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Si je meurs au combat

Si je meurs au combat

Titel: Si je meurs au combat
Autoren: Tim OBrien
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été, nom de Dieu !
    — Mais chef, la loi dit que le fait de tuer des civils, c’est pas bien. Bon sang, même à l’armée, on apprend ça, non ?
    — Bien sûr que c’est pas bien de tuer des civils. Mais ces soi-disant civils sont des tueurs. Des femmes guerrières. Poppa-san, au milieu de sa rizière, en train de nous espionner.
    — Mais, chef, avec ce genre de philosophie, il faudrait abattre tous les civils vietnamiens, tous, sans exception. Franchement, comment on peut savoir si c’est ce Poppa-san-ci ou ce Poppa-san-là qui est un Viêt-cong ? Ils se ressemblent tous. Ils mettent tous des pyjamas noirs, ils travaillent dans les rizières et ils nous vendent des Coca. Bordel, à ce régime, on n’a qu’à aller à Nouc Man, le petit village, là-bas, près de la barrière, et on les descend tous.
    — C’est débile. T’exagères, là, c’est tout.
    —  Reductio ad absurdum. Suite logique, chef.
    — N’importe quoi ! Nouc Man, c’est clair que c’est pas My Lay 4, bordel de merde, et tu le sais. C’est pas un putain de champ de mines. Les gamins, à Nouc Man, ils passent pas leur temps à poser des pièges et à nous espionner.
    — Eh ben, là, c’est une sacrée hypothèse. Qui sait ? Si ça se trouve, toute la ville est viêt-cong. On serait les derniers à le savoir. Mais ce qui compte, là, chef, c’est qu’on ne peut pas dire que ces gamins de deux ans planquaient des mines à My Lai. On peut pas prouver que toutes ces femmes mortes espionnaient le lieutenant Calley. Allez-y, comment vous allez prouver ça, vous ? À moins que ça ne soit pas nécessaire.
    — Attends un peu, a fait Callicles. Tu vois pas qu’on est là pour essayer de gagner une guerre ? Est-ce que c’est tellement dur à capter ? On essaie juste de gagner une guerre et de rentrer à la maison. Je veux rentrer à la maison, tu veux rentrer à la maison, le général Abrams veut rentrer son cul au bercail. Mais bon Dieu, avec les communistes qui font des trucs comme ce qu’on a vu à Huê (14)  – tuer, faire de l’extorsion, voler du riz, coller des impôts mortels à tout le monde – alors qu’ils vivent à Pinkville, c’est vraiment là qu’ils vivent, qu’ils bouffent, qu’ils roupillent et qu’ils fabriquent des mines… Bon Dieu, quand tu vois ça, t’as pas le choix, tu te bats contre eux. Trouve-moi un peu une guerre…
    Une fois qu’ils ont terminé l’enquête de My Lai, le commandant Callicles a recommencé son délire sur les putes, les fumeurs et les tire-au-cul. Apparemment, il espérait voir l’armée revenir au professionnalisme de la Seconde Guerre mondiale. « Professionnalisme », en tout cas, était le terme qu’il utilisait le plus. Ce qu’il voulait, et ce pour quoi il se débattait comme un fou furieux, c’était un retour à l’« ancien ordre », mais la réalité, c’est que toutes ces coupes en brosse, ces tronches rasées de près, tous ces bons vieux fumeurs de clopes, ils n’étaient probablement pas plus professionnels que les gars du « nouvel ordre ». Les soupçons et les hypothèses de Callicles, au bout du compte, se résumaient au fait que le massacre de My Lai s’était peut-être bien passé exactement de la manière dont il avait été décrit dans Newsweek, mais cela n’empêchait pas que ce qui se trouvait à l’origine de tout ça, c’était la fumette, les putes et les cheveux longs – tous éléments qui révélaient au grand jour le déclin de la discipline. Cela contredisait toutes ses autres thèses, bien sûr, mais c’était ce qu’il croyait au plus profond de lui-même. C’était comme ça, il était en croisade.
    Callicles envoyait des officiers et des sous-officiers surveiller les barrières de la base, et il faisait fouiller toutes les Jeep qui entraient dans LZ Gator pour voir si elles ne transportaient pas d’herbe. Il restait parfois planté sous la pluie et passait des heures à mater dans les réservoirs à essence et sous les coussins des sièges.
    — Dis voir, soldat, tu fumes pas de l’herbe, hein ?
    — Non, chef !
    — Tu me le dirais, s’il y avait de l’herbe dans ce véhicule, hein ?
    — Oui, chef !
    — D’accord. Mais je vais quand même vérifier, question d’être sûr et certain qu’un sale Viêt-cong a pas planqué de l’herbe dans cette bagnole. Descends de là.
    Par moments, il y avait de longues files d’attente qui s’étiraient sur une cinquantaine de mètres,
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