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Vengeance pour un mort

Vengeance pour un mort

Titel: Vengeance pour un mort
Autoren: Caroline Roe
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des sabots sur les pavés. Elle se dirigea vers le portail et prit dans les siennes la main de son mari.
    — Je ne vous attendais pas si tôt, Isaac. Avez-vous mangé ? Qui est-ce ? ajouta-t-elle après un instant d’hésitation.
    — Nous avons chevauché comme le vent, ma mie. Vous m’avez tant manqué que nous avons à peine quitté nos mules pour dîner. Mais nous avons tout de même mangé. Quant à celle-ci, elle s’appelle Jacinta. C’est une petite servante intelligente, bonne et honnête. Nous vous l’avons trouvée à Perpignan.
    — À Perpignan ? Mais nous avons des servantes à Gérone. J’en ai déjà approché une ou deux. Où l’avez-vous dénichée ?
    — Dans la maison de mon ami, Jacob Bonjuhes. Bonafilla ayant amené sa propre servante avec elle, ils n’avaient plus besoin de celle-ci.
    Pâle, fatiguée par le voyage, Jacinta se tenait sur la réserve, pareille à un petit animal sauvage. Seuls ses yeux trahissaient son intérêt : jamais immobiles, ils examinaient la grande cour, la solide demeure de pierre, la fontaine. Ils se posèrent enfin sur la maîtresse des lieux.
    — Elle est très bonne à la cuisine, maman, dit Raquel, et elle s’occupe bien des enfants. Elle est très vive.
    Judith regarda la petite fille, qui la salua de la tête.
    — Tes parents étaient d’accord pour t’envoyer si loin de chez toi ?
    — Ma maman l’était, maîtresse, répondit Jacinta.
    — Et ton papa ?
    Raquel se crispa. Elle savait parfaitement comment sa mère réagirait à l’annonce de la vérité.
    — Mon papa est mort, maîtresse, répondit Jacinta au grand soulagement de Raquel. Ma maman a trouvé que c’était une si bonne place qu’elle a accepté de me laisser partir. Mais elle et maîtresse Raquel ont rédigé un contrat et elles l’ont signé pour que tout soit en ordre.
    — C’est bien. En quoi une place ici serait-elle meilleure qu’à Perpignan ?
    — Je crains que ce ne soit ma faute, maman, intervint Raquel. Quand nous aidions à la cuisine aux préparatifs de la noce, j’ai remarqué que Jacinta était habile de ses mains et qu’elle suivait si bien les instructions que j’ai suggéré que Naomi pourrait peut-être lui apprendre à cuisiner.
    — Aimerais-tu apprendre à cuisiner, Jacinta ?
    — Oui, maîtresse, beaucoup, répondit Jacinta avec sincérité.
    — Dans ce cas… Leah ne travaille pas beaucoup à la cuisine et le garçon ne sert à rien sinon à entretenir le feu. Leah !
    — Oui, maîtresse, dit celle-ci, déjà en route vers la cuisine pour bavarder avec Naomi.
    — Installe Jacinta. Quand elle sera débarbouillée, conduis-la à Naomi. Elle pourrait participer aux préparatifs du souper. Je ne m’en sens pas vraiment le courage.
    — Vous ne vous sentez pas bien, maman ?
    — Je vais très bien, fit Judith en bâillant, mais je somnole. Je crois que je vais aller me reposer. Et je vous suggère d’en faire tous autant, après un si long voyage.
     
    La cour se vida comme si des soldats avaient donné l’ordre de l’évacuer. Raquel monta dans sa chambre et ôta sa tenue de voyage avec soulagement. Elle se lava et passa des vêtements propres. Il était trop tôt pour rendre visite à qui que ce soit, trop tôt même pour envoyer un message. Autant faire ce que proposait sa mère. Elle s’étendit sur son lit.
    Une mouche tournait autour de sa tête, résolue à se poser. Raquel ne cessait de tressaillir. La dernière chose dont elle avait envie en ce moment, c’était un repos salutaire.
    Elle se releva, mit une robe vert pâle, dénoua ses cheveux et les secoua, puis elle prit son ouvrage et revint dans la cour. Elle était toujours déserte. Un murmure de conversation émanait de la cuisine ; en dehors du bruissement des feuilles, nul son ne venait rompre le silence.
    — On m’a dit que vous étiez rentrée, dit une voix au portail. Mais je n’avais pas la patience d’attendre un message.
     
    — Daniel, fit Raquel, dont les doigts tremblants ne parvenaient pas à lever la clenche. Je suis descendue vous en envoyer un, justement, mais il semble que tout le monde ait disparu.
    Le portail s’ouvrit enfin et Daniel entra. Raquel regarda autour d’elle s’il n’y avait personne puis elle jeta les bras autour de son cou.
    Après un long, long moment, Daniel se dégagea enfin de son étreinte.
    — Je me languissais tant de vous, Raquel. Nous avons été trop souvent séparés ces derniers mois. Mais
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