Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Mort d'une duchesse

Mort d'une duchesse

Titel: Mort d'une duchesse
Autoren: Elisabeth Eyre
Vom Netzwerk:
voir. Celui-ci
se pencha par-dessus la balustrade de pierre et, étrécissant les yeux, examina
le sol.
    — Le toit, lança Jacopo. Ils sont entrés par le toit.
    Prenant tout son temps, l’homme à la carrure imposante se
retourna, s’assit sur la balustrade et, un bras passé autour de la colonne ionique,
se pencha et fit courir son regard sur le toit, sur les tuiles faîtières et les
joubarbes.
    — Il est possible, tout à fait possible, de sauter sur
notre toit depuis la maison voisine. C’est la seule façon dont ils aient pu
entrer. Nous avons de hauts murs, et fermons les grilles de la cour à la barre
pour la nuit.
    — En tout cas ils n’ont pas pu repartir par-là, puisqu’ils
devaient transporter la fille.
    Le toit paraissait en effet impraticable pour un individu
chargé d’enlever une jeune fille qui se débattait, et impossible le saut
nécessaire pour rejoindre celui de la maison voisine.
    — Bien sûr que non. Bien sûr que non. Ils sont partis
par une petite porte donnant sur la rue. Un serviteur en a trouvé la barre ôtée
ce matin.
    — Qui était-ce ?
    Un homme s’avança, le visage rougi d’importance, et, autorisé
par un geste de son maître, prit la parole, tandis que les autres approuvaient
un récit qui n’avait plus rien de nouveau pour eux.
    — Comme il est de mon devoir, chaque matin, d’aller
chercher du bois pour la cuisine dans la réserve de la cour, j’ai remarqué en
passant devant cette porte que la barre en était retirée, ce qui n’arrive
jamais, du fait que nous ne l’utilisons pas, et c’est alors que j’ai vu…
    Sur quoi il se tut, s’attendant de toute évidence qu’on lui
demande ce qu’il avait vu. Constatant que l’émissaire le fixait en silence, il
s’empressa de conclure :
    — J’ai vu… ceci !
    Il exhiba ce qu’il tenait jusqu’alors chiffonné dans sa main,
un bout de tissu rouge et jaune déchiré.
    Jacopo le lui arracha des doigts et le tendit, frissonnant, à
l’émissaire, assez près de son visage pour lui permettre, si telle avait été
son intention, de le renifler.
    — Vous voyez ! Vous voyez ?
    L’émissaire aurait eu du mal à ne pas voir le tissu brandi
sous son nez, mais il demeura impassible.
    — Vous voyez ? J’ai dit au duc que je tenais une preuve.
C’est le noble, l’honorable Ugo Bandini qui a enlevé ma fille ! Ce sont là
ses couleurs !
    L’émissaire saisit le bout de tissu et l’étira entre ses doigts
tout en l’examinant d’un air détaché. Il fredonnait.
    — Où a-t-on trouvé cela ?
    — Accroché à un clou, messire, juste à côté de la porte.
    — Le scélérat doit être jugé !
    Jacopo reprit le tissu des mains de l’émissaire. Son
indignation suscita un écho respectueux, une approbation houleuse parmi les
serviteurs. L’étranger leva à nouveau les yeux pour les examiner.
    — Il manque votre fille, seulement ?
    Ce seulement fit se redresser Jacopo.
    — Sa femme de chambre aussi, il est vrai, a disparu. Elle
dormait ici, naturellement. Une esclave circassienne.
    Un bref geste de la main indiqua la paillasse contre le mur.
    — Ils ont dû l’emmener de peur qu’elle ne nous décrive
leurs visages.
    — Elle non plus n’a pas fait de bruit.
    Le blanc des yeux de Jacopo parut s’élargir tandis qu’il
fixait l’émissaire.
    — Bâillonnées ! On les a bâillonnées ! Tirées
de leur lit, emmenées de sous mon toit. Qui d’autre qu’Ugo Bandini enfreindrait
les ordres du duc avec un tel mépris ? Il a commis ce forfait pour
empêcher que ma fille épouse son scélérat de fils. Je reconnais volontiers…
    Il tendit les bras comme un homme qui n’hésite pas à
reconnaître ses fautes.
    — … ne pas désirer plus que lui ce mariage, mais moi, j’obéis
au duc. Le duc doit contraindre Ugo Bandini à avouer son crime. Qui d’autre que
lui serait capable de perpétrer un forfait pareil ?
    — Des brigands, pour une rançon ?
    — Des brigands !
    La voix de Jacopo se brisa ; puis il parut considérer cette
idée pour la première fois, et elle n’eut pas l’air de lui plaire. Les
serviteurs discutèrent entre eux en chuchotant, tandis que la vieille tante
reprenait ses gémissements et que l’émissaire attendait, la tête penchée de
côté.
    — Vous n’y croyez pas, messire. On dit pourtant que
vous êtes l’homme le plus riche de la ville. Après messire Ugo.
    Devant cette calomnie, Jacopo explosa une fois encore, brandissant
le
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher