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Mort d'une duchesse

Mort d'une duchesse

Titel: Mort d'une duchesse
Autoren: Elisabeth Eyre
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en
remplacement de Sascha entra en la morigénant.
    — Allons, allons, nous n’avons pas le temps de rêver !
Vite, dépêchons ! Votre plus belle robe. Par ici, madame. Otez celle-ci.
    — Pourquoi…
    — Ce sont les ordres de votre père ! Depuis quand
demande-t-on : « Pourquoi ? », hein ?
    Troublée, Cosima commença à défaire ses lacets.
    Il Lupo, à qui le duc avait offert un joli magot et qui s’était
fort imbibé de vin en compagnie de Sigismondo-Martin et de Barley, monta
prudemment en selle et, couturé de cicatrices et l’humeur sombre, quitta la
ville à la tête de ses troupes pour rejoindre une prometteuse petite guerre
dans le Sud. Ses hommes avaient appris à Rocca une ballade sur Paolo le Bâtard,
dont on entendit au loin les derniers accents flottant dans l’air printanier du
soir.
    Lorsqu'arriva le soir et que la fête fut prête, plusieurs
problèmes avaient été résolus. L e festaiuolo Niccolo avait trouvé un
moyen de répartir le Mal, si malheureusement personnifié en feu le seigneur
Paolo, en sept péchés capitaux, ce qui lui permettait du même coup d’utiliser
les dents en métal de l’Envie. La Foi, l’Espoir et la Charité allaient
triompher des Péchés et un ange armé d’une épée jetant des flammes finirait par
les bannir du sol de Rocca. Pour les trois Vertus, on avait fait appel à des
talents locaux, et l’on espérait qu’aucun courtisan, et en particulier aucun
homme d’Église n’était un habitué de la maison où elles travaillaient, car dans
ce cas on eût trouvé à redire à ce qu’elles incarnent les Vertus. La propre
vertu du festaiuolo avait d’ailleurs été soumise à rude épreuve lorsque
l’opulente et dévorante patronne de ladite maison avait voulu le convaincre
avec fougue de lui attribuer le rôle de la Charité.
    Très peu de gens étaient au courant de l’adultère de la
duchesse défunte, et le festaiuolo était bien loin de songer que le duc
pourrait déceler une signification plus personnelle dans les cabrioles de la
Lubricité.
    Le plus bel effet était escompté de l’épée lançant des flammes
que brandirait l’ange au finale. Comme il eût été dommage de ne pas utiliser un
tel visage, le festaiuolo avait décidé de reprendre le danseur qui avait
fait si mauvais effet dans le rôle de l’Homme sauvage.
    Il existait certes un risque, s’il buvait trop cette fois encore,
qu’il mette le feu aux Vices avec l’étoupe enflammée de l’épée. Il y avait eu à
vrai dire, pendant les répétitions, quand par exemple la Gourmandise avait
trouvé amusant de faire tourner à plusieurs reprises son faux ventre autour de
la taille pour se le carrer sur le derrière, des moments où le cœur de Niccolo
aurait ardemment souhaité assister à un tel spectacle.
    D’autres problèmes avaient été résolus par des personnages
plus importants que Niccolo. Le duc Ippolyto et dame Violante, poussés par des
raisons identiques à souhaiter apparaître sous leur meilleur jour, décidèrent d’alléger
le deuil  – l’un de sa sœur adultère, l’autre d’une belle-mère détestée
 – que les convenances les contraignaient à respecter. Le duc Ippolyto
adopta donc une tenue lie-de-vin si sombre qu’au premier regard on la pensait noire,
avant de s’apercevoir qu’elle semblait brûler d’un feu intérieur. Il s’apprêtait
à entamer des négociations avec le cardinal Pontano afin d’obtenir une dispense
lui permettant d’épouser la fille de son beau-frère, car depuis qu’elle lui
était tombée dessus au pied de l’échafaud et qu’ils avaient lutté, lui pour
pouvoir se servir de son épée, elle pour l’en empêcher, il avait été séduit au
plus haut point par l’idée d’un autre genre de corps à corps avec elle.
    Dame Violante avait opté pour un mauve profond mettant en valeur
la pâleur de sa peau et la blondeur de ses cheveux. Tournant et retournant les
bijoux disposés sur la table par sa camériste, elle fit la grimace devant le jais
et les perles de ceux réservés au deuil et choisit une croix en perles et
diamants qui produisait un effet magnifique sur sa poitrine. Sa suivante savait
l’avoir déjà vue, mais ne se souvint pas que c’était autour du cou de la
duchesse Maria, la gente dame qui avait élevé Violante comme sa propre fille.
    Alors que ces délicates questions étaient encore débattues, le
duc convoqua les chefs des deux familles rivales et leurs enfants. Il les
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