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Si je meurs au combat

Si je meurs au combat

Titel: Si je meurs au combat
Autoren: Tim OBrien
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des arbres éclatés, il y a des gars de la troisième section qui regardent quatre trous dans la terre.
    L’un des gars de la bande annonce :
    — Personne de blessé par chez nous. Coup de bol. On était tous assis, on se reposait. Si on avait été debout, au moment où ces trucs sont tombés, on était morts. Je veux dire, vraiment morts.
    Le gars s’assied sur son sac et s’ouvre une boîte de pêches.
    Le capitaine vient nous rejoindre au pas de course et nous demande s’il y a des blessés ou des morts, et le même gars lui répond par la négative.
    — On était tous assis, chef. On se reposait. On a eu du bol. On devrait se reposer plus. Pas vrai, chef ?
    — D’accord, très bien, répond le capitaine Johansen.
    Et il me donne l’ordre d’appeler le quartier général du bataillon.
    — Dis-leur juste qu’on bouge et qu’on va se poser pour la nuit. Pour l’instant, pas un mot sur la petite altercation qui vient d’avoir lieu. Pas vraiment envie de passer mon temps à faire le mariolle avec les hélicoptères qu’ils vont nous envoyer, parce que c’est ça qui nous pend au nez.
    On reprend nos sacs, nos fusils, et on quitte le village en formant une grande colonne pas trop organisée. Il n’y a que deux cents mètres à parcourir pour arriver à la petite colline boisée où on doit passer la nuit, mais quand on a fini de creuser nos trous et de bouffer nos Rations de Combat froides, il fait déjà nuit depuis un bon bout de temps. Cette nuit-là est pas aussi effrayante que d’autres. Il y a parfois un truc flippant dans l’air, on se dit que certains d’entre nous vont crever devant leur trou, ou alors en plein sommeil, mais cette nuit-là, tout le monde parle à voix basse, avec courage. Personne ne doute qu’on va se faire tirer dessus, et pourtant, même si on est sûrs et certains qu’on va devoir se battre, on ne ressent pas de véritable terreur. On n’a perdu personne aujourd’hui, même après huit heures de harcèlement, à se faire tirer dessus par des snipers. L’échec de l’ennemi pendant la journée nous aide à supporter ces heures nocturnes. On n’a plus qu’à attendre. On fait des tours de garde en faisant attention de ne pas allumer de clope. On attend comme ça pratiquement jusqu’à l’aube. Pendant la nuit, on n’aura droit qu’à une demi-douzaine de tirs de mortier et pas un seul obus ne viendra toucher notre campement.
    Quand le jour se lève, Bates, Barney et moi, on se cuisine tous les trois des rations C.
    — Faut que tu te rases, fait Bates à Barney.
    — Ce qu’il me faut, c’est une perme. Et puis aussi une femme. Tirer un coup, voilà ce qu’il me faut. Elle pourra me faire ça avec ou sans les rouflaquettes.
    — T’as pas de rouflaquettes, se marre Bates.
    Barney se frotte les joues afin de sentir ses poils.
    — Eh ben, bon Dieu, pourquoi que tu dis qu’il faut que je me rase, alors ?
    — Est-ce que ça t’arrive de te raser ?
    — Pas souvent, nan.
    Barney mélange ses œufs au jambon qui commencent à être chauds.
    Petit à petit, le campement reprend vie. C’est la chaleur qui nous réveille en nous grillant sous les ponchos en Nylon. Ensuite, les mouches. Les gars bougent tout doucement, allongés sur le dos pendant un petit bout de temps. Ils discutent en petits groupes. À cette heure-là, plus personne ne monte vraiment la garde. On regarde de temps en temps vers les broussailles, sans plus. Histoire de. C’est comme si on venait de se réveiller dans un service de cancérologie, personne n’a plus la moindre ambition, personne n’a plus la moindre obligation, plus aucun projet, aucune raison d’espérer ni de rêver à des jours meilleurs.
    — On a pas passé une si mauvaise nuit que ça, fait Barney. Je m’attendais à ce que l’armée rouge nous tombe dessus. Deux ou trois tirs de mortier de rien du tout.
    — Peut-être qu’ils sont à court de munitions, poursuit Bates.
    — Peut-être bien.
    Barney le regarde en se demandant s’il déconne.
    — C’est clair, on vient d’assiéger leur gentille petite ville et on les a épuisés. Une putain de guerre d’usure, voilà ce que c’est.
    Barney le fixe du regard.
    — Enfin, ils doivent quand même avoir encore quelques munitions de côté.
    — Sûrement.
    Je demande à Barney s’il a dormi.
    — Bien sûr que oui, enfin, je crois bien. Tu vois, à force de marcher du matin au soir, on fatigue, alors même l’armée rouge, elle
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