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Vengeance pour un mort

Vengeance pour un mort

Titel: Vengeance pour un mort
Autoren: Caroline Roe
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racontez-moi tout ce qui s’est passé depuis votre départ.
    — Ce qui s’est passé ? répéta-t-elle en le prenant par la main pour le conduire jusqu’à la fontaine. Beaucoup de choses, semble-t-il, très étranges parfois. Nous avons cru jusqu’au jour du mariage que celui-ci n’aurait pas lieu. D’abord, elle ne voulait pas de lui, ensuite c’est lui qui ne voulait plus d’elle. Et soudain, comme dans les chants des poètes, il n’y a jamais eu d’amants plus épris l’un de l’autre. Nous mis à part, bien entendu, ajouta-t-elle en se hissant sur la pointe des pieds pour lui donner un autre baiser.
    — Ainsi vous êtes allée à un mariage, et il a eu lieu. Et à part ça ?
    — Un mort est revenu à la vie, un enfant est né, je vous ai trouvé une belle paire de gants de femme et je vous les ai rapportés, papa et moi avons sauvé une petite fille du triste destin que sa mère connaît… Daniel, quand nous nous marierons, cela vous ennuierait-il que je l’amène ? Elle vous plaira. Elle est discrète et sérieuse.
    — Quand nous nous marierons ? Raquel, si cela se fait un jour, vous aurez tout ce qu’il est en mon pouvoir de vous donner. Et certainement une petite servante. Mais que fait donc sa mère ?
    — Chut, Daniel, murmura-t-elle, vous savez très bien de quoi je parle. Je n’oserais le dire même à voix basse. Je suis sûre que maman l’entendrait, et elle ne nous le pardonnerait jamais. Elle ne comprend pas grand-chose au monde.
    — Si, elle ne l’approuve pas, c’est tout. Mais si votre père et vous-même l’avez jugée assez bien pour la ramener de Perpignan, alors ce doit être une brave enfant. Mais dites-moi, Raquel, quand pouvons-nous nous marier ?
     
    — Je ne comprends pas, Isaac, dit Judith.
    Sa robe et sa chemise étaient accrochées à la patère et elle se tenait près de la bassine et du broc. La pièce était plongée dans la pénombre. Son corps souple, d’ordinaire si vif et agile, commençait à subir le déséquilibre occasionné par son ventre et ses seins gonflés.
    — Pourquoi la femme de Jacob a-t-elle accepté de laisser partir cette petite si elle est aussi bien que vous le dites ?
    — Je dirais plutôt que nous l’avons enlevée.
    Isaac était allongé sur le lit et il écoutait sa femme faire sa toilette puis oindre son corps d’huile parfumée.
    — Ruth ne l’avait engagée que parce que sa propre servante était souffrante. Il y avait beaucoup à faire pour le mariage, et de nombreux visiteurs. Chacun louait ses capacités, mais je ne crois pas que Ruth avait l’intention de la garder. De sorte que, lorsque sa mère est venue, nous avons établi un contrat dont tout le monde s’est trouvé satisfait. Mais assez parlé de servantes. Venez près de moi, ma mie.
    — Que voulez-vous dire, Isaac ? dit Judith en feignant la surprise. Je viens de sortir du lit et de faire ma toilette…
    — Je veux sentir sous mes doigts comme vous vous arrondissez. Ah, que j’aimerais vous voir, ma belle Judith !
    — Je suis si heureuse que vous soyez de retour, Isaac, dit-elle avant d’entrer dans le lit.

CHAPITRE XXIII
    Une autre lettre arriva de Perpignan, un mois après le mariage de David et de Bonafilla. Elle fut apportée chez le médecin par Duran, dont le séjour avait duré plusieurs semaines de plus que ce qui était initialement prévu. Un sévère rappel à l’ordre de sa famille l’avait ramené à Gérone, porteur de missives et de bons vœux de la part de tous.
    Le soleil était bas quand la lettre arriva, mais encore assez chaud pour que chacun se fût retrouvé dans la cour afin d’y bavarder jusqu’à l’heure du souper. Raquel s’arracha à sa conversation avec Daniel pour prendre la lettre et en briser le sceau.
    — Désirez-vous que je vous la lise en entier, papa ? demanda-t-elle.
    — Je t’en prie, répondit Isaac.
    — Voici ce qu’il dit : « Mon cher Isaac, maître Duran, qui demeure en ville depuis le mariage de Bonafilla et de David, repart demain pour Gérone et je profite de cette occasion pour vous adresser mes salutations. Nul doute qu’il vous mettra au courant de l’évolution de la cour qu’il mène auprès de la fille de Samiel Caracosa ; les nouvelles que je vous fais parvenir sont de peu d’intérêt pour un jeune homme amoureux.
    « Vous serez heureux d’apprendre que Don Arnau marche et monte à cheval aussi bien qu’il l’a jamais fait. Sa jambe s’est guérie de
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