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Mort d'une duchesse

Mort d'une duchesse

Titel: Mort d'une duchesse
Autoren: Elisabeth Eyre
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portèrent à la périphérie
de la place, où se tenaient des archers nonchalants, debout, assis ou appuyés
contre un mur.
    — Sigismondo.
    — Seigneur.
    Il était tout près. Le vif mouvement de la tête du duc montra
qu’il le pensait à l’autre extrémité de la salle.
    — Ces hommes ?
    — Ce sont eux qui ont lancé les cris de «  Duca ! ».
    — Pouvons-nous savoir pourquoi ?
    — L’interprétation en est laissée à Votre Seigneurie.
    Le duc le dévisagea un moment, puis eut un bref hochement de
tête. Il se retourna et regagna la table avec détermination, comme s’il avait
décidé de tirer sur-le-champ la conclusion des témoignages qu’ils venaient d’entendre.
    — Mes seigneurs. Nous devons donc déduire de ce que
nous avons entendu que mon frère a stipendié un comédien afin qu’il fournisse à
la duchesse le prétexte de se retirer pour pouvoir coucher secrètement avec elle
pendant que la cour et moi-même assistions aux feux d’artifice ; et qu’ensuite
il l’a assassinée. Le nain semble avoir entendu mon frère placer Leandro Bandini
sur le lit. Pourquoi celui-ci n’a-t-il opposé aucune résistance ? Pourquoi
n’était-il plus là quand on a découvert le corps de la duchesse ?
    — Il a résisté, Votre Seigneurie. Mais il était drogué par
le vin que lui avait fait boire un des hommes du seigneur Paolo, lequel portait,
se souvient-il, une chaîne ornée d’un petit crâne.
    Tous regardèrent le collier, resté là où l’avait laissé Angelo.
    — Leandro Bandini n’avait pas tout à fait perdu conscience
quand on l’a amené dans la chambre de la duchesse. Le coup qu’il a reçu sur le
front a été causé soit par le miroir de madame la duchesse, soit par la chandelle
retrouvée par terre, mais ce n’est pas elle qui le lui a porté. On l’avait
assommé et dissimulé derrière les rideaux du lit avant que la duchesse ne
regagne sa chambre pendant le banquet.
    — Elle ne l’a pas vu ?
    — Il était étendu entre le lit et les rideaux, Votre Seigneurie.
Le seigneur Paolo, après avoir fait ce qu’il avait prévu de faire, poursuivit
Sigismondo d’un ton monotone qui parvint à réduire la portée de ses mots, n’eut
qu’à le soulever et à le placer sur le lit. Il n’était toutefois pas aussi
inconscient qu’on le croyait, car lorsque je lui ai parlé, il gardait un vague
souvenir de la duchesse étendue près de lui. Horrifié, il a essayé de recouvrer
ses esprits. Voulant sans doute s’éloigner de madame la duchesse, il est tombé
à terre, perdant à nouveau conscience, et c’est ainsi qu’on l’a retrouvé. J’ai
remarqué que les rideaux étaient tendus d’un côté du lit, comme si quelque
chose de lourd les retenait au sol.
    Le duc eut un rire désagréable.
    — Mon frère avait donc raison de le proclamer innocent.
Si je l’avais trouvé où il avait d’abord été placé, j’aurais son sang sur les
mains.
    Il considéra ses compagnons d’un air songeur, puis, s’adressant
au duc Ippolyto :
    — Alors, êtes-vous satisfait ? demanda-t-il.
    — Je n’ai pas d’autres questions. Elle a provoqué sa propre
mort, mon cousin, trompée comme nous tous par ce serpent.
    Ippolyto tendit ses mains fines aux os délicats pour prendre
celles du duc qui, l’observant de près et reconnaissant dans ses yeux ces
profondeurs ambre sombre qui l’avaient autrefois tant séduit dans ceux de sa
sœur, le serra contre lui pour dissimuler son désir de ne plus jamais le revoir.
Le cardinal sourit de voir de si grands hommes en paix, et remit en place son
lourd crucifix qui glissa sur la soie mauve moirée avant de se stabiliser. Sigismondo
avait disparu derrière le rideau de la porte, mais l’on entendait les graves
vibrations de son fredonnement.
    — Demain nous enterrerons la duchesse. Ce soir, dînons
ensemble pour célébrer le renouveau de notre alliance.
    Le cardinal tira parti de l’occasion et leva la main pour
les bénir.
    — L’amitié est plaisante à Dieu, mes fils. Puissiez-vous
prospérer en bonne harmonie.
    Toutes robes bruissantes, l’Église précéda les pouvoirs
temporels pour sortir, et le cardinal tendit d’un geste bienveillant son anneau
à Sigismondo, qui s’agenouilla pour le baiser.
    L’un des pouvoirs temporels, ayant raccompagné l’autre, demeura
sur le seuil et, d’un signe, rappela Sigismondo. Celui-ci ferma la porte et le
suivit. Le duc s’appuya contre la table dans les derniers
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