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Si je meurs au combat

Si je meurs au combat

Titel: Si je meurs au combat
Autoren: Tim OBrien
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monticules funéraires indiens.
    Des Norvégiens, des Suédois, quelques Hollandais et quelques Allemands – les Géants de la Planète  – avaient confisqué les plaines des Sioux. Les pionniers avaient dû voir des plaines sans fin et décidé qu’il était temps de reposer leurs vieux os et de dire : « Ici comme ailleurs, du pareil au même. »
    La ville est devenue un coin pour les employés à la petite semaine. Et c’est aujourd’hui encore un coin pour les employés à la petite semaine – pas des habitants très spirituels, pas des habitants très philosophes.
    Ce sont ces mêmes habitants qui m’ont parlé de la Seconde Guerre mondiale. J’entendais tout ça, devant le tribunal, dans la bouche des gars qui l’avaient faite. Ils parlaient comme des durs. Jamais un mot sur les causes ou les raisons ; la guerre était juste, marmonnaient-ils, quand on leur demandait, et il fallait bien la faire. Ils parlaient de ventres remplis de plomb allemand, de la grande balade entre la Normandie et Berlin des fois où ils l’avaient échappé belle et de l’origine de balafres à peine visibles sur leurs bras poilus. Un peu plus tard, j’ai appris l’existence d’une autre guerre, une guerre péninsulaire, en Corée, une guerre aux tons grisâtres menée par les luthériens et les baptistes de la bourgade. J’ai appris l’existence de cette guerre quand le héros de la ville est rentré à la maison, dans une voiture décapotable, assis bien raide sur son siège, sans bouger, un ancien prisonnier de guerre.
    La bourgade s’était autobaptisée la Capitale mondiale de la Dinde. En septembre, le gouverneur et certains membres du Congrès ont débarqué en ville. Les gens ont fermé boutique et sont venus de leurs fermes. Ensemble, on a regardé les trombones et les chars en papier crépon qui faisaient une nouvelle Blitzkrieg dans la grande rue. Les fanfares et les chars représentaient Lismore, Sheldon, Tyler, Sibley et Jackson.
    Le jour de la Dinde atteignait son paroxysme quand les fermiers rassemblaient dans le centre-ville un milliard d’oiseaux qui se pavanaient, qui puaient, des oiseaux aux petits yeux sournois, et tout ce beau monde passait devant le vieux Café Gobbler, devant le magasin Woolworth, celui de Ben Franklin, et devant le garage Standard Oil. Les plumes, les crottes et le pop-corn se mélangeaient pour rendre hommage à la ville et à la prairie. On était jeune. On restait debout sur le trottoir et on tirait sur les animaux à coup de pistolets à pois secs.
    On écoutait Nelson Rockefeller, Harold Stassen et le commandant de la VFW (4) du Minnesota, on essayait de comprendre un peu ce qu’ils racontaient, et après on allait sur les manèges à vingt-cinq cents, sur la Pieuvre ou sur le Tilt-A-Whirl.
    J’étais nul au base-ball. Trop petit pour le football, pourtant j’ai tenu le coup pendant toutes les années de collège, espérant que quelque chose allait changer. Mais comme il ne se passait toujours rien, j’ai commencé à lire, j’ai lu Platon et Erich Fromm, les frères Hardy et suffisamment d’Aristote pour me faire préférer Platon. La bibliothèque de la ville était tranquille, pas un endroit très vivant – rien à voir avec le stade de foot un soir d’octobre, et pas un très bon substitut, rien à voir avec le plaisir de hurler et le désir de voir le sang couler, rien à voir avec la fierté d’appartenir à un groupe, rien à voir avec le plaisir jovial de la camaraderie.
    Je regardais les athlètes du haut des gradins, je les applaudissais lors des spectacles d’introduction aux matchs et j’espérais pouvoir être avec eux. J’allais aux bals du homecoming (5) , j’apprenais à conduire une voiture, j’étais membre des équipes de débats, je sortais avec des filles dans les cinémas en plein air, et après on allait au stand de sodas A & W
    J’ai commencé à m’intéresser à la politique. Un soir, j’ai mis un costume et je suis allé en voiture à la réunion de la Ligue des électrices, où je me suis ridiculisé et où j’ai ridiculisé certains candidats ainsi que la plupart des électrices en posant des questions sans réponse.
    J’ai essayé d’aller aux réunions du parti démocrate. J’avais lu que c’était le parti de gauche. Mais c’était futile. Je ne voyais pas la différence entre eux et ceux qui se trouvaient à quelques pâtés de maisons de là et qui faisaient la campagne de Nixon et de Cabot Lodge. J’avais
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