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Si je meurs au combat

Si je meurs au combat

Titel: Si je meurs au combat
Autoren: Tim OBrien
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traverser la rizière.
    Callicles marchait devant. L’éclaireur était derrière lui, ensuite, moi et la radio, et puis un mec de la compagnie Delta marchait en dernière position.
    C’était une marche d’une demi-heure. On a traîné dans la périphérie du village, jusqu’à ce que Callicles trouve un sentier où on pouvait tendre une embuscade.
    — Bon, allez, pose une mine Claymore, il a dit en parlant beaucoup trop fort, tout en me transperçant du regard, de manière à la fois autoritaire et narquoise.
    — On va voir si t’as vraiment déjà été au casse-pipe. Je suis sûr que t’en es capable.
    Il a rampé avec moi jusqu’au sentier et s’est penché sur mon épaule. J’ai posé la mine.
    — Merde alors, O’Brien, tu veux tuer des marmottes ? On essaie de se faire des Viêt-congs, pas des marmottes, bon sang !
    Il parlait trop et trop fort. L’éclaireur a rampé jusqu’à nous et nous a demandé ce qui clochait.
    — Bon Dieu de merde, O’Brien fait de la chasse à la marmotte, bordel. Il essaie de tuer des marmottes.
    Quand l’éclaireur a demandé qui était O’Brien, Callicles a explosé de rire et m’a donné un coup sur les fesses.
    — Ce soldat, là. Un gentil petit étudiant. Un bon gars, cela dit, même s’il sait pas poser une Claymore. T’as des couilles, O’Brien, merde, mais ça, je le savais déjà. Bon, allez, laisse-moi foutre ce truc, et puis on va en dégommer quelques-uns.
    Il a fait pointer la Claymore vers le ciel, alors je lui ai demandé s’il comptait chasser des aigles, mais il s’est contenté de grogner. Il est reparti du sentier en rampant et il a laissé le truc tel quel, complètement inutile.
    — Bon, maintenant, il y a plus qu’à attendre. Faut pas faire de bruit, pas le moindre bruit. Je commence à tirer, vous, vous attendez, et vous faites comme moi. Et oubliez pas de faire sauter cette putain de Claymore.
    Le commandant Callicles était couché sur le ventre et ne faisait plus le moindre bruit. Il pleuvait un peu, mais ça faisait du bien, c’était une pluie agréable, rassurante, parce que quand il faisait ce temps, les Viêt-congs n’avaient pas plus envie de partir à l’aventure que les soldats américains.
    Callicles n’a pas fait le moindre mouvement pendant toute une heure. Le mec de Delta est venu vers moi et m’a demandé si Callicles était défoncé. Je lui ai dit que oui, il s’est marré doucement et il a secoué la tête avant de retourner à sa place.
    Quelques minutes plus tard, le mec de la compagnie Delta est revenu me voir et a pointé le doigt sur le commandant Callicles :
    — Bon Dieu, soit il roupille, soit il est mort. Mate un peu, il a la tête bien posée de côté et il n’a pas fait un seul mouvement depuis qu’on est là.
    Callicles était à dix mètres de nous, à plat ventre, mais il faisait tellement noir qu’on ne pouvait pas distinguer son visage.
    — Merde, ma mère m’a toujours dit de faire gaffe à la picole. Est-ce que tu crois que je devrais lui balancer un caillou ?
    Il a réfléchi et en a conclu que s’il faisait ça, le commandant allait lui tirer dessus, alors il a regagné son poste.
    Au bout d’une heure, Callicles était debout, bien droit. Il est allé vers la Claymore, a redescendu le sentier et a jeté un coup d’œil sur le village.
    — Merde, O’Brien, y a pas de Viêt-congs à Tri Binh 4.
    Il a gueulé que c’était fini, comme un sergent instructeur qui braille sur ses nouvelles recrues.
    — Qui est-ce qui racontait que Tri Binh 4 était un coin tellement pourri ? Vous, les mecs, vous m’avez raconté tout un tas de conneries, ou quoi ? Bon Dieu ! Raboule-moi le matos explosif et allez hop, on se barre d’ici.
    Il est reparti comme un prince, tout en se parlant à lui-même :
    — Bon Dieu, et moi qui pensais que Tri Binh, c’était un coin chaud ! Je crois bien que je vais organiser une putain de fiesta, ici, demain soir, tout le monde pourra danser la valse et boire du punch, bon Dieu de bon Dieu. Merde alors, une petite partie de plaisir, le paradis, comme si on se baladait dans un beau petit champ de pâquerettes en plein cœur du Maryland !
    Le matin, le commandant du bataillon a réprimandé le commandant Callicles. La situation était tendue, mais après ça, le commandant faisait les cent pas dans son bureau, souriant et jetant des clins d’œil à tout le monde.
    — Tout ce qu’il faut, c’est des couilles, pas vrai,
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