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Vidocq - le Napoléon de la Police

Vidocq - le Napoléon de la Police

Titel: Vidocq - le Napoléon de la Police
Autoren: Marie-Hélène Parinaud
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grommelle-t-on.
Est-ce pour cette raison que certains journaux annoncent sa mort ?
     
    Vidocq décide alors de rentrer en
France. Il y convoque la presse et les chroniqueurs renchérissent sur sa
florissante santé et sa bonne mine. Pourtant un an plus tard, ils annoncent en
gros caractères son suicide, le 2 octobre 1847. Un rectificatif indique ensuite
qu’il s’agit de Mme Vidocq qui, souffrant d’un cancer, aurait absorbé une trop
forte dose de laudanum. Vidocq a beau menacer d’un procès, le curé de
Saint-Mandé refuse de recevoir le corps à l’église et le cercueil est conduit
directement au cimetière.
     
    Écœuré de cette réaction bigote,
Vidocq déménage et revient à Paris. Il s’installe dans un immeuble du boulevard
Beaumarchais. Malgré la curiosité qu’il suscite et la notoriété de son nom, il
refuse de s’associer à d’autres agences d’enquêtes. Depuis 1834, il est
l’invité favori des dîners du philanthrope Benjamin Appert qui réunit chaque
samedi ses amis dans sa maison de campagne à Neuilly-sur-Seine. Ce dernier
partage les mêmes idées que Vidocq sur la réhabilitation des bagnards libérés.
Plus d’une fois, il a discrètement procuré du travail à un des protégés de
l’ancien chef de la Sûreté. De nombreux écrivains participent à ces réunions
comme Victor Hugo qui connaît Vidocq de longue date. Il a fait appel à lui pour
résoudre ses délicats problèmes d’adultères avec Léonie Biard, en 1845. Tout de
suite, il a été fasciné par son existence. Son personnage de Jean Valjean,
condamné au bagne pour avoir volé un pain, s’inspire directement de Boitel.
Quant au père Madeleine, fabricant de Montreuil-sur-Mer, il est le reflet de
Vidocq à Saint-Mandé. L’anecdote de Vidocq qui grâce à sa force colossale,
soulève la charrette qui allait écraser un de ses employés et lui sauve la vie
est reprise dans Les Misérables.
    De temps à autre, à la place de
l’écrivain consacré, c’est avec un jeune gandin qui cherche à percer dans le
journalisme et tâterait bien du roman, Eugène Sue, que Vidocq bavarde. Il lui
dévoile au cours de leurs discussions les dessous de la capitale et les
truculents personnages qui l’animent : Fil-de-soie, Fleur de Marie, la
Chouette.
    Le jeune homme, de retour chez lui,
se hâte de tout jeter pêle-mêle sur le papier avant de se coucher. C’est ainsi
qu’il construit son roman et que naîtront ses fameux Mystères de Paris.
    Parfois, l’atmosphère est toute à la
gourmandise et à la joie lorsqu’Alexandre Dumas, invité à souper, se met
carrément aux fourneaux. Un pied à la cuisine, passant une trogne réjouie dans
le salon pour ne rien perdre de la conversation, il mitonne une des recettes
dont il a le secret. Puis portant à bout de bras un plat fumant et toujours
délicieux au milieu de la table, il s’écrie :
    « Mes amis, je mange comme
j’écris. Et s’il est difficile de bien écrire, il est cent fois plus difficile
de bien manger. Dégustez vite les écrevisses à la D’Artagnan. » Mais il ne
compose pas que des menus, lui aussi questionne Vidocq. C’est ainsi qu’il s’inspire
de leurs conversations pour écrire Les Mohicans de Paris et Le Fils
du bagnard.
    De tous les écrivains qui assistent
à ces repas mondains et qui puisent dans le vivier de ses aventures, nul n’est
plus proche de Vidocq que Balzac. Entre eux, l’alchimie est immédiate.
L’écrivain aime animer ses romans d’éléments réels qu’il pêche dans sa vie
comme dans celle d’autrui. Vidocq, qu’il a surnommé le « Napoléon de la
Police », le « Haroun-Al-Rachid du bagne », est un de ses
modèles préférés. À table, il aime être son voisin et enregistre toutes les
anecdotes qu’il raconte sur le monde caché de Paris, de ses sociétés secrètes à
ses bas-fonds. Tous ces récits réapparaîtront dans son œuvre. Vidocq lui
inspire sa création la plus puissante, Vautrin, le héros maléfique de la Comédie
humaine, celui qui dirige la face sombre de la société. Chaque fois qu’ils
se rencontrent, le romancier s’amuse de la ressemblance de leurs profils, ils
ont le même « pif », renflé du bout et divisé en deux, qu’ils
surnomment leur nez gourmand. Ils repèrent les caractères véritables des
personnalités de l’époque, en particulier celles des escrocs et tombent
d’accord : « Nul n’exige de comptes d’un coquin lorsqu’il a
réussi. »
    Le romancier adore
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