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Si je meurs au combat

Si je meurs au combat

Titel: Si je meurs au combat
Autoren: Tim OBrien
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les Charlies (2) , ils savent bien où on est, parce qu’ils nous ont tiré dessus toute la journée.
    — Je sais pas, réplique Barney. Peut-être qu’on va les prendre par surprise.
    — Qui ça ?
    — Les Charlies. Peut-être bien qu’on va les prendre par surprise, cette fois.
    — Tu déconnes ou quoi, Barney ?
    Il hausse les épaules et se met à glousser.
    — Je sais pas. Je commence à me sentir crevé, moi aussi. Peut-être qu’on va prendre les Charlies par surprise parce que, eux aussi, ils commencent à être crevés.
    — Crevés, je marmonne. On va les user, ces bâtards de Niakoués, pas vrai ?
    — En fait, ce chemin, il me paraît pas mal. Tu crois pas ? On le suit depuis ce matin et on n’a pas encore eu droit à une seule mine, pas le moindre signe.
    — Bonne raison pour se barrer de là vite fait, je grogne.
    — C’est quoi, ton problème, tu veux que ce soit toi qui la trouves, la mine ?
    — Nan, c’est pas ça que je voulais dire.
    — Eh ben, c’est un sacrément bon chemin, dans les parages, quand tu te fais pas exploser la tronche par une mine.
    — Ce qui veut dire que tôt ou tard on va en trouver une. Surtout avec les Charlies qui traînent de partout.
    La compagnie s’arrête. Le capitaine rejoint l’avant de la colonne et discute avec un lieutenant avant de reprendre sa place. Il demande l’émetteur radio et j’écoute ce qu’il raconte pendant qu’il appelle le quartier général du bataillon et qu’il explique qu’on a trouvé le village, qu’on s’apprête à boucler tout le coin et à fouiller le bled de fond en comble. C’est là que les sections forment leurs propres petites colonnes et partent dans les broussailles.
    Barney me demande :
    — C’est quoi, le nom de ce coin de merde ?
    — Je sais pas. Ça m’a jamais traversé l’esprit. Personne pense aux noms de ce genre de coins.
    — Je sais. C’est marrant, tu trouves pas ? Un jour, on va me demander où j’étais exactement, au Viêtnam, où les pires batailles se sont déroulées, et merde, qu’est-ce que je vais bien pouvoir répondre, moi ?
    — T’as qu’à répondre St Vith.
    — Quoi ? C’est ça, le nom de ce coin de merde ?
    — Ben ouais, c’est ça, le nom. Là, sur la carte. Tu veux y jeter un œil ?
    Il esquisse un sourire :
    — Qu’est-ce que ça peut faire, de toute manière, hein ? Tu dis St Vith, alors c’est sûrement ça. Je m’en souviendrai jamais. Ça va me prendre combien de temps pour que j’oublie ton nom à toi  ?
    Le capitaine nous rejoint et s’assied avec nous. On se fume une cigarette en attendant que les sections se dispersent tout autour du village.
    Quand Barney demande au capitaine Johansen si ça va prendre longtemps, le capitaine lui répond qu’il ne le pense pas.
    — Faut pas s’attendre à trouver quoi que ce soit, hein, chef ?
    Johansen se met à sourire.
    — J’en doute.
    — C’est aussi ce que pense O’Brien. Mais comme je lui disais, moi, on sait jamais, et si ça se trouve, les Niakoués, on va les prendre par surprise.
    — Bon Dieu, Barney, ils nous tirent dessus depuis ce matin. Comment tu comptes faire pour les prendre par surprise ?
    Je prends un air indigné. Fouiller ce bled pendant toute la journée, par une chaleur pareille, c’est une vraie perte de temps.
    Quand la section finit de boucler le coin, quand tout est bien ficelé, on rejoint la première section et on entre dans le village sur la pointe des pieds, en faisant bien attention, en passant délicatement au-dessus des pots remplis de riz, par-ci par-là, en faisant bien gaffe où on pose les pieds, gaffe aux mines, et on espère bien ne rien trouver du tout. Mais on finit par tomber sur des tunnels, trois entrées situées derrière trois paillotes.
    Un des lieutenants demande :
    — Bon, est-ce qu’il faut les fouiller ?
    — Pas moi, lieutenant, réplique Chip. On m’a déjà assez tiré dessus comme ça. Assez joué avec le feu pour aujourd’hui.
    — Personne t’a demandé de descendre.
    — Bon, ben pas la peine de me le demander non plus, chef, ajoute un autre gars.
    Tout le monde s’éloigne calmement du lieutenant. Il se retrouve tout seul près des trois entrées de tunnels, il y jette un œil, y bazarde de la terre d’un coup de botte avant de faire demi-tour.
    — Commence à faire trop noir pour aller fouiner dans les tunnels. Il y en a un de vous qui va me balancer une grenade là-dedans, dans chaque
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