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Mort d'une duchesse

Mort d'une duchesse

Titel: Mort d'une duchesse
Autoren: Elisabeth Eyre
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un objet inébranlable, la
contournait avec respect avant de s’éloigner paresseusement en direction de la
mer, à peine visible à l’horizon.
    Au terme de leur marche, Benno reçut la réponse à la
question qu’il s’était abstenu de poser. Ils avaient atteint la porte orientale
de la ville, non loin de la maison de Di Torre, et Sigismondo entama une
conversation avec les gardes.
    S’il se fondait sur l’expérience qu’il avait eue de lui jusqu’ici,
Benno aurait pu croire que la bonne humeur était au-delà des capacités, ou même
des souhaits, de Sigismondo. Or à présent, conversant aimablement avec les
gardes, il était tout sourire. Il racontait des plaisanteries. Chacun pouvait
constater qu’il avait de bonnes dents. En douze minutes il avait établi que les
gardes prenaient leur travail à cœur car ils en répondaient devant le maréchal
du duc, un homme en qui le lait de la bonté humaine était depuis longtemps tari.
En raison de l’intérêt que le duc Francisco de Castelnuovo manifestait envers
Rocca, les gardes tenaient un registre de qui entrait et qui sortait. Pas d’étrangers
ce matin, aucun cavalier, uniquement les vendeurs du marché et les charbonniers ;
et la charrette à purin de la maison Di Torre qui était sortie comme chaque semaine.
    — Çui-là, l’est trop mauvais pour payer les boueurs de
la cité. Toute sa merde doit retourner sur ses terres.
    — Rien d’inhabituel avec cette charrette, hein ? Pas
d’escorte d’anges ?
    Tout se passait si bien qu’ils faillirent oublier d’enregistrer
l’entrée d’un vendeur de pigeons et d’un nain venu des collines.
    Sigismondo les quitta et demanda à Benno de lui montrer le
plus court chemin pour rejoindre la porte suivante. Benno ferma la bouche et
entraîna Sigismondo par cours, ruelles et venelles voûtées, à travers une
église, deux jardins potagers, la cour d’un charpentier et une placette peuplée
de lavandières qui, tout en battant le linge sur les lavoirs, se livrèrent à d’intéressantes
allusions sur la relation entre les deux hommes, lesquels finirent par
déboucher dans une grande rue où Benno s’arrêta en souriant avec fierté. Il fut
gratifié d’un fredonnement approbateur sur trois notes majeures descendantes, et
d’un serrement d’épaule.
    Cette porte-ci était très animée. Cela prit plus longtemps, mais
Sigismondo s’appuya au soleil contre le mur, acheta des amandes à un vendeur
ambulant et les distribua, tout en se livrant à des remarques sur les passants,
sur la succulence de deux filles qui s’éloignaient, et sur la généalogie du
maréchal du duc. Bientôt il avait noué conversation.
    Par cette porte, qui donnait sur la route conduisant à une
autre ville appartenant au duc, beaucoup passaient.
    Tôt le matin, oui en effet, il était plus facile de remarquer
les gens. La seule sortie inhabituelle, et donc remarquable, ayant eu lieu ce
matin, par exemple, était celle d’une litière fermée escortée par un dominicain.
    Elle était en mauvais état, les rideaux défraîchis, et leur
dentelle tout comme les harnais des chevaux avaient été raccommodés avec de la
filasse tournée. Le moine emmenait sa vieille tante mourir parmi les siens, et
le cocher de la litière n’était pas suffisamment rémunéré pour faire montre de
bonne humeur.
    À la troisième porte était posté le cousin de Benno, Nardo, doué
de naissance d’une insatiable curiosité et d’une langue bien pendue. Il voulut
savoir ce que faisait Benno, à errer ainsi dans les rues. Benno prétendit chercher
du travail, puisqu’il croyait bien ne pas en avoir. Nardo prit la peine de lui
expliquer en quoi son travail à lui se situait hors des capacités
intellectuelles de Benno, et celui-ci l’écouta, yeux écarquillés et bouche bée,
décrire les difficultés qu’il comportait.
    — Dois-tu te souvenir de choses comme qui est entré et
qui est sorti ?
    Non seulement Nardo devait se souvenir de toutes les allées
et venues, mais on s’apercevait en outre qu’il était doué d’une mémoire
prodigieuse. Devant l’incrédulité ébahie de Benno, il lui récita toute la
circulation du jour. Là encore, Sigismondo s’adossa au mur et écouta. Une fois
de plus, il avait trouvé un rayon de soleil qui dorait son visage et projetait
l’ombre surprenante de ses cils sur ses joues. La liste de Nardo présentait
certaines des propriétés de l’infini, mais l’expression de Benno ne changea
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