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À La Grâce De Marseille

À La Grâce De Marseille

Titel: À La Grâce De Marseille
Autoren: James Welch
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de Buffalo Bill ici. Ivre de joie à cette idée, il se retint de crier : « Je vous salue mes parents ! » en lakota, car il savait que cela ne manquerait pas d’alerter les aides-soignantes. Il s’engagea avec précaution dans l’allée entre les deux rangées de lits, s’arrêtant tous les deux ou trois pas pour se reposer. À chaque fois, il scruta les visages des malades. La plupart étaient barbus ou moustachus, et tous avaient la peau pâle. Certains le regardèrent avec curiosité, d’autres avec appréhension. Arrivé au dernier lit, il avait le cœur aussi lourd que les jambes.
    Il pouvait toujours espérer qu’un membre de la troupe du Wild West Show, peut-être Broncho Billy, l’interprète, accompagné d’un ou deux chefs blancs, ou même de quelques-uns de ses amis oglalas, vienne le chercher, mais c’était un espoir impossible. Il n’ignorait pas que la troupe ne devait rester que huit ou neuf sommeils dans cette ville avant de partir pour un autre pays, or il était certain d’être là depuis plus longtemps et d’avoir été abandonné. À cette pensée, il fut à deux doigts de s’effondrer. Il réalisa combien il avait été stupide d’avoir ainsi voulu voyager avec Buffalo Bill. Il aurait dû demeurer au Bastion, dans les Mauvaises Terres, où il était chez lui. Il pensa aux journées chaudes et ensoleillées en compagnie de Strikes Plenty, quand ils chevauchaient au hasard, libres d’aller et de venir. Pas comme les Indiens des réserves. Ils se moquaient de ces Indiens qui avaient renoncé, qui vivaient dans des maisons en bois à l’Agence, qui percevaient leurs maigres rations, leur viande gâtée, qui apprenaient à adorer le dieu de l’homme blanc, à parler la langue des étrangers. Maintenant, il aurait volontiers donné tous les bons moments de sa vie, toute sa liberté, pour être l’un d’entre eux, pour se retrouver dans la petite cabane avec son père et sa mère au village de son peuple.
    Deux soirs plus tard, Charging Elk s’assit dans son lit, se sentant alerte et considérablement plus fort. Il se tourna vers la lumière jaune et distingua une silhouette humaine. Au cours de l’après-midi, il avait exploré cette partie de la grande salle et savait qu’il y avait au fond une petite pièce munie d’une fenêtre à barreaux qui évoquait une cage et une porte qui restait tout le temps fermée. C’était là que les gens qui guérissaient s’installaient, bavardaient et notaient des choses sur des papiers. Ils semblaient prendre leurs aises dans cet endroit, mais Charging Elk avait remarqué qu’ils devenaient silencieux et attentifs chaque fois qu’une des femmes aux ailes blanches entrait. Elles paraissaient être des yuwipis, et pourtant elles aussi se montraient soumises en présence de l’homme à l’acier dans les oreilles. C’était lui le vrai wicasa wakan.
    La nuit, celui-ci n’était jamais là. Il n’y avait qu’une ou deux aides-soignantes, et elles ne quittaient la pièce aux barreaux que quand un malade criait sous le coup de la douleur ou de la panique, ce qui arrivait assez souvent. Charging Elk était demeuré éveillé presque toute la nuit précédente afin d’observer les allées et venues. Apparemment, elles ne répondaient à aucune règle établie, elles avaient l’air dictées par les urgences.
    Cette après-midi-là, il avait également jeté un coup d’œil sur le large couloir qui succédait à la salle des malades. Les toilettes étaient en face. Après s’être enfin vidé les intestins au prix de longs et pénibles efforts, il se dirigea vers une grande fenêtre tout au fond. Si on le surprenait, il prétendrait s’être perdu. Il avait le regard aiguisé d’un preneur de chevaux aux abords d’un campement ennemi. Il vit les portes qui permettaient de quitter le couloir, certaines fermées, d’autres ouvertes. Une pièce l’intéressa en particulier, une pièce longue et étroite éclairée par un seul filament jaune et remplie de vêtements suspendus.
    Après la fenêtre, le couloir partait dans deux directions opposées. Il y avait un corridor semblable à celui qu’il venait d’emprunter et un deuxième, plus court, menant à deux portes battantes qui s’élevaient du sol au plafond. Chacune était munie d’une petite fenêtre. Charging Elk s’avança rapidement et plaqua la main sur l’une des deux portes. Elle céda légèrement. Il regarda par la petite fenêtre.
    Elle donnait sur une grande
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