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Vidocq - le Napoléon de la Police

Vidocq - le Napoléon de la Police

Titel: Vidocq - le Napoléon de la Police
Autoren: Marie-Hélène Parinaud
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utiliser les
expressions d’argot que lui a apprises Vidocq et ayant rencontré à une de ces
soirées, le bourreau Sanson, il ne résiste pas à la tentation. D’un air
faussement négligent, il lui demande s’il est parent avec le « béquilleur
qui fauche le colas » (l’exécuteur des hautes œuvres qui coupe le cou).
    Mais les invités n’ont pas tous cet
humour truculent. Parfois Appert, incapable de résister à une demande d’aide,
invite à ses soirées des importuns qui veulent rencontrer Vidocq à tout prix.
    Faute de pouvoir lui exposer leurs
problèmes à son agence de détectives, puisqu’il n’en a plus, ils profitent de
cette rencontre « fortuite » pour lui imposer, en plein repas, leur
dilemme. Vidocq n’est pas homme à se laisser manipuler, ainsi lorsqu’un petit
homme d’aspect chafouin, commence d’un ton geignard :
    « Je n’ai d’espoir qu’en vous,
comme tous les honnêtes gens de Paris. »
    Vidocq l’avertit : « Vous
feriez mieux monsieur de vous intéresser au contenu de votre assiette. »
    Le quémandeur néglige
l’avertissement et entreprend de lui conter comment il s’est fait escroquer.
Ainsi ce fâcheux ayant ramassé près d’un passant, un petit paquet contenant un
magnifique bijou, accompagné d’un reçu : « Monsieur je vous renvoie
votre bague remontée pour laquelle votre domestique m’a payé deux mille sept
cent vingt-cinq francs dont quittance. »
    Spontanément, le quidam lui propose
de faire part à deux.
    « Vous comprenez, si ce bijou
avait appartenu à un pauvre diable, je n’aurais pas manqué de le lui porter et
dans les délais les plus brefs.
    — Mais vous vous êtes
dit : qui peut posséder un pareil joyau si ce n’est un homme tellement
riche qu’il envoie un de ses valets le chercher plutôt que de se déranger
lui-même ? l’interrompt froidement Vidocq.
    — C’est exactement cela. Mais,
comment faire pour le partager ? Mon compagnon devait retourner chez lui.
Je lui donne une avance, le contenu de ma bourse et j’ajoutais même ma montre
pour faire bonne mesure. Après la vente de l’objet, je lui enverrai le reste de
sa part. Il me demandait juste mon adresse et me donnait la sienne. Aussi, vous
imaginez ma déception lorsque…
    — … vous avez découvert que le
bijou n’était qu’un morceau de verre et que son adresse était fausse. Je
suppose que celle que vous lui aviez donnée en échange ne l’était pas
moins ?
    — Comment le
savez-vous ? » ne peut s’empêcher de balbutier son interlocuteur.
    L’ancien policier continue,
implacable :
    « Vous avez été ramastiqué. Les
ramastiques repèrent leur dupe en cherchant chez lui le signe de la cupidité.
Car pour que l’affaire marche, leur victime doit avoir le caractère d’un
fripon », tranche Vidocq.
    Un hurlement de rire ajoute à la
confusion du plaignant malhonnête. Balzac, ravi de sa déconfiture, n’a pas pu
se retenir. Tapant sur la nappe de ses poings, il s’étouffe de joie :
« Quelle déculottée ! ».
    Ce soir-là, alors que Vidocq se
passe une main fiévreuse sur son front en sueur et se sent pris de frissons,
Balzac le surnomme « Trompe-la-mort ». Au lieu d’en rire comme
d’habitude, Vidocq qui se sent oppressé préfère écourter sa soirée.
    De retour en fiacre, il est pris de
nausée. La voiture traverse la place de l’Hôtel-de-Ville, les pas du cheval
soulevant au passage une fange nauséabonde tandis que des grandes lampes à
l’huile, suspendues aux cordes tendues d’une rue à l’autre, se balancent
projetant sur les murs leur ombre, semblable à de gigantesques araignées.
    Claquant des dents, Vidocq fait
arrêter le fiacre pour vomir. Lorsqu’il arrive chez lui, il gravit son escalier
en se cramponnant à la rambarde de son escalier et se jette sur son lit en
grelottant. Au matin, sa servante le trouve, enfoui sous l’édredon,
complètement glacé. Malgré son interdiction, elle envoie un commissionnaire
chercher le docteur Dornier. Ce dernier, depuis une semaine, arbore un air
grave et refuse toute invitation à déjeuner en ville. Il ne boit plus que de
l’eau de Passy, la seule vraiment pure puisque de source, refusant celle de la
Seine, tellement polluée que les verres et les carafes sentent mauvais. Comme
tous ses confrères, dès les premiers morts suspects, il a envoyé sa femme loin,
à Pontoise puis à Rouen pour fuir les miasmes de la capitale. Les quartiers de
Paris sont trop
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