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Mort d'une duchesse

Mort d'une duchesse

Titel: Mort d'une duchesse
Autoren: Elisabeth Eyre
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excessive philanthropie et un intérêt
sincère pour la justice ; et ceux qui étaient non seulement prêts mais
empressés de dénoncer ledit seigneur Paolo, et aussi leurs collègues, amis, ennemis,
officiers et grand-mères comme corrompus, perfides, sodomites et traîtres. Le
maréchal parvint toutefois à établir que le vieux Matteo Di Torre, dont la
rencontre avec un plat de coquilles Saint-Jacques était à l’origine de la
querelle entre les deux familles, était en effet assis à côté d’Ugo Bandini, mais
qu’à sa droite se trouvait le seigneur Paolo. La sagesse rétrospective est un merveilleux
clarificateur de situations.
    Sigismondo escorta au grand jour Leandro à travers les rues
de la ville jusqu’à la maison de son père, où il le remit à un Ugo incohérent
avec les mots «  Tutum patrio te limine sistam  », dont aucun
des deux hommes cette fois-ci ne remarqua qu’il s’agissait d’une citation des sortes Virgilianae  ; pas plus qu’ils ne réalisèrent que dans cette
promesse de Vénus à Enée, la déesse de l’Amour avait adopté l’un de ses
déguisements les plus intéressants en la personne de Sigismondo. Ugo étreignit
son fils, étreignit Sigismondo, étreignit à nouveau Leandro, puis les entraîna
tous deux sous les Titans qui, ce jour-là, paraissaient soutenir sans efforts
les armes des Bandini. Dans la relative intimité de sa bibliothèque, Bandini, après
avoir fait un effort herculéen pour briser les côtes de son fils dans une nouvelle
étreinte, pleura et remercia Sigismondo, puis, se rattrapant au dernier moment,
les saints et la Trinité. Il aurait volontiers donné la moitié de sa fortune à
Sigismondo, s’exclama-t-il, s’il n’avait pas dû la verser tout récemment à Il Lupo
et à sa bande. Ce qui restait, quoique négligeable, était à la disposition de
Sigismondo. Obligeant, celui-ci déclara que sa plus grande satisfaction avait
été de rendre Leandro à son père. Sur quoi Ugo saisit une chaîne en or massif, au
dessin d’une incroyable complexité, sertie en abondance de pierres précieuses, avec
des plaques émaillées représentant des animaux allégoriques, et la passa au cou
de Sigismondo, où elle trouva remarquablement sa place sur ses épaules et sa
poitrine.
    La fête qui eut lieu quelques jours après l’enterrement de
la duchesse se déroula en privé et sans ostentation excessive. Le duc s’attendait
à ce qu’Ippolyto reparte aussitôt après les funérailles, mais comme il avait
préféré rester et aller chasser avec dame Violante, on fut bien obligé de le
compter parmi les convives.
    Des représentants des Bandini et des Di Torre furent également
invités.
    Cosima, qui n’appréciait pas du tout de se retrouver à la
maison, était fort mécontente à l’idée de dîner une fois de plus avec sa tante
alors que tout le monde serait au palais. Depuis son retour, cette dernière n’avait
en effet cessé de lui poser des questions, comme si elle soupçonnait Cosima de
s’être enfuie pour passer une nuit avec deux hommes. La jeune fille se
demandait ce qu’elle allait devenir, et s’il lui arriverait jamais rien. Il n’y
avait aucune chance qu’elle revît Leandro, qui d’ailleurs, maintenant qu’il
savait qu’elle était une Di Torre, ne repenserait plus jamais à elle. Sigismondo
avait certes qualifié la querelle entre les deux familles d’artificielle, mais
les sentiments ne changent pas du jour au lendemain ; du moins chez les
hommes. Que lui aurait dit Leandro, l’autre soir, quand Sigismondo l’avait
empêché de s’approcher d’elle ? À   présent, bien sûr, il avait eu le
temps de se rendre compte de la gaucherie avec laquelle elle s’était comportée.
Il avait d’ailleurs aussitôt pensé qu’elle n’était qu’une fille du commun payée
par son père.
    Certes Sigismondo tairait au duc que Bandini et son propre
père avaient été à deux doigts de le trahir. Elle n’avait rien à craindre de ce
côté-là ; mais si son père devait un jour apprendre ce qu’elle, sa fille
pudique et cloîtrée, avait réellement fait, il déciderait sans nul doute que le
seul endroit qui lui convenait désormais était un couvent. Au moins, s’il
décidait un jour de la marier, elle jouirait de la liberté accordée aux épouses
et pourrait revoir Leandro. Mais il serait de loin préférable qu’elle cessât
pour de bon de penser à lui.
    La vieille femme de chambre que son père avait engagée
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