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L'expédition

L'expédition

Titel: L'expédition
Autoren: Henri Gougaud
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d’Olonzac, dit Arnaud Courtes-Pattes, qui avait autrefois combattu en leur compagnie aux remparts de Jérusalem. Le bonhomme leur ouvrit les bras, aussi réjoui de les voir que s’ils revenaient de patrouille périlleuse.
    — Seigneur Dieu, leur dit-il, la mine émerveillée, enfin vous voilà sages ! J’avais souci de vous.
    Il dégaina son épée et piquant de droite et de gauche il fit place devant eux en criant à la houle populeuse que ces hommes étaient ses amis et qu’il fendrait en deux quiconque toucherait un cheveu de leur tête. Ils allèrent ainsi jusqu’au camp du sénéchal des Arcis que l’on avait prévenu de cette visite depuis longtemps espérée et qui les attendait avec l’évêque de Narbonne accouru près de lui en si grande hâte qu’il en avait oublié sa crosse et s’impatientait de ne pas voir revenir le moinillon parti la chercher dans sa chapelle de toile.
    Des Arcis fit effort pour paraître courtois. Il eut grand mal. D’âme autant que de corps c’était un homme raide, et la balafre bleue qui traversait sa joue de la tempe à la lèvre le disgraciait si méchamment qu’il ne pouvait parler que d’un côté de bouche et sourire d’un œil. Monseigneur Pierre Amiel, sa crosse enfin saisie d’un brusque coup de patte, fronça le front devant Jourdain, et se voulant planté en noblesse sévère fit une moue de vigneron dubitatif. Il parut un instant chercher un mot piquant à lui dire, mais il renonça et rejoignit le sénéchal qui ouvrait à ses visiteurs le rideau de sa tente. Tous quatre s’assirent sur des tabourets bas. Pierre resta muet, bouillant dans ses dedans, la face haute et rouge, la pelisse empoignée sur ses cuisses puissantes.
    On leur servit à boire dans des bols argentés.
    — Il faudra nous livrer vos prêcheurs d’hérésie et leur lot de fidèles, dit l’évêque.
    Pierre l’examina, les yeux à demi clos, sourit férocement, et tenant mal sa haine en bride :
    — S’il en est qui renient ?
    — Ils auront la vie sauve, répondit Des Arcis, un bord de face aimable et l’autre grimaçant. Vous-même et vos sergents pourrez quitter librement le château.
    Il resta un moment à l’affût des visages puis, s’efforçant encore à la douceur benoîte :
    — Je suis un homme de parole, monseigneur. Et que diable ! autant le dire, je ne déteste pas les loups de votre sorte.
    Pierre laissa aller un long ricanement dans le silence froid qui vint après ces mots. Jourdain, le voyant au bord de l’esclandre, demanda au sénéchal si cet arrangement était de son seul fait. L’évêque le premier s’empressa de lui répondre aigrement qu’il devrait sa vie et celle de ses compagnons, s’ils n’étaient pas assez sots pour la risquer encore, à maître Sicard Lalleman son cousin et à ce sodomite de Jacques d’Alfaro qui avaient ensemble poussé le comte de Toulouse à intervenir en leur faveur auprès de monseigneur des Arcis. Il ajouta en serrant les poings sur sa crosse à s’en blanchir les jointures que lui-même n’aurait pas eu pareille indulgence s’il avait disposé d’une once de pouvoir. Le sénéchal l’apaisa d’un geste et tout à coup s’enquit, faussement innocent, des vivres qui restaient dans les réserves du château. Pierre le regarda de son haut, puis, la mine moqueuse :
    — Êtes-vous si pressé de retourner chez vous ?
    — Votre pays est rude et ce travail pesant, dit Hugues des Arcis, mais je le conduirai proprement à son terme. Je souhaite peu de morts entre nous, monseigneur.
    — Vous en ferez beaucoup.
    — Je parle de nos gens, point de vos hérétiques, dont je ne suis pas maître, et vous non plus. Nous qui ne sommes pas du ciel ni de l’enfer, pensons tout humblement que nous aurons un jour à vivre en bons voisins.
    — Si Dieu veut, grogna Pierre.
    Il se leva, sortit. Les autres le suivirent. Arnaud d’Olonzac qui les attendait devant la tente vint aussitôt lui demander s’il était content de l’entrevue. Il se vit brutalement repoussé. Il n’en fut point fâché, au contraire. Il partit d’un rire éclatant, prit l’alentour à témoin de la vigueur de ces poings qui l’avaient jeté hors du chemin et salua à grands cris ses deux compagnons de Terre sainte qui déjà s’éloignaient dans la foule fendue par leur chevauchée vive.
     
    Le soir venu dans la salle basse du donjon devant Bernard Marti et deux autres parfaits attentifs et jeunots comme des écuyers, Pierre et
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