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Si je meurs au combat

Si je meurs au combat

Titel: Si je meurs au combat
Autoren: Tim OBrien
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tu te renseignes un peu sur les mécanismes qui se trouvent derrière cette affaire. Ces putains de torchons, faut bien qu’ils vendent leur merde, non ? C’est pour ça qu’ils additionnent les deux plus gros trucs de cette culture hippie : les gens adorent les scandales, et puis ils détestent l’armée, parce qu’ils ne savent pas ce qui est bon pour eux. Rien dans la cervelle. Alors, voilà, ils matent un peu le spectacle et ils choisissent My Lai 4 – bordel, ça fait un an que ça s’est passé, tout ça, c’est fini, et puis ils font tourner leur petite machine de journaleux ; ils vendent un million de Time et de Newsweek, et là, ils se font un max de blé sur la pub, et qui est-ce qui morfle ? L’armée ! Pendant ce temps, ils sont tous en train de baver et de ramasser le pactole.
    Mais pour Callicles, c’était encore pire qu’un scandale, c’était un uppercut qu’il se prenait, lui, personnellement, en pleine poire.
    — Bon Dieu, O’Brien, je ne suis qu’un commandant en second parmi des centaines d’autres, ici, au ’Nam. Des bataillons comme le nôtre, il y en a des centaines. Et faut que ça tombe sur nous. Il y a un milliard de putains de My Lai 4, mais c’est nous qu’ils blâment.
    Quand Reuters, AP, CBS, ABC, UPI et NBC ont débarqué, Callicles les a emmenés dans son petit bureau et il leur a sorti ses trucs de gros caïd qu’il avait peaufinés avec nous, en privé, tout en leur faisant la grimace, l’œil injecté de sang.
    — Bon, moi, je croyais que la presse était de gauche  – de gauche. Peut-être que je suis pas de gauche, mais je connais deux ou trois trucs sur la question. Je suis jamais allé à la fac, mais je sais lire et je sais qu’on n’est pas censé faire ton procès dans les lignes d’un canard. C’est pour ça qu’on a des jurys, vous captez, c’est eux qui décident si un mec est coupable ou non, c’est la loi. C’est une idée de gauchiste, non ? Écoutez-moi une seconde : est-ce que c’est pas ça qu’ils disent, les gauchistes ? On n’insinue pas qu’un type est coupable, on ne fabrique pas sa culpabilité de toutes pièces, avant d’entrer au tribunal, quand toutes les preuves sont réunies, avec un juge, un jury et un sténographe qui met tout ça par écrit.
    Un reporter a déclaré que tout ce qu’ils faisaient, c’était publier les allégations d’autres militaires, des anciens bidasses.
    — Bordel, vous les croyez pas, quand même ? Un nabot se met à pousser des cris haut perchés, et tout le monde accourt pour créer un scandale à l’échelle nationale. On essaie de gagner une guerre, là, et bon Dieu, vous croyez que c’est quoi, la guerre, hein ? Vous pensez pas que des civils se font tuer ? Vous êtes déjà allés à My Lai ? Bon, ben je vais vous dire, moi, ces civils (c’est vous qui les appelez des « civils »), ils tuent des soldats américains. Ils enterrent des mines, ils nous espionnent, ils nous tirent dessus et ils nous tuent. Bien sûr, vous imprimez tous des photos couleur de petits garçons morts, mais ceux qui sont vivants… prenez des photos des gamins qui sont encore vivants et qui creusent des trous pour enterrer des mines.
    Un reporter lui a demandé s’il n’existait pas une différence entre tuer des types qu’on a clairement identifiés comme étant l’ennemi et massacrer une centaine de personnes, quand personne ne vous tire dessus, et quand on ne peut pas distinguer ceux qui foutent des mines des innocents.
    — Bon, maintenant, écoutez un peu, bordel, la différence, c’est entre la guerre et la paix, a répondu Callicles. Ici, c’est la guerre. Vous y connaissez quelque chose à la guerre, vous ! Notre boulot, c’est de tuer. Les pilotes de bombardiers, ils crament des civils – peut-être qu’ils les voient pas, mais ce qui est clair, c’est qu’ils le savent. Bon, c’est sûr, tout ce qu’ils font, c’est se balader là-haut et balancer leur chargement avant de rentrer à la maison, de s’envoyer une bière et d’aller se mater un film. Répondez juste à cette question : vous connaissez une seule guerre où les civils s’en sortent gagnants ? Il n’y en a pas. Pour la simple raison que la guerre, c’est un truc brutal– les civils morflent, c’est comme ça. C’est comme des soldats désarmés : ils sont trop cons, ils crèvent ; ils sont malins, ils courent, ils se planquent, ils vivent.
    Callicles faisait sortir les mots comme des
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