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Mort d'une duchesse

Mort d'une duchesse

Titel: Mort d'une duchesse
Autoren: Elisabeth Eyre
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une forte ressemblance avec
le duc, par les traits du visage mais aussi par une minceur qui se remarquait
même dans leurs mains, identiques jusqu’à la forme des ongles. Ils partageaient
cet évasement des narines indiquant un tempérament emporté, même si le seigneur
Paolo, demi-frère du duc, était réputé pour sa gentillesse. Il se distinguait
de ce dernier par la forme et la couleur de ses yeux, des yeux sombres rendus
mélancoliques par un curieux affaissement de la paupière supérieure, ainsi que
par son teint olivâtre et ses cheveux bruns.
    Ceux-ci, que l’on savait dégarnis bien qu’ils fussent en
partie dissimulés par la fourrure du chapeau, accentuaient encore la différence
d’âge qui le séparait de son cadet le duc, et qui n’était en réalité que de
deux ans.
    — Sigismondo ? fit-il en s’arrêtant devant ce dernier.
    — Mon seigneur.
    — Il me semblait bien que c’était vous.
    Le seigneur Paolo sourit, d’un sourire qui n’atteignait pas
les yeux tristes.
    — Je suis heureux d’avoir l’occasion de vous remercier.
    — Seigneur ?
    — Vous avez sauvé la vie de mon frère. Tout Rocca vous
doit des remerciements. Vous aimez la modestie, mais le fait ne doit pas vous
avoir échappé. J’ai appris qu’il vous employait désormais comme son agent ?
    D’un geste, il éloigna son entourage hors d’ouïe.
    — C’est sans doute en rapport avec cette regrettable affaire
de rivalité entre deux familles ?
    — Sa Seigneurie aurait-elle mentionné la mort de Matteo
Di Torre ?
    S’il n’échappa pas au seigneur Paolo que l’on avait répondu
à sa question par une autre question, il se contenta de rire.
    — Hélas ! Je vais vous paraître sans cœur, je sais,
mais j’étais assis à côté de lui au banquet. Les trompettes ont sonné pour le
toast à Sa Seigneurie, et le pauvre Matteo, au lieu de se lever avec nous, a
plongé tête la première dans son assiette de coquilles Saint-Jacques. Naturellement,
son cousin Jacopo a aussitôt songé à un empoisonnement, vu qu’un Bandini était
assis de l’autre côté de Matteo, mais moi… moi, j’ai pensé aux coquillages, et
je n’ai pas fini mes excellentes Saint-Jacques.
    Cette fois, l’œil avait souri, et le visage de Sigismondo,
sombre de nature, s’éclaira à son tour.
    — Et la disparition de cette fille ? Je suppose
que ce sont les Bandini ; quoique la façon dont ils ont pu s’en emparer
demeure pour moi un mystère. Les filles de grande famille sont placées sous une
telle surveillance !
    Qu’avez-vous découvert ?
    Sigismondo sourit à nouveau, haussa les épaules et écarta
les mains.
    — Rien d’utile, mon seigneur.
    — Mais quoi, alors, d’inutile ?
    Un page vêtu de vert et blanc arriva en courant et, apercevant
le seigneur Paolo, s’approcha et s’inclina.
    — On m’attend.
    Le seigneur Paolo gagna la porte.
    — Sa Seigneurie n’est guère patiente. Nous parlerons
plus tard.
    Sigismondo rejoignit Benno à l’endroit où il l’avait laissé,
mais il n’avait plus de chien.
    — Tu as trouvé un rosier ?
    — Un jeune gentilhomme fort aimable est passé en chaise
à porteurs au moment où je me faisais jeter dehors. Il a arrêté ses gens et m’a
demandé ce que je faisais avec le chien. Il m’a fait conduire auprès du jardinier
par son valet et a donné des ordres pour le rosier. C’est le neveu du duc, un
estropié, le fils du seigneur Paolo. C’est la première fois que je le vois, d’habitude
il ne sort pas.
    Sigismondo approuva tout cela d’un fredonnement.
    Tandis qu’ils descendaient la large déclivité pavée, Benno
commença à parler mais, levant les yeux vers le visage sombre et quelque peu
massif de Sigismondo, il se tut et trottina à son côté en silence. Ils
quittèrent le castello par le tunnel du corps de garde et débouchèrent
au-dessus de la bigarrure corail et or des toits de tuiles, ponctuée par les
hautes flèches des églises et les tours de palais plus modestes. Au-delà on
voyait des champs et le long mur d’enceinte avec ses portes et ses tourelles ;
au-delà encore, vers le nord, s’étendait la campagne, avec les taches brunes
des forêts et les ondulations des collines. Le fleuve qui, au cours des siècles,
s’était ménagé un passage à travers leurs contreforts était venu, dans son
parcours sinueux au fond de la vallée, buter contre l’assise rocheuse sur laquelle
était construite Rocca et, sachant reconnaître
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