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Vidocq - le Napoléon de la Police

Vidocq - le Napoléon de la Police

Titel: Vidocq - le Napoléon de la Police
Autoren: Marie-Hélène Parinaud
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s’ameute autour des deux
hommes. On les cerne, on les presse, on les insulte. Un cri jaillit :
« À mort, les empoisonneurs ! »
    Les poings serrés s’abattent sur les
nuques et les reins des deux hommes qui tentent en vain de se défendre. Bientôt
un hurlement inhumain s’élève strident pour finir en un sanglot, cassé par un
grand silence. Deux corps piétinés gisent à terre tandis que la maréchaussée,
enfin alertée, disperse l’attroupement.
     
    Lorsque le praticien arrive dans
la chambre de Vidocq, encombrée de vases souillés de vomissures, il ne lui
cache pas son inquiétude mais aussi ses espoirs. Il existe des remèdes qu’il ne
possédait pas vingt ans auparavant.
    Le pouls est faible et les
membres glacés. Lorsqu’il veut ausculter son regard, il a du mal à soulever ses
paupières.
    La vieille servante reste en
arrière, croquant des gousses d’ail, tout en se signant : « C’est
peut-être une maladie qui s’attrape.
    —  Ce qui est fondamental,
c’est de chasser ce froid. »
    Il ordonne à la domestique de lui
donner un drap et d’aller chercher les briques chaudes qui garnissent la grosse
cuisinière en fonte. Au fur et à mesure qu’elle les lui apporte, il les
enveloppe dans les morceaux du drap qu’il a déchiré, sans tenir compte des
protestations de la servante. Il les roule dans le tissu et les pose le long
des jambes et sur le ventre du malade. Puis explique :
    « La peau doit lui cuire
mais non le brûler. Il faut sans arrêt le tenir au chaud grâce à ces
briquettes. Au travail. »
     
    Pendant que la servante
s’affaire, il sort de sa mallette de petites fioles de laudanum pur. Il verse
dans un grand verre son mélange avec de l’acétate d’ammoniaque, de l’élixir
parégorique et de l’éther. Manipulant avec délicatesse son compte-gouttes, il
calcule le dosage de son produit, avant d’en glisser le contenu entre les dents
de Vidocq.
    Toute la journée et toute la
nuit, ils se relaient à son chevet, le médecin refusant de quitter celui de son
malade. La cuisinière, réquisitionnée elle aussi, entretient un feu d’enfer
pour que les briques restent chaudes. Au matin, le médecin épuisé, voyant que
son malade continue à grelotter, s’arme d’une seringue hypodermique pour lui
injecter du chlorhydrate de morphine et se met à frotter de toutes ses forces
les jambes avec de l’essence de térébenthine. Profitant d’un répit que lui
laisse le sommeil de son malade, il s’arrête un instant pour se reposer dans un
fauteuil près de la fenêtre.
    Dans le silence de la nuit lui
parvient parfois le tintement léger d’une petite clochette, l’ extrême-onction qu’un prêtre apporte à un mourant. Quatre jours et
quatre nuits de suite, tous se succèdent pour maintenir le malade au chaud et
faire en sorte que son sang circule.
    Au matin du quatrième jour, alors
que le docteur épuisé s’est endormi dans un grand fauteuil à oreillettes, il
s’entend appeler avec vivacité :
    « Docteur Dornier, vous
ronflez !
    C’est Vidocq. Assis dans son lit,
il a repoussé ses couvertures et contemple tout étonné les piles de briques
entourées de tissus qui l’enserrent. Il a faim et
veut se lever. En un instant, tout le monde se retrouve dans la chambre pour le
toucher, le palper, ne pouvant croire à une telle résurrection. Malgré les
recommandations de son médecin, il se lève et mange. Chaque bouchée est suivie
des yeux par son entourage comme s’il s’agissait d’un exploit. Cela le met de
bonne humeur. Il se sent bien, il veut respirer l’air, sortir de cette chambre
qui empeste la maladie. « Pure folie ! » crie-t-on autour de
lui. Il accepte une canne et s’appuyant en partie sur l’épaule de son médecin,
une fois dehors, marche sur le boulevard.
     
    Regardant les oiseaux dans le
ciel, les immeubles où des ménagères secouent leurs chiffons aux fenêtres, les
gens qui vont et viennent, toute cette vie qui continue, Vidocq sourit :
    « Docteur, je me suis
échappé de bien des pièges et de menaces dans mon existence, mais vaincre le
choléra reste la plus difficile de mes évasions. »

Bibliographie
    Jean Savant, La Vie
fabuleuse et authentique de Vidocq , Paris, 1950.
    La Vie aventureuse de Vidocq , Hachette, Paris,
1973.
    Les Vraies Mémoires de Vidocq , Corréa, Paris,
1950.
    Les Vrais Mystères de Paris , Club Français du
livre, 1950.
    Les Voleurs , Paris, 1957.
     
    François Vidocq, Les
Chauffeurs
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