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À La Grâce De Marseille

À La Grâce De Marseille

Titel: À La Grâce De Marseille
Autoren: James Welch
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connaissent. « Red Shirt, dit-il. Grande médecine. Oglala. Wild West.
    — Buffalo Bill, oui, oui, mais vous êtes Charging Elk. » L’homme parlait lentement, criant presque.
    « Charging Elk, yah. »
    Il devenait clair qu’il ne parviendrait pas à communiquer avec ces hommes, même s’il comprenait vaguement leur langue. Après avoir enregistré l’expression sombre de leurs visages, il n’arriva plus à détacher son regard de leurs costumes.
    Après la mort de Crazy Horse, on conduisit les Oglalas de l’Agence de Red Cloud à la leur, celle de Pine Ridge. On mit les enfants à l’école de l’homme blanc où Charging Elk, devenu l’un des élèves, apprit quelques mots d’américain, mais moins d’un an plus tard, âgé de treize hivers, il s’enfuit en compagnie de Strikes Plenty et alla vivre chez les parents de celui-ci dans le camp du Tourbillon, loin de l’Agence et de l’école. Ensuite, comme les wasichus menaçaient de venir les chercher, de même que les autres enfants, ils durent partir et se réfugièrent au cœur des Mauvaises Terres dans un endroit appelé le Bastion, une haute butte herbeuse qui présentait trois flancs à pic, facile à défendre. Les hommes blancs, les soldats aussi bien que les pionniers, craignaient le Bastion. Les Indiens qui y vivaient étaient considérés comme de mauvais Indiens, même par ceux des leurs qui s’étaient installés à l’Agence et dans les communautés avoisinantes. Charging Elk et Strikes Plenty chassèrent, explorèrent les environs et apprirent à perpétuer les voies des anciens grâce à l’aide de deux vieux hommes-médecine. Parfois, ils partaient à cheval pour les Black Hills, les Paha Sapa, où ils volaient les chercheurs d’or. Ils visitèrent Bear Butte, une colline sacrée en forme de cône où de nombreux Oglalas s’étaient rendus dans le passé, en quête de visions, mais qui était maintenant entourée de colons et de concessions minières. Charging Elk avait fait sa hanblechia dans les Mauvaises Terres autour du Bastion. Son wicasa wakan, un vieil homme qui priait beaucoup dans la loge à bains de vapeur, l’avait bien préparé et, à seize ans, il alla adresser des prières à Wakan Tanka pour qu’il l’aide à rêver son animal-gardien. Il ne confia à personne, pas même à Strikes Plenty, de quel animal il s’agissait, mais quelque temps plus tard, il tua un blaireau et se fit un petit collier avec ses griffes.
    Charging Elk voulut alors demander aux deux hommes où était passé son collier, et il se rappela soudain la carte sacrée que la femme blanche lui avait donnée à Paris et qui était devenue sa médecine wasichu. Il se rendit compte qu’il n’arriverait jamais à se faire comprendre et, pour la première fois de sa vie, il regretta de ne pas être resté à l’école pour apprendre le langage de l’inconnu au costume marron.
    « Buffalo Bill, répéta-t-il, sans grand espoir. Wild West. »
    Après le départ des deux hommes, Charging Elk se replia sur lui-même. Il réalisa qu’il était seul, et cela lui procura un choc. Il n’avait pas d’amis ici, et il était incapable d’expliquer aux deux hommes en costume où se trouvait son pays. Pourtant, ils devaient bien savoir qu’il était un Indien et que, venu de l’autre côté de la grande eau, il faisait partie de la troupe du Wild West Show. Il était un Oglala de la réserve de Pine Ridge, son pays.
    Malgré son désespoir, Charging Elk sentit ses idées s’éclaircir cependant que d’autres souvenirs lui revenaient. Il avait l’impression de se réveiller après une nuit passée à boire du mni wakan, l’eau sacrée de l’homme blanc, une nuit qui aurait duré très longtemps.
    Au moment où il se rappelait sa chute de cheval sur la terre dure, il se revit presque tomber. C’était la dernière image qu’il se remémorait, avant qu’on le conduise dans cette maison des malades. Il poursuivait un petit troupeau de bisons autour de la piste avec ses amis, un numéro qu’il avait accompli des centaines de fois depuis qu’il était arrivé au pays des Français. Ceux-ci aimaient beaucoup voir les Indiens sauvages chasser le bison, car c’était l’un des rares numéros dangereux du spectacle, d’autant que les Indiens le rendaient plus dangereux encore en rattrapant les animaux lancés à toute allure pour galoper ensuite à leurs côtés. Charging Elk se souvenait du jeune mâle qui lui était devenu familier au cours
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