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Vidocq - le Napoléon de la Police

Vidocq - le Napoléon de la Police

Titel: Vidocq - le Napoléon de la Police
Autoren: Marie-Hélène Parinaud
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Préambule
    Ce 10 mai 1857, un ciel bas et
noir, drainant des nuages épais et sombres s’appesantit sur la capitale. Une
moiteur lourde colle les vêtements des habitants, gênant leurs moindres gestes.
Toutes fenêtres ouvertes, ils espèrent de la fraîcheur.
    Le puissant roulement du tonnerre
qui se déchaîne sur Paris, fait sursauter les passants. Comme un mauvais
présage depuis le matin, une sombre masse de nuages s’est accumulée.
Brusquement un déluge de grêle s’abat sur les toits de la capitale, en un
crépitement aigu et menaçant.
     
    La porte s’ouvre et une servante
affolée se précipite dans la chambre.
    « Quel temps
épouvantable ! Je vais fermer la fenêtre.
    — Non ! » lui
intime d’une voix grave, le colosse qui gît, terrassé, au fond du lit.
    Comme revigoré par la fraîcheur
soudaine qui envahit la pièce, le malade trouve la force de se redresser sur
ses oreillers poissés de sueur. Tournant son visage vers ce souffle puissant,
il écoute rouler l’orage et rebondir la pluie contre les vitres et le plancher.
Son regard si morne quelques instants auparavant, s’éclairât au fur et à mesure
que les éléments se déchaînent. Quelques éclairs zèbrent une voûte devenue
soudain noire.
    « Un temps à ne pas mettre
un chrétien dehors », grommelle la servante, navrée devant son plancher
mouillé.
    « Le ciel m’appelle »,
murmure le mourant avec un léger rictus.
     
    Plus bas dans la rue, montent les
hennissements épouvantés des chevaux de fiacre, effrayés par les éclairs, et
les jurons avinés des cochers qui tentent de calmer leur attelage. Un roulement
plus puissant que les autres, ponctué de coups de foudre, disperse les rares
piétons qui se hasardent à cette heure tardive rue Saint-Pierre-Popincourt.
    Tandis qu’ils se hâtent vers un
abri, le moribond aspire quelques bouffées rafraîchissantes d’air humide,
apportées par le ciel. Malgré son épuisement, il paraît presque heureux, et se
laisse aller aux souvenirs :
     
     
    C’est par un ciel d’orage comme
celui-ci que je suis né, le 23 juillet 1775 à Arras. On m’a tellement raconté
cette naissance que j’ai l’impression de la revivre. Mon père est dans sa
boulangerie au 222, rue du Miroir-de-Venise, nous habitons au-dessus, à deux
pas de la maison natale de Robespierre, à l’ombre du beffroi.
    Toutes les voisines du boulanger
sont venues assister la sage-femme, une lointaine parente un peu voyante,
mademoiselle Lenormand. Elles ont tellement peur des grondements qu’elles ne
pensent qu’à invoquer la Vierge et à se mettre sous la protection de la sage
femme.
    Personne ne s’occupe plus de ma
pauvre mère. Lorsque la foudre tombe soudain, avec un fracas épouvantable,
elles crient si fort que ce n’est qu’après un long moment qu’elles entendent un
hurlement dominer leur panique. C’était moi.
    « Un garçon ! C’est un
vrai géant ! Regardez, on dirait un enfant de deux ans. » Tout en me
langeant, la sage-femme, tireuse de cartes, ne se contente pas d’apporter les
premiers soins au nouveau-né, elle pronostique mon destin.
    « Cet enfant fera du bruit dans
la ville, sa destinée sera orageuse et agitée. »
    Du bagne à la police, mademoiselle
Lenormand était bonne voyante.
    Plus tard, les habitants d’Arras se
rappelleront ses prédictions, surtout les plus néfastes…
     
     
    En bas, dans la rue d’autres cris
d’enfants montent jusqu’à la fenêtre de la chambre du deuxième étage.
     
     
    Mon enfance se passe à faire l’école
buissonnière et à me bagarrer avec mes camarades sur la place d’armes. En
raison de ma grande taille et de ma forte carrure, je les rosse toujours. À
huit ans, on me surnomme le « Vautrin », sanglier en patois, car je
leur fonce dessus pour les faire tomber. Comme je ne fais rien à l’école, mon
père décide de m’apprendre un métier :
    « Tu n’es qu’un bon à rien.
Comme tu es fort, je vais faire de toi, un mitron. »
    Le travail n’est pas difficile, une
grande toque blanche sur la tête, des paniers sous les bras, je livre pains et
gâteaux toute la journée.
    En fait, je me débarrasse au plus
vite de mes livraisons, ensuite je rejoins mes amis à la salle d’armes. Pendant
des années, mes parents ne se plaignent de rien et après tout quel mal peut-il
y avoir…
    « Il prend de l’exercice, il
canalise son énergie », dit mon père. Jamais un mitron n’a livré sa
marchandise avec
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