, tandis qu’il attendait derrière une barrière qu’on lâche les bisons, il avait soudain été pris de faiblesse. Il s’était penché pour vomir et il s’en était fallu de peu qu’il tombe de cheval. Il avait alors compris qu’il avait attrapé la maladie ayant sévi dans le campement des Indiens aussi bien que dans le village des Blancs, gens du cirque et ouvriers. Badface s’était approché sur son cheval pour demander à Charging Elk s’il se sentait assez bien, mais à ce moment-là, la barrière s’était levée et les Indiens avaient bondi, talonnant leurs montures et poussant des cris au milieu du grondement de la foule.
    Quand Charging Elk arriva dans la maison des malades, il y avait un autre Oglala. Pendant qu’on le couchait sur le lit, une violente douleur lui fit un instant recouvrer ses esprits, et il vit l’un de ses amis dans le lit d’à côté. C’était Featherman, un Oglala âgé de trois hivers de plus que Charging Elk et qui avait contracté la maladie deux sommeils auparavant. Il gisait, immobile, et ses yeux suivaient les gestes des aides-soignantes qui s’occupaient de Charging Elk. Des yeux qui semblaient ne pas savoir ce qu’ils voyaient.
    Alors que la douleur diminuait d’intensité, Charging Elk eut le temps de constater que son ami s’en allait. « Featherman, murmura-t-il en regardant les yeux vides. Reste. Ne me laisse pas. » Il n’entendit pas ses propres paroles et, à son tour, il s’en alla.
    Charging Elk revint cependant, à plusieurs reprises, et maintenant il savait que c’était pour de bon. Il le savait à la douleur lancinante qui vrillait son flanc gauche. Il tâta ses côtes sous le tissu qui lui enserrait la poitrine. Il respirait plus librement à présent, malgré le bandage qui lui comprimait le torse. Il s’était déjà cassé des côtes avant, dans les Mauvaises Terres, par une chaude journée d’été, quand son cheval lancé au galop avait mis le pied dans un trou de blaireau. Strikes Plenty et lui se dirigeaient vers le Bastion après avoir eu quelques ennuis avec les mineurs des Paha Sapa. Il arrivait que ceux-ci leur tirent dessus, soit pour les empêcher d’approcher, soit tout simplement pour les tuer. Charging Elk avait été contraint de demeurer couché, mais ses côtes avaient guéri vite, grâce au secours de la médecine du yuwipi, et après quelques jours, il avait pu de nouveau galoper. Strikes Plenty et lui revenaient parfois en cachette à l’Agence de Pine Ridge pour rendre visite aux parents de Charging Elk. Ils chevauchaient deux jours durant et attendaient la nuit pour se glisser dans le petit village.
    C’était à chaque fois la même chose. Ses parents essayaient de le convaincre de rester. Ils lui disaient qu’il ne serait pas puni, que le chef blanc voulait seulement que les jeunes reviennent, qu’ils aillent à l’école et apprennent les voies du dieu blanc. Ils occupaient une petite maison d’une pièce avec une porte et deux fenêtres. Aucune n’était munie de carreaux, juste de bouts de tissus accrochés en haut qu’on relevait pour avoir de la lumière. Il y avait une table, deux chaises et un lit de l’homme blanc. Et aussi une croix sur le mur à côté du fourneau. Mais pas d’enfants. Le frère et la sœur de Charging Elk étaient morts à une année d’intervalle, l’un de la grande toux, l’autre de consomption.
    Charging Elk adorait sa mère. Il comprenait très bien qu’elle veuille qu’il vienne habiter avec eux pour aller à l’école et assister aux cérémonies sacrées. Elle n’avait plus que lui. Parfois, il se sentait coupable et il s’imaginait manger la nourriture qu’elle préparait et la regarder travailler les piquants de porc-épic. Son
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