Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Mort d'une duchesse

Mort d'une duchesse

Titel: Mort d'une duchesse
Autoren: Elisabeth Eyre
Vom Netzwerk:
robe.
    Benno se remit debout et examina les alentours.
    — Pas de cape.
    Sigismondo l’avait déjà remarqué.
    — On aurait pu voir la robe ; on aurait pu
l’apercevoir comme on a entr’aperçu la livrée du cavalier.
    À l’évocation des Bandini, Benno serra les poings, mais
avant qu’il puisse parler, Sigismondo se pencha en avant et entreprit de
défaire la robe de la jeune fille.
    — Que faites-vous ?
    — Si tu es mon serviteur, ne me demande jamais ce que
je fais. Mais pour cette fois, je vais te le dire. Nous cherchons d’éventuelles
blessures.
    Benno se rapprocha et aida à ôter la robe et la chemise. Il
regarda la gorge contusionnée, les cuisses ensanglantées et dit :
    — Ces misérables Bandini ! Mais il est vrai qu’elle
n’était qu’une esclave. C’est le sort réservé aux serviteurs, pas vrai ?
    Sigismondo repassa la robe au cadavre et enveloppa sa tête
dans la chemise. Puis il croisa les mains de la jeune fille sur sa poitrine et,
s’agenouillant, ôta son capuchon. À nouveau surpris, cette fois par le crâne entièrement
rasé de son nouveau maître, Benno s’agenouilla comme un automate, et tandis que
Sigismondo récitait quelques phrases en latin, se contenta de l’observer et
oublia de dire : « Amen. » Sigismondo le regarda et Benno s’empressa
de refermer la bouche.
    Cependant son visage avait posé la question, et Sigismondo, fredonnant
d’un air amusé, passa une main sur son crâne brun et nu.
    — Je ne suis pas prêtre, non.
    Il n’en dit pas plus. Ensuite ils regagnèrent la ville, Sigismondo
tenant la jeune fille serrée contre lui sous son manteau tandis que Benno
marchait à côté du cheval, inconscient des traînées que laissaient les larmes sur
la crasse de son visage.
    Sigismondo réclama une couverture à l’aubergiste qui leur
avait loué le cheval puis se rendit au palais, où il demanda une audience
privée avec le duc. Qu’elle lui soit accordée sur-le-champ fit s’affaisser une
fois encore la mâchoire de Benno. Il trottinait derrière son maître, tournant
sans arrêt la tête pour admirer les colonnes peintes, les frises, les statues
et les tapisseries, et finit par buter contre son dos lorsque Sigismondo s’arrêta
devant une porte. Pendant que l’on faisait entrer celui-ci, Benno considéra, bouche
bée, l’encadrement en marbre de la porte puis, lorsque le garde lui suggéra
sans ménagement de débarrasser les parages de sa personne, il recula à l’écart.
Il tâta sa poche à la recherche d’un vieux bonbon qui avait adhéré à la
doublure, le décolla et le mit dans sa bouche. Tout en le suçant bruyamment, il
se balança sur les talons pour admirer à son aise le plafond voûté dont les
feuilles d’or luisaient à la clarté des torches. Il y avait des piliers où s’enroulaient
des guirlandes de feuilles de chêne peintes, des tapisseries de scènes de chasse
qui ondoyaient dans les courants d’air et dont les personnages donnaient l’impression
de se mouvoir.
    Il y avait des guirlandes de laurier, nouées avec des rubans
écarlates, que des serviteurs étaient en train de fixer au fronton de la
galerie courant à mi-hauteur ; ils s’acquittaient de leur tâche sans les
querelles et les cris auxquels Benno était habitué chez les Di Torre. Il admirait
les lisses losanges blancs et noirs du sol lorsque, entendant une voix
familière, il se retira prudemment dans le premier coin d’ombre.
    Jacopo Di Torre venait d’arriver, soutenu par son secrétaire,
un homme qui aurait paru chez lui dans le terrier d’une belette et qui avait
délibérément planté la pointe de sa plume dans la main de Benno un jour que celui-ci
l’avait dérangé dans son travail. L’accompagnait par ailleurs son intendant, qui
avait pour habitude de flanquer des coups de pied à Benno chaque fois qu’il le
voyait. Benno se fondit dans l’ombre.
    En quelques heures, son ancien maître était devenu un autre
homme. Le chagrin avait vilainement marqué son visage, dont il avait creusé les
joues et gonflé les yeux et le nez. Jusqu’aux cheveux qui, dépassant du chapeau
de velours, paraissaient plus gris qu’auparavant. Mais soudain les paupières
enflées se relevèrent et au chagrin succéda la colère ; le secrétaire et l’intendant
qui l’avaient soutenu s’efforçaient à présent de le maîtriser : Ugo
Bandini avançait avec une lenteur méprisante, le manteau de fourrure traînant
sur le marbre, des pages en rouge
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher