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Si je meurs au combat

Si je meurs au combat

Titel: Si je meurs au combat
Autoren: Tim OBrien
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trou. Vérifiez bien qu’ils s’écroulent complètement.
    Il va voir le capitaine et les deux hommes se concertent brièvement. Le soleil est en train de se coucher. Il n’est déjà plus possible de distinguer les couleurs de leurs visages et de leurs uniformes. Les deux officiers sont debout l’un à côté de l’autre, tête baissée, en train de mettre en place une tactique.
    — Fais-moi sauter ces putains de tunnels, fait l’un des gars. Bon Dieu, allez, on les fait sauter avant qu’il y en ait un qui décide de nous envoyer là-dedans.
    —  Attention, ça va péter !
    Trois explosions étouffées par la terre et le sable, et les entrées sont bloquées.
    —  Attention, ça va péter !
    Trois autres explosions, encore plus étouffées. Deux grenades dans chaque tunnel.
    — Plus personne qui va fouiller ces tunnels-là, maintenant.
    Tout le monde se marre.
    — Ils trouveraient que dalle, de toute manière. Un sac de riz, peut-être, quelques recharges de munitions, c’est tout.
    — Et peut-être aussi une putain de mine, hein ?
    — Ça vaut pas le coup. Pas le coup d’y risquer mon cul, en tout cas.
    — Bon, ben on est tranquilles, maintenant. Peinards. Plus moyen qu’ils nous envoient dans ces trois tunnels.
    —  Anciens tunnels.
    Une autre explosion, à cinquante mètres de là. Le capitaine se met à gueuler :
    — Bordel, faites chier, les gars. Arrêtez de balancer des grenades, là.
    Une succession d’explosions fait sauter des paillotes ; puis des éclats de lumière jaune et des bruits aiguisés comme des lames sortent des haies qui entourent le village. Des armes automatiques se mettent à retentir, des tirs de fusil, très courts, tout près de nous.
    — Tu vois, fait Barney, allongé à côté de moi, j’avais raison, on a fini par les trouver.
    — Pris par surprise, j’enchaîne. On les a fait sortir de leur trou.
    — Planquez-vous !
    — Planquez-vous !
    — Bon Dieu, réplique Barney, comme si ça se voyait pas ! Planquez-vous, mon cul.
    Il me regarde dans les yeux :
    — PLANQUEZ-VOUS !
    — Pour ce qui est de gueuler, tu te défends.
    — Merci. T’es touché ? T’as pas l’air.
    — Nan, mais je parie qu’ils en ont touché au moins un. C’était pas rien, merde.
    Les gars qui encerclent le village ripostent pendant plusieurs minutes, ils arrosent tout ce qu’ils peuvent à coups de M-16, de M-70, de M-14 et de M-60, sur le chemin, en direction des tirs ennemis, en direction d’où l’on vient d’arriver. Je demande :
    — Pourquoi est-ce qu’ils n’arrêtent pas de tirer ?
    — Pourquoi pas ?
    — Eh ben, nom de Dieu, ils vont jamais rien toucher.
    — CESSEZ LE FEU ! gueule le capitaine Johansen. Cessez le feu ! Ça va pas, non, les mecs ? Arrêtez de gâcher vos putains de munitions. J’AI DIT CESSEZ LE FEU !
    — Cessez le feu ! se mettent à brailler les lieutenants.
    — Cessez le feu ! braillent à leur tour les sergents de section.
    — Cessez le feu ! gueulent les chefs de groupe.
    — Eh ben ça, au moins, je dis à Barney, c’est ce que j’appelle la chaîne de commandement.
    Bates, l’un de nos potes, nous rejoint en courant pour nous demander comment ça va :
    — Il y en a bien au moins un qu’a dû se faire amocher pendant que ça tombait.
    Il tient son casque dans les mains et nous scrute du regard.
    — On ferait mieux d’aller jeter un œil par là-bas. C’est de là que venaient les grenades.
    Bates me regarde :
    — Les grenades ? T’es sûr que t’es pas dans la marine, toi ?
    — Pas complètement.
    — Pas complètement quoi ?
    — Pas complètement sûr que je suis pas dans la marine, bon Dieu.
    — Là, t’as raison, pas complètement, fait Bates. Ce qui vient de nous tomber dessus, c’étaient des tirs de mortier. Salves de mortier de quatre-vingt-deux millimètres.
    — T’es sûr ?
    Barney pose tout le temps cette question à tout le monde.
    — Eh ben, plutôt sûr, ouais, répond Bates. Parce que avant de me retrouver dans l’infanterie, j’étais tireur de mortier. Et ça, c’étaient des tirs de mortier.
    — On va passer une super-nuit, marmonne Barney avec un sourire de gosse.
    Sa peau ressemble à celle d’un petit frère encore tout bébé. Il enchaîne :
    — Comme je le disais, tout à l’heure, on va pas dormir des masses, ce soir.
    On se rend à l’endroit où les tirs de mortier ont explosé. Au milieu des paillotes en mille morceaux et
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