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Mort d'une duchesse

Mort d'une duchesse

Titel: Mort d'une duchesse
Autoren: Elisabeth Eyre
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noir.
    — Oui. Biondello a fait ce qu’il a pu.
    Il berça le chien dans ses bras, penchant la tête vers lui
et chantonnant comme une fillette avec sa poupée.
    Le geste fît retomber la tête de l’animal, découvrant l’entaille
en travers de sa gorge. Du sang souillait le blanc poitrail, et il y en avait
aussi sur les crocs.
    — Qui c’est le bon toutou, hé ?
    Jacopo, planté avec raideur au côté de l’émissaire, émit un
son étrange.
    — Elle a été enlevée ! On a enlevé ma fille !
    De toute évidence, il avait fallu la vision du petit chien
mort pour qu’il mesure vraiment ce qu’il ne cessait de claironner depuis son
réveil. Sa sœur et une poignée de serviteurs durent le raccompagner, gémissant
et se lamentant, à l’intérieur de la maison. Mais à peine le petit groupe
finissait de franchir la porte qu’il en ressortait soudain et que Jacopo
réapparaissait sur le seuil, doigt tendu.
    — Toi ! Benno ! Dehors ! Va-t’en ! Et
que je ne te revoie plus à ma porte !
    Tandis qu’il s’engouffrait à l’intérieur, il fut évident que
quelqu’un avait commis une bévue : le chien, le serviteur congédié, ou le
maître lui-même.

 
CHAPITRE II
« Ce ne sont pas ses mains »
    Sans se soucier de ces démêlés, l’émissaire continua à
scruter la rue et la cour, observé à distance prudente, de l’extérieur des
grilles, par Benno, lequel caressait toujours le chien mort. L’émissaire
examina la charrette à purin, ses limons calés par un tréteau, sa benne
calfatée de brai mais d’une propreté douteuse, et s’apprêta à partir. Il fit
transmettre, par un de ceux qui trouvaient encore le temps de le regarder
par-dessus la demi-porte de la cuisine, un message au maître, lui présentant
ses compliments et l’informant qu’un rapport détaillé serait transmis au duc. À
l’entrée de la cour, Benno serrait le chien dans ses bras, la tête de l’animal
sous son menton. Il se proposa pour aller chercher le cheval de l’émissaire.
    — Je n’ai pas de cheval.
    Les grands yeux d’un brun boueux affichèrent une incompréhension
totale.
    — Vous êtes l’homme du duc  – maître
Sigismondo ?
    — Je suis en effet, pour le moment, l’homme du duc.
    — Où est votre cheval ? Où est votre serviteur ?
    — Je suis venu à pied. On voit plus de choses à pied. Pas
de serviteur. Les serviteurs parlent trop.
    La voix grave fournissait ces informations d’un ton neutre, ni
affable ni hostile. Le benêt se rapprocha, le chien paraissant gigoter entre
ses bras tandis qu’il le serrait contre lui.
    — Je serai votre serviteur.
    L’émissaire étudia ce bel exemple d’opportunisme.
    — Je ne parle pas trop, précisa Benno.
    — Montre-moi où tu as trouvé le chien, répliqua l’émissaire
au bout d’un moment.
    Sous le regard attentif de Benno, il scruta le sol à l’endroit
indiqué. La rue s’était à présent animée. Des gens passaient. Un gamin voulut
aider à chercher l’objet perdu et, telle une grenouille affairée, tournicota à
croupetons pendant que l’homme massif poursuivait ses recherches. Devant une
telle ardeur, une main ébouriffa la tignasse infestée de poux du gamin et lui
remit une pièce. Puis l’émissaire s’éloigna à grands pas, Benno trottinant sur
ses talons. Ils gravirent les rues pentues conduisant au palais, dont les
sombres murailles dominaient la ville comme des falaises. La qualité des habits
de l’émissaire lui valut d’être importuné par divers vendeurs et marchandes lui
proposant du pain, de l’eau, des olives, du vin, de la vaisselle, des couteaux,
du tissu, du galon, des bijoux, des épices, des confiseries, parfois leur
corps. Lorsque les deux hommes parvinrent à la longue rampe inclinée longeant
le rempart du château jusqu’à la grille, et que Benno, à sa vue, s’immobilisa
en un instant de compréhensible découragement, l’émissaire fit halte à son
tour.
    — Qu’as-tu l’intention de faire du chien ?
    Benno inclina la tête de côté.
    — Je pourrais l’enterrer dans un endroit agréable. Sous
un rosier. Elle appréciera.
    L’émissaire fredonna. Cela pouvait passer pour une approbation.
    Ils s’engagèrent sur la rampe.
    Le duc était dans sa chapelle où, tout en assistant à la
messe, il dictait à son secrétaire et étudiait un plan d’architecte tenu par un
page. Il tourna la tête au moment où la haute silhouette en noir de Sigismondo
écarta le rideau de
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