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Mort d'une duchesse

Mort d'une duchesse

Titel: Mort d'une duchesse
Autoren: Elisabeth Eyre
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tissu coloré.
    — Des brigands ? C’est lui le brigand !
En voici la preuve ! Ma fille, déjà privée de mère, est entre ses mains. Qu’il
veille à sa sécurité ! Le duc doit ordonner qu’elle me soit rendue !
    — Excusez-moi, messire.
    Tendant une main brune et puissante, l’émissaire s’empara du
tissu rouge et jaune, et le glissa dans son pourpoint.
    — Comme vous dites, ceci est une pièce probante. À présent,
ajouta-t-il en s’inclinant, puis-je voir la porte qu’on a trouvée ouverte ?
    Il la vit, après avoir étudié de près le mur de l’escalier
qui y descendait (une fresque à demi effacée par la graisse au fil des années),
ainsi que le clou où s’était accroché le tissu. Il vit même la rue devant la
porte, une ruelle étroite et obscure, déserte à part un vieil homme s’éloignant
avec une lenteur précautionneuse dans la boue creusée d’ornières, un roquet lui
tourmentant les talons. L’émissaire examina avec intérêt le tas de crottin de
cheval entassé près de la porte, et écouta avec attention l’information,
répétée avec insistance par plusieurs voix, selon laquelle les vidanges étaient
emportées chaque semaine dans la ferme que possédait le maître à la campagne,
par une charrette à purin qu’on laissait la veille dans la ruelle et qui
partait le lendemain, comme ce matin-là précisément. Des employés de la ferme
amenaient la charrette vide, attelaient le cheval à celle qui était pleine et l’emmenaient.
    La charrette vide, informa-t-on l’émissaire, et cela prouverait
la véracité de leurs dires, se trouvait dans la cour de la cuisine, au coin de
la rue. On l’y avait amenée dès l’instant où la maisonnée s’était éveillée,
ainsi que le voulait le maître, ajoutèrent-ils en hochant la tête avec zèle
lorsqu’ils découvrirent la présence de Jacopo parmi eux.
    Voyant que l’observation du crottin de cheval n’avait pas
suffi à l’émissaire du duc et qu’il s’éloignait à présent dans la ruelle en
direction du coin de la rue et des grilles de la cour, Jacopo écarta les
serviteurs à la manière de Moïse fendant la mer Rouge, et, abandonnant le
crottin à son sort, remonta vivement la ruelle en retroussant ses jupes de
velours.
    — Vous pensez qu’ils sont partis par-là ?
    — Nous devons examiner toutes les possibilités, messire.
Le duc a bien insisté.
    La bouche de Jacopo, qui s’était peut-être ouverte pour
protester, se referma d’un coup. Il régla son pas sur celui de l’émissaire. Un
chat, qui se délectait de quelque déchet trouvé dans la poussière, leva la tête,
traversa la ruelle d’un bond et disparut sous un porche d’où provenait un bruit
de pots entrechoqués mêlé à des miaulements.
    Tournant le coin, ils arrivèrent devant les hautes grilles
de la cour de la cuisine, grandes ouvertes sous la voûte en brique ménagée dans
le mur, où un trio d’hommes robustes déchargeaient des jarres d’huile d’une
charrette à bras. Un petit homme à l’air hébété, qui n’était pas en livrée mais
pour ainsi dire drapé dans sa crasse, regardait la scène tout en caressant un
petit chien blanc qu’il tenait dans ses bras. Jacopo accéléra son allure et s’approcha
en pointant le doigt sur lui.
    — Où l’as-tu trouvé ? Où ?
    L’homme leva la tête d’un air d’innocente surprise, bouche
ouverte, mâchoire pendante, avec l’aisance d’une longue pratique. Paille et
poussière se mêlaient à sa barbe noire.
    — C’est l’chien de ma maîtresse. Biondello.
    — Je sais. Où l’as-tu trouvé ?
    L’émissaire, qui se tenait à présent à côté de Jacopo, tendit
un doigt pour gratter le crâne du chien, puis le retira, hochant la tête comme
s’il venait de recueillir un précieux témoignage.
    —  Où l’as-tu trouvé ?
    Jacopo avait hurlé comme s’il s’adressait à une grande foule
dans une arène et, à l’exception du petit homme et de l’émissaire, tous
sursautèrent. Le petit homme ne sursauta pas car Jacopo le secouait avec énergie.
    — Au pied du mur, là-dehors, répondit-il en indiquant
la rue d’un hochement de tête.
    Il ne parut pas le moins du monde contrarié d’être ainsi
secoué. Peut-être appréciait-il cette stimulation.
    Celui qui demeura ébahi et muet, ce fut Jacopo.
    — Ainsi, le chien a bien aboyé, déclara l’émissaire.
    Le benêt avait de grands yeux ronds. Il les leva vers le
robuste homme en
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